SS Hell Camp

Un texte signé André Quintaine

- 1975 - Paolo Solvay
Titres alternatifs : La Bestia in Calore
Interprètes : Macha Magall, John Braun, Kim Gatti

L’histoire de LA BESTIA EN CALOR se déroule durant la seconde Guerre Mondiale, bien sûr, et encore plus logiquement et plus précisément, dans un camp d’expérimentation. C’est une femme, le Dr. Krash, qui commande ce camp à sa guise, tout en se concentrant principalement sur ses expériences. Pendant ce temps, des résistants italiens organisent la rébellion.

Bien plus que le CAMP 119 de Bruno Mattei, ce BESTIA EN CALOR est sans aucun doute le film le plus glauque du genre. La définition du genre peut déjà choquer pas mal de gens, mais ce n’est rien comparé au contenu de ce film. La première scène met directement dans le bain en reprenant l’une des scènes-choc de SALON KITTY où l’on juge le niveau de soumission au régime en faisant copuler des femmes avec des hommes difformes. Paolo Solvay n’est certes pas capable de choquer par la suggestion et il fait directement dans le brutal, l’obscène et le vulgaire. Un “ homme-singe ”, dans une cage se voit offrir par le Dr. Krash une pauvre détenue en guise de compensation sexuelle. L’hommesinge saute sur la fille et la viole dans une scène des plus vulgaires et perverses. La fille ne fait que crier de terreur pendant que la chose qui se penche sur son cas émet des grognements sinistres. Il ne comprend même pas qu’il la tue à force de la balancer contre les barreaux de sa cage, ce qui ne le gêne pas outre mesure puisqu’il continue de la violer même après que la pauvre fille soit morte. La chair fraîche est étalée en nu intégral, autant les hommes que les femmes. On assiste aussi à une scène de razzia dans la communauté juive. On y voit, entre autre, une vieille femme tenter de sauver la vie de sa jeune fille. Toutes les deux seront exécutées avec en plus, un bébé que les nazis jettent en l’air… Pull ! Une scène sadique, réminiscence de celle de LA LISTE DE SCHINDLER, mais je ne pense pas que LA BESTIA EN CALOR ait été une référence pour Spielberg ! La violence dans LA BESTIA EN CALOR n’est jamais gore mais toujours glauque. Paolo Solvay y cherche à chaque fois l’extrême. Les viols sont nombreux, collectifs. Des jeunes filles sont violées sous les yeux de leurs parents, par exemple. Les nazis ne font pas de prisonnier, et, pour rester dans le ton du film, ils tuent toujours avec un souci de sadisme rarement égalé. On n’hésite pas, par exemple à tirer un coup de pistolet entre les jambes d’une malheureuse. Le Dr. Krash aime les femmes comme les hommes. Elle viole des mâles pendant qu’ils sont torturés par ses hommes de main.Puis vient l’émasculation. Les rats dévorent de l’intérieur le ventre d’une malheureuse, l’homme-singe arrache les poils pubiens d’une autre avant de s’en repaître… Tout ceci plaît naturellement beaucoup au Dr. Krash et à son amie, la première ayant la main sous sa jupe pendant que l’autre lui fait les yeux doux. Pas de gore puisque tout se déroule hors-champ ici, mais c’est l’intention qui compte.

A force d’accumuler les horreurs avec une véritable volonté de faire pire à chaque fois. Il est clair, même si l’on ne peut flatter une telle œuvre, que Paolo Solvay a réussi à faire un film à part. Il faut le voir ne serait ce que pour son obstination à vouloir en faire toujours plus dans l’inhumain. Paolo Solvay, en voulant ainsi montrer les cruautés qui ont eu lieu durant la seconde Guerre Mondiale n’est certainement pas loin de la vérité. Mais cela ne pardonne pas le fait que le réalisateur cherche surtout à flatter les bas instincts du public. Il ne s’agit en aucun cas d’un film d’auteur façon MEN BEHIND THE SUN. D’habitude, dans les films du genre, deux ou trois coups de fouet suffisent pour la violence, et servent surtout à dénuder de jolies jeunes filles. La nudité, l’érotisme n’est nullement ce que cherche Paolo Solvay. Le sexe lui permet de souligner plus encore les effets de violence. Et chacun sait que violence + sexe = malsain. La recette est facile et Solvay l’applique à la base, ce qui donne un film gratuit. Malgré tout, Solvay, un peu honteux sur la fin, se repent à la dernière minute de ce qu’il a osé commettre : il tente de faire passer un message par une critique sur l’homme et sa propension à agir de manière inhumaine dès qu’il a le pouvoir.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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