Tarzan Et Les Trappeurs

Un texte signé Vincent Trajan

USA - 1958 - Charles F. Haas, Sandy Howard
Titres alternatifs : Tarzan and the Trappers
Interprètes : Gordon Scott,Eve Brent,Rickie Sorensen,Leslie Bradley,Sol Gorss

A la fin des années 1950, la franchise Tarzan développée à grande échelle par la MGM vingt ans auparavant, commence à d’essouffler sérieusement au niveau des scenarii parfois plus qu’improbables les uns que les autres (TARZAN ET LA FONTAINE MAGIQUE, TARZAN ET LES SIRENES, TARZAN A ISTANBUL etc.). Et malgré toute sa bonne volonté, l’acteur Lex Barker n’arrivera pas, en l’espace de cinq petits films, à faire oublier l’icône Weissmuller qui a raccroché de son rôle de l’homme-singe en 1948 pour ne se consacrer qu’à celui de Jungle Jim (LE TRESOR DE LA FORET VIERGE, LA TRIBU PERDUE…).
C’est dans ce contexte là, que le sculptural Gordon Scott est enrôlé dès 1955 par le légendaire producteur Sol Lesser (qui a racheté à Edgar Rice Burroughs les droit d’exploitation cinéma de son œuvre en 1933) pour reprendre le rôle de Tarzan et tenter de redonner un second souffle à un personnage (et à une franchise) en perte de vitesse…

Après des TARZAN CHEZ LES SOUKOULOUS (1955) et TARZAN ET LE SAFARI PERDU (1957) en demi-teintes, Gordon Scott endosse pour la troisième fois le slip de bain de l’homme-singe en 1958 pour TARZAN ET LES TRAPPEURS. Le scénario est simple : dans un premier temps, Tarzan, Jane (Eve Brent) et Boy (Rickie Sorensen) ainsi que Cheeta, vont avoir à faire à des trappeurs venus chasser des animaux sur leurs terres… “Sur leurs terres”, car la famille est présentée ici comme la famille moderne/modèle américaine, transposée dans la jungle. Tarzan se comportera comme un bon père de famille auprès des siens (Jane est quant à elle réduite à faire la cuisine et éduquer Boy), puis comme une sorte de propriétaire foncier se chargeant de faire régner l’ordre et la justice sur les terres dans lesquelles il a élu domicile. On le retrouvera donc gérer des conflits au sein des tribus autochtones voisines, à la manière d’un seigneur du moyen-âge, exerçant ses droits sur ses vassaux. Une manière assez grossière de nous montrer que l’american way of life peut prendre racine n’importe où, même dans les contrées les plus sauvages…
Après une petite ronde sur ses terres, Tarzan va vite s’apercevoir que des braconniers maraudent sur son domaine et capturent/tuent des animaux au fil de leurs pérégrinations. Les brigands s’en prendront même à Cheetah, en prenant Boy en otage…

Très vite, le scénario de Frederik Schlick va atteindre ses limites, si bien que Tarzan va (trop) vite réussir à délivrer Boy et Cheeta ainsi que les animaux avant de mettre les braconniers en déroute et de les envoyer en prison… C’est un peu court !
C’est pourquoi TARZAN ET LES TRAPPEURS se verra affublé d’une seconde intrigue aussi maladroitement amenée que sympathiquement naïve : Sikes (Sol Gorss), le frère de Shroeder veut se venger de l’homme-singe, et par là-même lui arracher le secret de l’emplacement d’une cité perdue pour s’approprier son trésor légendaire (!) en kidnappant son ami, le sage Tyalan (Scatman Crothers)…
Certes, il est indéniable que ce “rebondissement” n’est que du pur remplissage, mais force est de constater que cette nouvelle trame scénaristique mise en branle avec des ficelles grosses comme des vérins de levage, amène énormément d’action dans un film mené tambour battant depuis son début. Et c’est d’ailleurs ça qui va faire toute la singularité de la réalisation : l’action. Mise au premier plan, elle va permettre à Charles F. Haas et Sandy Howard de capter l’attention du spectateur tout au long de la bobine et de gommer toutes les nombreuses imperfections du métrage (notamment dans la transition des scènes tournées en extérieur et en studio). Un coup bas s’il en est, mais une habile pirouette qui remportera un franc succès en salle en 1958, si bien que le film aurait du être exploité à la télévision pour une série de trois épisodes…

Au final, même si TARZAN ET LES TRAPPEURS ne brille pas par son scénario et une réalisation studio trop prégnante, le film de Charles F. Haas et Sandy Howard va cependant permettre à Gordon Scott de tirer son épingle du jeu et de resigner avec Sol Lesser pour deux autres films : LA PLUS GRANDE AVENTURE DE TARZAN en 1959 (avec un certain Sean Connery au générique) et TARZAN LE MAGNIFIQUE en 1960. Deux films salués par la critique comme des longs métrages phares de la franchise Tarzan…


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- Article rédigé par : Vincent Trajan

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