Tequila Molotov pour OSS 117

Un texte signé Patryck Ficini

Même si le grand public est largement guéri de l’espionnite des sixties, notamment aggravée par une Bondmania carabinée, il n’en reste pas moins que les agents secrets de fiction ont encore de beaux jours devant eux en 2015 à en juger par les dernières sorties cinéma (de nouveaux épisodes de 007 et MISSION IMPOSSIBLE, le retour inespéré des AGENTS TRES SPECIAUX) et les nombreuses rééditions d’un SAS pas encore tout à fait mort après le décès de son créateur – même s’il ne faut vraisemblablement plus en attendre des inédits.
Si le fameux Coplan de Paul Kenny semble bien enterré aujourd’hui, OSS 117, idole culte du genre en francophonie dans les années 50 et 60, est redevenu populaire auprès de la jeunesse actuelle sous les traits de Jean Dujardin et dans le cadre certes limité des irrésistibles parodies de Michel Hazanavicius. Evidemment entre ce personnage grotesque, caricature de beauf à la française, et le vrai Colonel Hubert Bonisseur de la Bath (au nom qui prête à la moquerie, sans doute), il y a un monde.
Ce monde, c’est celui qui fut créé par l’excellent Jean Bruce en 1949, quelques années avant James Bond lui-même. Un univers d’aventures, d’humour et d’action qui partageait bien des points communs avec celui de Ian Fleming. Les grand esprits se rencontrent parfois.
Quelle n’est pas notre joie de revoir ce OSS 117-là réapparaître aujourd’hui après une trop longue absence dans une nouvelle B.D signée Gihef et Pino Rinaldi (qui a notamment collaboré avec l’immense Max Bunker en Italie), TEQUILA MOLOTOV POUR OSS 117.
Si OSS 117 connut de nombreuses adaptations B.D dans les années 70 avec les célèbres Comics Pocket Artima, le projet prend ici une toute autre dimension. Gihef, le scénariste, propose une mission du Prince Pirate largement inspirée d’un honnête OSS 117 A MEXICO. Pour ce faire, il replonge OSS dans les années de guerre froide, conserve l’humour et la violence de Jean Bruce tout en faisant (presque) oublier les films avec Jean Dujardin.
Les dessins et les cadrages de Rinaldi décrivent l’action relativement soutenue avec une classe qui évoque les comics américains ; on pense par moments au James Bond de Moench et Gulacy (LA DENT DU SERPENT). L’intrigue est plutôt bonne, même si elle n’est assurément pas la plus énergique née de l’imagination des Bruce. On y retrouve une Russe sadique et nymphomane, un Russe jaloux et assassin et un catcheur mexicain masqué à la Santo. Ce dernier personnage n’était d’ailleurs pas, de mémoire et sauf erreur , dans le roman original de Bruce… tant mieux, car la B.D réserve ainsi des surprises aux fans comme aux novices !
TEQUILA MOLOTOV POUR OSS 117 est une B.D bien sympathique, emballée sous une superbe couverture ultra bondienne de Stéphane Perger. Cela fait depuis les adaptations d’André Hunebelle au cinéma que l’on n’avait pas retrouvé une nouvelle incarnation de OSS 117 digne de ce nom !
Deux scènes magistrales : un combat sur les toits avec le catcheur et la mort du méchant Russe qui nous montre un OSS impitoyable, véritable tueur de sang-froid ! Et pas seulement un joli cœur.
OSS 117 reviendra… En espérant que cette nouvelle version trouve suffisamment de succès pour pousser les enfants Bruce à reprendre la plume pour nous pondre de nouveaux romans comme ils le firent il y a maintenant 25 ans
Qui sait ?


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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