Star of David : Beautiful Girl Hunter

Un texte signé Philippe Delvaux

Japon - 1979 - Norifumi Suzuki
Titres alternatifs : Dabide no hoshi: Bishôjo-gari, Exzesse im Folterkeller, Star of David: Beauty Hunting, Star of David: Hunting for Beautiful Girls
Interprètes : Yuka Asagiri, Yûko Asuka, Shun Domon, Hiromi Namino, Hiroshi Nawa, Asami Ogawa, Rei Okamoto

Tatsuya est l’héritier d’une riche famille qui vit à l’européenne. Cependant, il est le fruit du viol de sa mère par un voyou, viol effectué sous les yeux du mari qui a ensuite reporté son ressenti sur ce rejeton non voulu mais aussi sur sa femme qu’il martyrise et humilie. Tatsuya devenu adulte s’enfonce à son tour dans le vice et enlève de jeunes femmes pour les violer, les humilier et les tuer.

Norifumi Suzuki a débuté et fait carrière essentiellement à la Toei. On lui doit pourtant une incursion auprès de la prestigieuse Nikkatsu pour un « Roman porno » des plus déviants. Rappelons qu’en 1977, le genre Roman porno est en vogue depuis déjà plusieurs années. Aux œuvres des premiers temps, se contentant d’ériger en spectacle la relation sexuelle, se substituent dans la seconde moitié des années ’70 une série de films corsant ces relations afin de pallier à une progressive lassitude du public. Le succès de RAPE (OKASU !, Yasuharu Hasebe, 1976) lance ainsi toute une série de films de viols, dans lequel va s’inscrire STAR OF DAVID, vague qui se poursuit quelques temps jusqu’à, semble-t-il, une remise en cause par la censure.

STAR OF DAVID est un film absolument amoral. Il donne en spectacle le vice de Tatsuya, un homme soumis à des désirs sadiques dont on ne sait s’ils sont atavisme ou fruit de la figure du père adoptif.

On retrouve l’obsession de Suzuki pour l’association de l’imagerie catholique à la débauche. L’auteur du COUVENT DE LA BETE SACREE a truffé d’autres de ses films de prêtres ou nonnes perverses : GIRL BOSS GUERILLA, SEX AND FURY… Médaillons, vitraux, les signes religieux investissent les décors ou costumes. Le titre réfère d’ailleurs à un psaume référant à une conception dans le pêché de la mère.

Pour le reste, on retrouve les motifs du meurtre du père et de l’amour oedipien de la mère, quand Tatsuya compare sa fiancée Yumiko à sa mère. Yumiko ayant elle-même une relation incestueuse avec son père.

Il semblerait que STAR OF DAVID passe pour un démarquage trash de L’OBSEDE (THE COLLECTOR, 1965, William Wyler).

A deux reprises, les protagonistes font explicitement référence à HISTOIRE D’O, mais le masochisme consenti par O n’a que peu de rapports avec les sévices subis par les victimes de Tatsuya. L’adaptation filmée par Just Jaecquin de HISTOIRE D’O est sortie en salle dès 1976 au Japon, où elle a pu trouver écho dans une culture faisant place au ligotage (l’art du Shibari) et développant des films de torture depuis plusieurs années (ne citons que la série des FEMMES CRIMINELLES de Teruo Ishii). D’ailleurs, c’est au japonais Terayama que sera confiée la mise en scène des FRUITS DE LA PASSION, la suite d’Histoire d’O. Mais, moins que l’œuvre de Pauline Réage, c’est plutôt du côté du Marquis de Sade qu’il faut chercher ici des références : la domination du faible par le fort, le triomphe du désir sur la morale.

Le contexte culturel est d’ailleurs occidental. Tatsuya baigne dans une culture familiale anglo-saxonne : il vit dans un manoir bourgeois, s’habille à l’occidentale, écoute le répertoire classique… très peu de trace de culture japonaise dans son personnage.

De manière plus directe, le scénario serait une adaptation d’un manga pour adulte de Masaaki Soto.

Comme parfois dans le cinéma bis, le film se permet des incursions dans le mauvais goût le plus absolu avec des références au nazisme et à la bombe atomique. Il est vrai que l’époque se libère des tabous en la matière avec les nazisploitations.

Le film a été présenté en 35 mm dans le cadre du festival Offscreen 2010, dans une copie de très belle qualité, issue des archive de la Nikkatsu. Il faisait partie d’un focus sur le Violent pink japonais, aux côtés, notamment d’autres œuvres de Norifumi Suzuki comme SEX AND FURY ou GIRL BOSS GUERILLA.

STAR OF DAVID ne déroge pas aux règles du cinéma érotique japonais : aucun plan sur les sexes. L’autre caractéristique japonaise est de mise : un très grand soin apporté à la réalisation, au scénario, au jeu… Tous éléments qui placent STAR OF DAVID au rang des films à conseiller aux amateurs de cinéma érotique de grande volée.

Cliquez ici pour lire l’article sur Sex and fury

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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare

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