Sunset Edge

Un texte signé Sophie Schweitzer

Etats-Unis - 2016 - Daniel Peddle
Interprètes : Gilberto Padilla, Jacob Ingle, Haley McKnight

Un groupe d’adolescents se réunissent dans les vestiges d’un lotissement de mobile homes abandonnés et tombés en ruine. Entre skate, picole, absorption de produits chimiques fortement sucrés, ils passent la journée à filmer leurs exploits. C’est le récit de l’errance de nos jeunes gens au sein de la cité abandonnée, où on les suit dans l’exploration de ces maisons délaissées. Peu à peu, ils sentent une présence autour d’eux. Y aurait-il un résident encore là ? Quelle est cette silhouette qui apparaît et disparaît aux fenêtres ?

S’attardant à dépeindre l’univers d’une jeunesse désœuvrée SUNSET EDGE a l’esprit d’un film britannique pour l’aspect social qu’il traite, tout en s’approchant de l’univers de Gus Van Sant et de Larry Clark dans sa manière de filmer la jeunesse, et l’esprit vaporeux et rêveur de Terrence Malick par l’utilisation de caméras grand-angle, de mouvements de caméra et une manière de filmer les décors et la nature. Des pairs et références iconiques qui démontrent le talent de ce jeune cinéaste.

Le choix des lieux autant que des jeunes acteurs débutants voire non-acteurs révèle toute l’importance du naturel dans cette péloche. L’univers dépeint est celui de lieux abandonnés et laissés à la décrépitude. Les mobile homes sont des carcasses vides, qui évoquent un univers gothique très nord-américain où le soleil s’engouffre, et où la nature reprend ses droits. C’est un no-man’s land où la jeunesse désœuvrée est devenue seule maîtresse à bord. Les jeunes gens sont d’ailleurs d’incroyables acteurs, filmés dans leurs activités, leurs amitiés, leurs jeux aussi bien que dans leurs frayeurs, leurs agacements, leurs errements qui nous donnent à voir des instants de grâce.

De la poésie et de la magie s’échappent de ces images où il ne se passe rien ou presque. Le récit non-linéaire adopte la forme d’un rêve où se succèdent des séquences qui sont apparemment sans cohésion les unes avec les autres, mais que notre cerveau par un étrange effort réunit afin de raconter une histoire. Le procédé narratif est ici le même que celui d’un rêve. Brusquement, le film quitte nos chers désoeuvrés pour s’intéresser à un jeune métis vivant avec son grand-père. C’est là où le film quitte son côté Gus Van Sant pour devenir un peu plus Terrence Malick. Ce changement brutal à un moment où la peur commençait à se distiller apparaît, en premier lieu, frustrant, mais à la fin, comme le promettait le réalisateur, tout prend son sens, et la magie qui en transparaît nous récompense d’avoir été un peu secoué.

Film d’auteur et indépendant, il ne plaira peut-être pas à tous, mais s’il vous emporte, alors vous vivrez un moment de magie. Le cinéma de Daniel Peddle est fait de magie, est hypnotique et vous emporte dans un autre monde.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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