Un texte signé Clara Sebastiao

France - 1980 - Serge Korber
Titres alternatifs : Adieu, je t'aime
Interprètes : Brigitte Lahaie, Henri Czarniak, Michèle Perello, Pierre Danny, Anne Libert, Jean-Loup Philippe

retrospective

Ta gueule, je t’aime !

TA GUEULE, JE T’AIME ! de Serge Korber sorti en 1980, s’inscrit dans une tentative de retour au cinéma comique de la part de son réalisateur. Après avoir tourné UN IDIOT À PARIS écrit par Michel Audiard et produit par Jean-Michel Poiré, et après avoir côtoyé les plus grands de l’époque (Annie Girardot, Louis De Funès, Jean Rochefort …), Serge Korber se lance dans le cinéma pornographique sous le pseudonyme de John Thomas. Durant les années 70, il réalise une petite dizaine de films de genre. Le plus célèbre restant L’ESSAYEUSE (1975) qui est non seulement classé X, censuré, puis détruit, mais qui en plus condamne l’équipe à des amendes pour outrages aux bonnes mœurs. Cette courte période de débauche suffit à étouffer son succès naissant. C’est dans ce contexte douloureux qu’apparaît TA GUEULE, JE T’AIME ! (également connu sous le nom d’ADIEU, JE T’AIME).

Suite à un accident de voiture, Fanny et Marco sont recueillis dans la luxueuse demeure d’Henry, qui s’avère être un ancien camarade de Marco. Très rapidement, le couple se rend compte que toutes les personnes gravitant autour de cette maison, du livreur au prêtre en passant par la femme de ménage, sont complètement obsédées par le sexe.

Serge Korber a le mérite de savoir s’entourer, c’est donc en toute logique qu’il réuni une équipe à la hauteur du film. Avia Films est à la production (futur producteur de trois films de Jean Rollin), et côté casting on retrouve Henri Czarniak (L’AVENTURE, C’EST L’AVENTURE), Michèle Perello (LA ROSE ÉCORCHÉE, MORGANE ET SES NYMPHES), Pierre Danny (LA BONZESSE), Anne Libert (Q, JOURNAL INTIME D’UNE NYMPHOMANE), Jean-Loup Philippe (LE VIOL DU VAMPIRE, LE SEXE QUI PARLE), et enfin, pour clore cette longue liste d’acteurs tous plus rocambolesques les uns que les autres, Brigitte Lahaie apparaît dans le rôle d’Ingrid, une suédoise pseudo jeune fille au pair complètement nue, perchée sur des chaussures à talon, du début à la fin de l’œuvre.

TA GUEULE, JE T’AIME ! est à mi-chemin entre le théâtre de boulevard, la comédie paillarde et le vaudeville. Enchaînant les chassés croisés et les quiproquos, les personnages caricaturaux et grotesques ne cessent de faire l’étal de tous les procédés humoristiques possibles et imaginables : l’accent ultra typé de la suédoise blonde et écervelée, les dialogues absurdes et les répliques grivoises … Rien n’est laissé de côté. Ce joyeux carnaval laisse un sentiment d’improvisation totale, si un scénario fait partie de l’équation alors celui-ci c’est envolé, laissant place à une farandole de sketchs potaches. La photographie est, quant à elle, étrangement plus proche d’une production Alpha France que d’une comédie de l’époque. Les beaux paysages de la verte campagne et l’intérieur chaleureux de la maison d’Henry plongés dans un halo ouaté sont les témoins de la carrière d’un Korber se faisant appeler John Thomas.

Une heure et vingt minutes suffisent au spectateur pour le préparer à une bonne nuit de sommeil, ou pour le faire rire aux larmes. Les deux issues se présentent selon l’état d’esprit de celui qui regarde. L’œuvre est idéale pour passer un bon moment, en revanche elle ne présente rien de grandiose et laisse, pour ceux qui connaissent le réalisateur, un goût amer de déclin qui finira d’achever sa carrière.


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- Article rédigé par : Clara Sebastiao

- Ses films préférés : Mais ne nous délivrez pas du mal, Sayat Nova, Amer, Kissed, Naked Blood

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