Un texte signé Clara Sebastiao

Etats-Unis - 1976 - Charles B. Pierce
Titres alternatifs : The Town That Dreaded Sundown
Interprètes : Ben Johnson, Andrew Prine, Dawn Wells

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Terreur sur la Ville

Réalisateur indépendant issu des vastes contrées de l’Arkansas, Charles Bryant Pierce met en scène la majorité de ses œuvres sur son territoire d’enfance et s’inspire grandement des légendes locales qui y sommeillent. Né en 1938 à Hammond, dans l’Indiana, il déménage rapidement à Hampton dans les Arcs.
Ce n’est qu’au milieu des années 60 que Pierce entre dans le monde de l’entertainment. Tour à tour directeur artistique pour la KTAL-TV, présentateur météo, animateur de programme pour enfants et publicitaire, il fait sa première incursion de l’autre côté de la caméra en interprétant le Maire Chuckle pour un programme télévisé local de Texarkana …

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Critique de Terreur sur la ville de Charles B. Pierce

C’est en 1972 qu’il réalise son premier long métrage en 16mm, THE LEGEND OF BOGGY CREEK. Ce faux-documentaire relate l’histoire du Fouke Monster, créature similaire à un Big Foot, repérée dans les environs de Miller County. Ce qui est considéré comme un petit film fauché rentre rapidement dans le top dix des projections les plus rentables de l’année, amassant pas moins de vingt millions de dollars et faisant le bonheur des amateurs de drive-in.
Bien loin de se cantonner au genre horrifique, Charles B. Pierce se tourne également vers le western avec WINTERHAWK (1975), THE WINDS OF AUTUMN (1976), GRAYEAGLE (1977), SACRED GROUND (1983), et HAWKEN’S BREED (1987). Il rencontre au début des années 80 Clint Eastwood, pour qui il écrira le quatrième volet de la saga DIRTY HARRY, SUDDEN IMPACT (1983). On le retrouve aussi sur le registre du drame familial et du film d’aventure sur ses deux dernières productions RENFROE’S CHRISTMAS (1997) et CHASING THE WIND (1998).

The Town That Dreaded Sundown (1976)

C’est en 1976 qu’il réalise son cinquième long-métrage, TERREUR SUR LA VILLE, aussi connu sous le nom de THE TOWN THAT DREADED SUNDOWN, autrement dit, la ville qui redoutait le coucher du soleil … Une fois n’est pas coutume, Pierce va trouver l’inspiration dans l’un des faits divers les plus sordides de son enfance.
1946, Texarkana, à cheval entre l’Arkansas et le Texas. La petite bourgade sans histoire s’apprête à devenir le théâtre de meurtres sanglants qui dureront du 22 février au 3 mai. Quatre mois de terreur s’emparent de la ville et sèment le chaos parmi les habitants. Quatre mois sous le joug de celui que l’on surnomme le Phantom Killer (le tueur fantôme), auteur des Texarkana Moonlight Murders (les meurtres de pleine lune de Texarkana). Affublé d’un sac en toile recouvrant son visage, et ne révélant que ses yeux par deux trous percés, ce fou du Texas s’attaque à de jeunes couples isolés dans leur voiture. Son modus operandi consiste en une apparition régulière, tous les vingt et un jours, armé d’un pistolet surmonté d’une lampe torche aveuglante. On dénombre pas moins de huit victimes, dont cinq décédées à la suite des violentes attaques.

The Town That Dreaded Sundown (1976)

Charles B. Pierce relate ces faits en insistant sur la manière dont l’investigation est menée. Bien que le film représente des scènes de meurtres explicites effroyables, et rejoint ainsi le genre horrifique, il prend essentiellement la forme d’enquête policière dans laquelle nous suivons le Captain J.D. Morales et le Deputy Norman Ramsey. L’atmosphère est ici très pesante, lourde, à mi chemin entre un soleil écrasant et une pluie battante à tout rompre. Les citoyens de Texarkana, bien que peu présents à l’écran, nous communiquent à merveille l’angoisse qu’ils éprouvent à la nuit tombée. Les policiers, quant à eux, sont plus que jamais démunis et débordés. Non pas par un rythme effréné, mais par une attente glaçante. Cette lenteur et cette pesanteur sont parfaitement maîtrisées, et accompagnées avec brio par la composition originale de Jaime Mendoza-Nava (ORGY OF THE DEAD, BOOTLEGGERS …).

On voit aisément que Pierce connaît son territoire sur le bout des doigts, et en maîtrise la temporalité si particulière. Il fait peser sur le spectateur les tourments de l’attente, de l’appréhension, de l’épouvante et de la frénésie grâce à un montage au rythme impeccable, des acteurs talentueux, et une ville omniprésente, personnage cauchemardesque témoin d’une horreur bien trop réelle …

THE TOWN THAT DREADED SUNDOWN (The 1976 Original Cult Classic) Trailer

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- Article rédigé par : Clara Sebastiao

- Ses films préférés : Mais ne nous délivrez pas du mal, Sayat Nova, Amer, Kissed, Naked Blood


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Une réflexion sur “Terreur sur la Ville

  • Sophie Schweitzer

    Excellent film, je l’ai visionné ce week end et totalement d’accord avec la chronique.
    J’ajouterais pour ceux voulant en savoir plus un lien vers un podcast américain qui s’attarde sur les suspects: https://podcastaddict.com/podcast/2537425
    Et l’information qu’un remake produit par Bloomhouse est en préparation.

Commentaires fermés.

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