Stop the Bitch Campaign: Hell Version

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Japon - 2004 - Kosuke Suzuki
Titres alternatifs : Enjo-kôsai bokumetsu undô: jigoku-hen
Interprètes : Hiroko Andô, Minami Aoyama, Kenichi Endo, Yasuhito Hida

Trois ans après STOP THE BITCH CAMPAIGN, le réalisateur Kousouke Suzuki revient avec cette séquelle complètement débile…Il ne s’agit pas d’une appréciation subjective mais simplement d’une volonté délibérée de livrer un film “différent”. On ne sait d’ailleurs trop que penser du métrage: vaste fumisterie sans intérêt et racoleuse ou œuvre artistique véritable? La question reste posée dans cet exemple de V-Cinéma typiquement nippon dans ses excès.
L’intrigue concerne un cinglé violeur, lui-même, abusé dans sa jeunesse à l’aide de légumes géants. Des années plus tard il revient se venger sur une bande d’écolières prostituées, leur enfonçant concombre, radis, carottes, tomates, bananes et autres aubergines dans tous les orifices. Mais une demoiselle nommée Aoi, elle aussi violée par ce pervers, est décidée à stopper ces exactions végétales et cette croisade purificatrice.
STOP THE BITCH CAMPAIGN 2 s’apparente à un délire improvisé entre copains en mélangeant quelques éléments susceptibles de contenter un public très ciblé. Le film utilise donc un humour très gras, un peu de violence et pas mal d’érotisme déviant (uniquement suggéré d’ailleurs même si on trouve une certaine dose de nudité) pour concocter un ensemble pas vraiment convaincant mais à coup sûr original.
Kenichi Endou incarne le pervers Kuni (ça ne s’invente pas!) et accomplit un grand numéro de délire en roue libre qui donne au métrage l’essentiel de son intérêt mais le tout n’est quand même pas très motivant tant le cinéaste hésite sur la direction à prendre. Dans sa seconde moitié, le métrage verse un peu plus ouvertement dans la parodie assumée alors que le violeur se déguise de façon complètement grotesque pour commettre ses méfaits dans une sorte de maison maudite. Si STOP THE BITCH CAMPAIGN est assez indigeste, quelques scènes sont cependant amusantes. Ainsi notre pervers accueille l’héroïne dans une maison où elle découvre les mots “tu es la suivantes” écrits à l’aide de fruits disposés sur un lit. On devine l’usage qu’il compte faire de toutes ces emplettes. La galerie de tarés qui sert de personnages au film est, elle aussi, assez réjouissante: nymphettes prostituées, pervers en chaleur, clients détraqués,…Le cinéaste ne recule devant aucune énormité et ose les scènes les plus improbables. Il filme ainsi son violeur en train de danser pendant deux minutes avant qu’une fille ne s’écrie “je commence vraiment à m’emmerder”. Une impression partagée par le public, bien sur, d’où un clin d’œil distancié. Dans le final notre belle héroïne se déshabille intégralement à la satisfaction générale avant de se retrouver fringuée à la Sailor Moon. Elle entame alors un combat au ralenti avec le méchant qui, vêtu de manière délirante, se met à chanter “l’amour et le sperme sauveront le monde”.
Bref, STOP THE BITCH CAMPAIGN 2 constitue un spectacle déjanté mais qui n’est jamais aussi drôle qu’on pouvait l’espérer. Ce mélange de sexe et d’outrances aspirait sans doute au statut d’œuvre culte mais reste sans doute trop sage pour prétendre y parvenir. Le cinéaste tente aussi de jouer sur plusieurs tableau en proposant du sexe en pagaille tout en se moquant de ses personnages obsédés et donc, forcément, des spectateurs qui, eux aussi, en demandent davantage! Mais cette mise en abyme n’est pas poussée très loin et ne fonctionne qu’en partie.
D’une durée d’à peine 56 minutes, STOP THE BITCH CAMPAIGN 2 se laisse néanmoins regarder d’un œil distrait et ne souffre pas trop de longueurs et de son amateurisme revendiqué. Ce type de film complètement tordu (là encore simple constatation et non pas jugement moral!) se destine manifestement à un public restreint qui saura l’apprécier à sa juste valeur. Les autres s’abstiendront sans doute en se disant que, dans un genre très proche, les EXORCISTERS étaient nettement plus drôles!


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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