Tarzan et la fontaine magique
Après le TARZAN ET LES SIRENES de 1948, le producteur Sol Lesser se trouve confronté au difficile problème de remplacer Johnny Weissmuller dans le rôle de Tarzan, qu’il avait campé à douze reprises au point de définir le personnage et de le figer, de manière quasi définitive, dans l’inconscient collectif. Après plus d’un milliers de prétendants auditionnés, Lesser jette son dévolu sur Lex Barker, lequel se retrouva en compagnie de Brenda Joyce qui incarnait Jane pour la cinquième et dernière fois. L’actrice, en effet, abandonna sa carrière après ce film alors qu’elle venait d’entrer dans la trentaine.
Classique, l’intrigue de TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE traite d’une tribu vivant dans une vallée secrète nichée au cœur de la jungle (la vallée bleue !) et ayant accès à l’eau miraculeuse d’une fontaine de jouvence. Une aviatrice y vit depuis trois décennies mais Tarzan décide de la ramener vers la civilisation afin qu’elle puisse témoigner durant un procès et ainsi obtenir la libération d’un homme injustement emprisonné. Bien sûr, des méchants mal intentionnés découvrent le secret de l’éternelle jeunesse et comprennent immédiatement la fortune qu’ils pourront en tirer. Ils essaient de convaincre Tarzan de les conduire vers la fontaine magique mais l’Homme Singe refuse.
TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE reproduit à l’envie les recettes élaborées par les précédents épisodes du Seigneur de la Jungle: civilisation disparue, querelle entre Tarzan et Jane, découverte merveilleuse (ici l’immortalité), méchants Blancs envahissant les contrées inexplorées de l’Afrique, etc. Le personnage de Boy ayant disparu de la saga depuis TARZAN ET LA CHASSERESSE (son interprète, Johnny Sheffield, étant devenu trop âgé pour continuer à jouer à l’enfant espiègle), le chimpanzé Cheeta assure, seul, le côté humoristique du métrage. Jouant avec du chewing-gum, aspergeant de poivre la nourriture ou transformé en bébé suite à l’ingestion accidentelle de l’eau miraculeuse, le petit singe amuse les (jeunes) spectateurs de ses pitreries, lesquelles permettent en outre d’atteindre la courte durée réglementaire (73 minutes).
En dépit de son classicisme, TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE, co-écrit par Curt Siodmak, embrasse plus ouvertement ses éléments fantastiques, proéminents dans les romans d’Edgar Rice Burrough mais généralement réduits, dans les adaptations cinématographiques, à la portion congrue. Apparemment inspirée d’HORIZONS PERDUS de Frank Capra, l’idée de cette vallée merveilleuse abritant la légendaire fontaine de jouvence permet donc quelques variations sur l’habituelle arrivée d’avides businessmen dans le petit paradis de Tarzan, loin de la civilisation et des méfaits de l’argent. Mais les péripéties attendues répondent, elles, à l’appel malgré le manque de budget flagrant alloué par la RKO. Les décors grandioses, les animaux exotiques et les scènes spectaculaires cèdent donc la place à un long-métrage nettement orienté vers la série B où manquent, incontestablement, l’un ou l’autre morceau de bravoure. Toutefois, aussi routinier qu’il soit, TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE demeure plaisant à suivre, sa courte durée lui assurant un rythme relativement soutenu qui devrait satisfaire les amateurs de récits d’aventures rétro. Agréable, sans plus ni moins.
