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Terminal Invasion

Le téléfilm fantastique américain semble être devenu un genre en soi, avec ses budgets rabougris, ses effets spéciaux à l’avenant et son recyclage éternel d’anciens premiers rôles hollywoodiens ou d’ex stars de séries. Malgré leurs défauts, ces films demeurent assez sympathiques pour l’amateur éclairé qui les préfère aux anges gardiens nains et sans ailes pour leur changer les idées le soir après le boulot. Avec leurs bestioles vindicatives et leurs rebondissements attendus, ces métrages se ressemblent souvent. Mais que se passe-t-il lorsqu’une quasi « légende » de l’horreur prend les rênes d’un tel projet ? Co-producteur prospère de la franchise VENDREDI 13, Sean S. Cunningham ne fait pas partie de ces personnalités qui veulent s’affranchir d’une pesante étiquette qui leur colle à la peau. Fort d’une filmographie d’à peine treize réalisations en presque quarante ans de carrière, Cunningham tourne peu et c’est donc toujours avec une certaine fébrilité que l’on appréhende ses nouveaux projets.
Le véhicule conduisant Jack, un prisonnier apparemment dangereux, vers une nouvelle prison, est pris dans un violent blizzard et fait une sortie de route. Obligés de se réfugier dans le bâtiment le plus proche, un aéroport de campagne, les policiers et leur passager sont attaqués par une créature d’apparence humaine. Aucun doute n’est permis : des extra-terrestres belliqueux préparent une invasion depuis cet aéroport dans lequel sont coincés une dizaine de personnes. Pour survivre, une seule solution : déterminer le plus vite possible qui est humain et qui ne l’est pas.
Démarquage sur quatre-vingt-dix minutes d’une seule séquence de THE THING de John Carpenter, TERMINAL INVASION, même s’il ne s’agit que d’une petite production télé, s’avère être une sacré déception. La première séquence est pourtant intéressante, le réalisateur parvenant, malgré des images de synthèses peu convaincantes, à distiller une véritable atmosphère propice au suspens. Après un accident de voiture réussit malgré le peu de plans avec lequel il est retranscrit, les choses se gâtent dans l’aéroport. Dès lors, dans ce décor unique aux relents de sitcom rances des années quatre-vingt, les personnages vont se poser des questions vaines dont tout le monde se fiche pendant plus d’une heure et quart. Sous une lumière insipide qui achève de rendre l’image encore plus plate que celle d’un film de vacances à la plage, Cunningham et ses scénaristes mettent en conflit des personnages trop stéréotypés (on s’en doutait : le personnage de Bruce Campbell n’est pas un vrai méchant) dans une situation à la Stephen King qui aurait pu déboucher sur une belle étude de caractères. Bien sûr, dans cette tempête de bavardages incessants portés par d’excellents comédiens qui permettent la plupart du temps d’éviter le naufrage (sans parler du génial Bruce Campbell qui n’a rien à faire pour être bon), surnagent quelques bonnes idées, comme par exemple les yeux des humains possédés qui se révulse pour révéler des cristaux roses, la séquence de la machine à rayons X ou encore un rebondissement vraiment inattendu qui remet en cause une certaine vision de la famille. Mais c’est malheureusement bien peu en regard des défauts du film qui s’accumulent plus le temps passe et culminent lors d’une poursuite molle à souhait dans les couloirs et faux-plafonds des lieux qui s’achève par la découverte physique des aliens, des masques en latex achetés un soir d’halloween et dont Bruce Campbell se moque avec génie au début de MY NAME IS BRUCE.

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