Un texte signé Tom Flener

Inde - 1986 - Shyam Ramsay, Tulsi Ramsay
Interprètes : Arti Gupta, Hemant Birje, Puneet Issar …

retrospective

Tahkhana

Sur son lit de mort, le père de Raghuveer Singh lui lègue tout ce qu’il possède, mais décide de ne rien laisser à son fils aîné, Durjan, qui pratique la magie noire. Voulant se venger, Durjan enlève alors les deux filles de Raghuveer, Sapna et Aarti, pour les sacrifier à son dieu-démon. Lors d’une mission de sauvetage, Darjun est enfermé vivant dans le donjon. Aarti est sauvée, mais Sapna s’enfuit et n’est pas retrouvée. Raghuveer est mortellement blessé, et confie à son servant Mansingh la tâche d’élever ses enfants. Vingt ans plus tard, Aarti apprend que l’amulette qu’elle porte est une moitié d’un plan qui la mènera vers un trésor dans un donjon, et que sa sœur disparue a l’autre moitié. Shakaal, le neveu de Mansingh, est le premier à rencontrer Sapna après toutes ces années. Ignorant son identité, il veut la violer et la tue accidentellement. Reconnaissant l’amulette, il donne à Aarti et ses amis une copie, et essaie de trouver le trésor lui-même. Ils décident donc tous de retourner dans le manoir abandonné qui se trouve près du donjon, mais les chasseurs de trésor ne savent pas que Durjan s’est sacrifié jadis pour réveiller son dieu, qui rôde maintenant le donjon.
L’histoire de TAHKHANA est adaptée de PURANA MANDIR, un film des frères Ramsay de 1984. TAHKHANA se distingue d’autres œuvres de leur filmographie à plusieurs égards. Avec une durée inférieure à deux heures, c’est un film assez court, et qui bouge plus vite et avec une plus grande aisance que d’autres de leurs films. Une des raisons en est probablement que Shyam et Tulsi Ramsay ont décidé cette fois-ci d’abandonner la sous-intrigue comique qu’on aurait pu considérer presque obligatoire. Si on considère que même les numéros musicaux sont réduits à un minimum – dont l’un est une hallucination induite par du thé de chanvre, et s’intègre donc mieux dans l’intrigue principale – il y a dans TAHKHANA moins de distractions. Cette œuvre forme donc une entité plus harmonieuse et fonctionne mieux en tant que film d’horreur. L’absence de personnage comique pour agacer le public occidental signifie aussi qu’on se concentre plus sur les deux personnages principaux, Aarti et Vijay dans ce cas-ci. Il faut alors reconnaître qu’ils n’ont rien de vraiment excitant, et on est reconnaissant aux frères Ramsay d’avoir décidé de les entourer de personnages secondaires plus intéressants. Ainsi, on a Anand, le copain de Vijay, l’Oncle Ram et Heera, sa fille, ainsi que Panna, le petit ami de Heera, une sorte d’enfant naturel entre Tarzan et Rambo et un bougre à la force presque surnaturelle. On a aussi Zabardast, le cuisinier, ainsi que sa sœur Reena. Zabardast, comme le fait déjà présager son nom, est le plus proche des personnages comiques classiques des frères Ramsay. Il est la cible principale des cruautés de Shakaal, mais on peine à vraiment en rigoler. Plutôt, on a tendance à éprouver de la haine pour Shakaal, caricature exagérée d’un vilain, mais néanmoins assez humain pour être vraiment menaçant. L’acteur Imtiaz Khan est donc la vedette secrète de ce film, un homme qu’on adore haïr. Antipathique, il ne semble pas pouvoir contrôler ses envies, et il passe le film à menacer presque toutes les femmes qu’il rencontre de viol. Comme il a été responsable de la mort de Sapna, on n’est jamais sûr des bonnes intentions des frères Ramsay envers leurs personnages féminins.
En effet, TAHKHANA semble être plus noir que d’habitude. Si le monstre n’est pas plus effrayant que d’autres créatures des films des frères Ramsay – au moins pour un public occidental averti et conditionné – les frères réalisateurs nous déconcertent en tuant certains personnages qui normalement n’auraient pas trouvé la mort. Ceci rend de suite l’intrigue plus intéressante et envoûtante.
Finalement, il faut mentionner un combat final des plus exagérés, qui confronte le dieu-démon à toute une horde de villageois, et finalement à un Panna à la force herculéenne. On ne peut que sourire à la vue du plus grand pieu jamais filmé dans l’histoire du cinéma d’horreur, et la question se pose si les frères Ramsay étaient sérieux, ou s’ils ont voulu soulager l’intrigue plus noire que d’habitude qui précédait le final.
Toutes choses dites, TAHKHANA arrive, grâce à ses personnages intéressants et quelques surprises au niveau de l’intrigue, à faire oublier une histoire finalement assez conventionnelle, et avec sa longueur plutôt occidentale le film se laisse consommer agréablement.


Votre soif de lecture n'est pas rassasiée ?
Téléchargez les anciens numéros de Sueurs Froides


Inscrivez-vous à la liste de diffusion et accédez au
téléchargement des anciens numéros de Sueurs Froides :
- Une tranche d'histoire du fanzinat français
- 36 numéros de 1994 à 2010
- Près de 1800 films critiqués
Un index est disponible pour chercher un film ou un dossier
CLIQUEZ ICI.

- Article rédigé par : Tom Flener

- Ses films préférés :

Share via
Copy link