Un texte signé Sophie Schweitzer

BIFFF 2015review

Stung

Paul travaille pour Julia, patronne d’une entreprise de prestations de traiteur. Il s’inquiète de la présence de guêpes lui semblant relativement monstrueuses. La garden-party qu’ils sont supposés assurer pourrait bien être compromise par ces bestioles particulièrement agressives. Mais personne ne semble s’en préoccuper, Julia, sa jolie patronne est trop nerveuse pour cela tandis que Sidney, le client, n’a qu’une idée en tête : déguster une bière tranquillement, loin des yeux de sa vieille mère. Malheureusement pour eux, les inquiétudes de Paul vont se révéler fondées quand une nuée de guêpes géantes s’abattra sur la petite sauterie, ruinant les efforts de Julia pour maintenir sa boîte hors de l’eau.

Plutôt habitué des effets spéciaux, avec STUNG, Benni Diez passe pour la première fois derrière la caméra. Soutenu par la boîte de production XYZ films (TUSK, THE RAID, KILLERS), STUNG nous offre des effets spéciaux d’une incroyable plastique créant un véritable cauchemar hypnotique. Le casting se révèle plutôt étonnant. On y retrouve Lance Henriksen (TERMINATOR, ALIENS), Clifton Collins Jr (PACIFIC RIM), Matt O’Leary (MOTHER DAY) et Jessica Cook (AWKWARD). Sur son flyer, le film promet au spectateur d’être dans la veine de BAD TASTE… On peut dire qu’on sent l’inspiration !

Reprenant les codes du cinéma animalier dans lequel de grosses bébêtes hargneuses et mutantes s’abattent sur de malheureux humain, STUNG n’apporte pas de grande originalité de ce côté-là. L’apparition des guêpes, aux dimensions de plus en plus extravagantes, est progressive, l’action est donc menée crescendo. Quant aux héros, il y en a pour tous les goûts, on a par exemple le jeune homme d’action au caractère enfantin et la fille nerveuse qui s’avère après coup être plus badasse qu’elle en avait l’air. En réalité, nous avons droit à une série de portraits plutôt comiques entre deux scènes d’action hystérique. Entre le personnage bizarroïde devenant de plus en plus inquiétant, le maire de la ville passant son temps à picoler, la vieille bique martyrisant son fils et la boniche hispanique ressassant ses histoires, les clichés sont nombreux… et excessivement exagérés, devenant une sorte de palette dont le réalisateur se sert pour tisser sa toile dans une inspiration très BRAINDEAD.

Le réalisateur sait bien qu’il a affaire à un public averti. Celui-ci connaît assez bien les codes en vigueur pour savoir que si la musique s’arrête et qu’un bourdonnement se fait entendre, a priori, il va se passer quelque chose d’horrible dans le plan suivant. Et par conséquent, le bonhomme en joue. Par exemple, l’attaque de l’essaim est assez dantesque ! Et pourtant, on s’arrête sur des personnages qui, au lieu de paniquer, se mettent à regarder autour d’eux d’un air stupide ou bien d’un œil curieux et amusé… À un autre moment, une tension naît, puis est brisée par l’arrivée du chien… Sauf que la menace vient du chien lui-même, infesté par une guêpe ! Eh oui, ces bestioles pondent à l’intérieur des gens, qui couvent alors en leur sein une énorme guêpe. Et la guêpe, parfois, garde un bout d’eux, comme le visage par exemple (oh, juste la peau hein !?) rendant ces créatures assez ignobles et drôles en même temps.

On découvre vite les inspirations de Benni Diez. D’une part, il y a ALIEN, les gens devenant les hôtes de bestioles tueuses avec une reine adoptant un comportement pour le moins étrange envers le héros. Mais il y a aussi, et surtout, du Peter Jackson période BRAINDEAD. Évidemment, c’est à travers la mère que le lien se fait. Comme dans BRAINDEAD, la mère infectée, et devenue la reine-matrice des guêpes mutantes, se transforme à la fin en une créature cauchemardesque. Les références sont si nombreuses qu’il serait difficile d’en faire la liste et gâcherait sans doute le plaisir de les découvrir. Bien sûr, STUNG ne se résume pas non plus à ses références.

Au-delà de l’humour nettement présent, pas à se plier en deux mais néanmoins efficace, il y a aussi et surtout un film d’action qui fonctionne. Certes, les scènes proposées suivent le schéma habituel. Cependant, les personnages sont loin d’être stupides. Passé le choc initial, ils adoptent un comportement de survivants en s’écartant des clichés du genre. Ainsi, la seule et unique fille de la bande des survivants s’avère en fin de compte être celle qui en a le plus dans le ventre. En ce qui concerne le héros, même courageux, il reste un grand enfant puisqu’il se montre capable de s’arrêter en plein milieu de l’action pour boulotter des saucisses cocktails ou encore pour se plaindre du travail excessif qu’il subit.

Le seul reproche qu’on pourrait faire au film, c’est un manque de gore. Là où BRAINDEAD était brillant, c’était dans l’étalage de scènes gores à souhait et produisant par là même un effet « grand-guignol » aussi burlesque que jouissif. Comme beaucoup de films de ce genre actuellement produits, STUNG n’échappe pas au côté propret qu’on trouve aujourd’hui dans les comédies horrifiques. Dommage, ça aurait été vraiment un plus. Sans être un grand film, il ne révolutionne rien, reprenant au final la formule d’un BRAINDEAD ou d’un SHAWN OF THE DEAD. Néanmoins, STUNG a le mérite d’être plutôt bien écrit, en plus d’être efficace et drôle. Les effets spéciaux sont particulièrement bien gérés et les décors soignés. Le réalisateur donne libre cours à sa folie et fait naître un monde cauchemardesque où des créatures gigantesques prennent le contrôle. Délirant, jouissif, c’est le genre de bon petit film particulièrement apprécié.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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