Sublime

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2007 - Tony Krantz
Interprètes : Thomas Cavanagh, Katherine Cunningham-Eves, Cas Anvar, Paget Brewster

Producteur de l’incontournable série télé 24 HEURES CHRONO et de la bien moins connue mais tout aussi fabuleuse THE PJ’S (un anime pour adulte avec la voix d’Eddie Murphy), Tony Kranz signe avec SUBLIME sa toute première réalisation. Deuxième film à sortir de l’écurie Raw Feed, une filiale de la Warner Bros spécialisée dans les films de genre à budgets modestes, après un REST STOP efficace et remarqué, SUBLIME est un thriller psychologique à l’ambiance paranoïaque.
Admis pour une simple coloscopie à l’hôpital Mount Abaddon, Georges Grieves, quadra sans histoire, est victime d’une erreur médicale qui l’affaiblit considérablement. Obligé de rester à l’hôpital pour une durée bien plus longue que prévu, il va petit à petit être le témoin d’évènements d’abord étranges puis de plus en plus effrayant qui vont curieusement trouver écho en ses peurs les plus profondes.
Si la jaquette du DVD est effectivement sublime, le reste du film l’est moins. SUBLIME n’est pas un film d’horreur ni une resucée du psycho-killer à l’hôpital façon TERREUR A L’HOPITAL CENTRAL. Non, il s’agit ici d’un drame psychologique au ton des plus sérieux. La trame du thriller en milieu (in)hospitalier n’est en effet qu’un prétexte à un film introspectif sur la « crise » de la quarantaine ou du moins sur les questions qu’il semble légitime de se poser quand vient l’heure du bilan de la moitié de sa vie.
En se prenant incroyablement au sérieux, la mise en scène, certes élégante, de Tony Krantz, achève d’éloigner le spectateur d’une histoire pas toujours facile à suivre. En effet, le script est rédigé en forme de puzzle (procédé qui n’est pas sans rappeler le raté mais sympathique PAST PERFECT de Graeme Clifford avec Scott Glenn) et s’avère à la fois difficile à suivre, inutilement compliqué et passablement cousu de fil blanc.
Rarement surprenante, l’histoire se déroule devant les yeux du spectateur d’une manière beaucoup trop évidente pour créer le moindre suspens. Renforcé par une symbolique assez mal gérée qui en révèle beaucoup trop et bien trop tôt, le scénario ne réserve plus de surprise et ce, une fois le premier tiers du film passé, éventant alors le twist final.
Certes, tout n’est pas ratage dans SUBLIME : d’un point de vue purement esthétique, le film est une réussite. Elégant et fluide, l’expérience visuelle procurée par SUBLIME est tout à fait agréable, tout comme les membres du casting, tous impeccable. Une mention spéciale à Thomas Cavanagh, habitué des sitcom, qui livre ici une autre palette de son talent. La plupart du temps seul à l’écran, il porte le film sur ses épaules et lui évite ainsi le naufrage total.
Au final, la plus grande faiblesse de SUBLIME est d’avoir voulu emballer un drame psychologique dans des habits de film d’horreur. Le réalisateur et le scénariste se sentent alors obligés d’introduire des éléments d’épouvante pure et notamment un boogeyman sous les traits d’un infirmier noir et inquiétant…mais totalement déplacé. En demeurant réaliste, le film aurait gagné en émotion pure alors que sous sa forme actuelle, il semble se chercher, tout comme son personnage principal cherche une issue à sa propre situation.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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