retrospective

Tarzan Et La Déesse Verte

Dès le début des années 30, le personnage de Tarzan bat son plein grâce à la MGM et l’icône Johnny Weissmuller qui, dès 1932, a donné un souffle nouveau au personnage avec TARZAN THE APE MAN. Il n’en fallait pas moins pour qu’une horde de producteurs courtisent Edgar Rice Burroughs afin de s’en approprier les droits cinématographiques. Et à ce petit jeu là, c’est Sol Lesser qui tirera son épingle du jeu dès 1933, date à laquelle il remportera le sacro-saint contrat…avant qu’Edgar Rice Burroughs se ravise pour mettre sur pied sa propre compagnie Burroughs-Tarzan Entreprises et tenter de concurrencer la MGM.

Pour ce faire, l’auteur va imaginer un serial, THE NEW ADVENTURES OF TARZAN en 12 chapitres avec le sculptural Herman Brix (alias Bruce Bennet) comme acteur principal.
En 1938, le film TARZAN AND THE GREEN GODESS reprendra la seconde partie de THE NEW ADVENTURES OF TARZAN en y intégrant quelques plans inédits.
La trame générale est assez simple : au Guatemala, la Déesse Verte est une idole vénérée par une tribu primitive qui renferme en son sein la formule secrète d’un super explosif. Le Major Martling et Ula Vale se rendent sur les lieux afin de récupérer la statue pour ne pas qu’elle tombe en de mauvaises mains (en l’occurrence celles de Hiram Powers un obscur avocat qui convoite l’idole). De son côté, Lord Greystoke (le Tarzan civilisé) se rend lui aussi au Guatemala à la recherche de son ami d’Arnot dont l’avion s’est écrasé en plein jungle. Après l’avoir retrouvé, il joindra ses forces à l’équipe du Major Martling pour récupérer la Déesse Verte.

TARZAN AND THE GREEN GODESS commence donc là où le premier volet de la série de THE NEW ADVENTURE OF TARZAN se termine, c’est à dire lorsque Tarzan et ses amis ont récupéré la statuette (vous suivez jusque là ?) et se sont décidés à la ramener en lieu sûr.
C’est alors que surgi Raglan, un mercenaire à la solde d’Hiram Powers qui dérobe la statue. S’en suivra donc une course poursuite à travers la jungle entre Raglan et ses sbires, Tarzan et ses amis ainsi que la tribu primitive adoratrice de la Déesse Verte.
Le parti pris assumé sera donc celui de l’action pure et dure qui verra le musculeux Bruce Bennet tirer son épingle du jeu grâce à un scénario cousu de fil blanc taillé à sa personne. Malgré une prestation assez moyenne, l’homme tirera aisément son épingle du jeu grâce à des scènes de combat plutôt bien ficelées (même si les doublages son sont quasi inexistants). De plus, la mise en équation de la course poursuite à la façon d’une triangulaire (les bons, les méchants, les primitifs) donnera une bonne dynamique à la construction du récit et permettra par là-même de mettre en en place une des trames “policières” notamment dans la recherche de Raglan (dans la jungle, les bars miteux…)
Ceci étant, le métrage va s’avérer être techniquement limité dans ses prises de vues et dans l’utilisation abusives de stock shots.
Et c’est d’autant plus dommage qu’Edward A. Kull avait réussi un joli coup en mettant en avant de jolis décors (notamment le temple, les scènes dans le bateau ou même dans les sombres troquets du Guatemala) mais à force de trop vouloir jouer sur tous les tableaux, notamment le côté “humoristique” pataud dès qu’intervient le gaffeur Georges (Lewis Sargent), le film se perd un peu dans ses propres oripeaux…

Au final, même si la Burroughs-Tarzan Entreprises a essayé de mettre en place un film sincère qui s’est efforcé de respecter l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs, TARZAN AND THE GREEN GODESS souffre de nombreuses erreurs techniques dans le montage et dans les invraisemblances (des rhinocéros, des lions et des girafes dans la jungle…du Guatemala !) et se trouve affublée d’une bande son très pauvre (les acteurs ont du se doubler eux-mêmes en post production) et dénuée de toute musique de fond. La dynamique du film en prendra un sérieux coup, notamment dans les scènes d’action…
Qui plus est, TARZAN AND THE GREEN GODESS n’est qu’une version remontée de la seconde partie de THE NEW ADVENTURE OF TARZAN et les nouvelles scènes rajoutées n’apportent rien de spécial à l’ensemble. Et malgré cette envie prégnante de bien faire, la pellicule d’Edward A. Kull est loin de concurrencer le “grand spectacle” de la MGM et précipitera par là-même, la fin de la compagnie Burroughs-Tarzan Entreprises.
Comme quoi, les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films…

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