Tête de Mort !

Un texte signé Patryck Ficini

- Avallone Michael
Titres alternatifs : L'Affaire des Mille Cercueils

« La face de l’homme était un masque grotesque de chairs meurtries – chauve, presque décharné. (…) Son nez n’était guère que deux trous jumeaux coupant la distance qui séparait son front caverneux de l’affreuse balafre de sa bouche. Sa tête était un enchevêtrement de cicatrices et de tissus morts. (P. 108)

A en croire le dictionnaire de CLAUDE MESPLEDE, L’AFFAIRE DES MILLE CERCUEILS aurait été écrite en une journée par MICHAEL AVALLONE, « l’écrivain le plus rapide à l’est du Pécos ». Honnêtement, le roman est impeccablement écrit/traduit et à moins d’imaginer une forte adaptation de M. SERGINE (toujours possible), on imagine plutôt un travail abattu en une semaine, voire une dizaine de jours, si l’on se base sur le temps standard de nombreux romanciers populaires tel qu’ils l’ont parfois confessé pour un petit roman de ce calibre. Même si AVALLONE était un pur génie on n’imagine pas ce roman pondu en 24 heures. Mais bon, quand la légende est plus belle que la réalité…
AVALLONE, aussi auteur de certains NICK CARTER bondiens qu’on aimerait lire, signe un roman qui oscille entre le meilleur pulp et le sous JAMES BOND le plus pur. Inutile de préciser qu’on ne s’ennuie pas une page, tant l’action est rondement menée, servie par une vivacité d’écriture méritoire. Dès le début, on sent le super petit bouquin conçu pour deux-trois heures de plaisir pur. Pas étonnant que AVALLONE ait pondu un article intitulé « Accrocher le lecteur » dans POLAR MODE D’EMPLOI, chez ENCRAGE. L’AFFAIRE DES MILLE CERCUEILS est un modèle du genre. Un bijou qui ravira les lecteurs qui ont souvent été déçus de ne pas retrouver l’esprit 007 dans les FLEUVE NOIR (LECOMTE à part) ou même chez… FLEMING ! (Il est bien évident que l’on parle ici de l’esprit 007 tel qu’il fut imposé au monde par la force des productions BROCCOLI).
Le méchant est superbe : un chimiste brûlé à tête de mort (ou peu s’en faut !) qui évoque l’ennemi nazi de CAPTAIN AMERICA. Son projet : rayer Munich de la carte en faisant mourir les gens de folie furieuse. Déjà deux villages et 300 personnes exterminés !
L’atmosphère, ente morgue et cimetière, fait songer que AVALLONE s’est notamment distingué par un fameux ORGIES FUNERAIRES.
Comme pour L’AFFAIRE DU VAMPIRE ou L’ARTISTE FRAPPE LES 3 COUPS, l’ambiance est parfois proche de l’épouvante (avec notamment ce corps qui pourrit inexorablement). Une raison de plus pour apprécier un complot démentiel et un combat aérien superbe. Comme dans les BOND authentiques, la fin est un vrai climax.
Notons que le ton est parfois plus sérieux que dans la série T.V., ce qui n’est pas désagréable. NAPOLEON SOLO acquiert même une réelle épaisseur. KURYAKINE, ici peu présent, a un rôle proche de celui de DAVID MC CALLUM dans NCIS. Evidemment pas un hasard.

Et pour finir un moment de sadisme à la JESS FRANCO :

« Elle était recroquevillée devant lui, repliée comme un informe point d’interrogation de chair moite et plapitante. Ses longs bras minces étaient encerclés par des entraves de cuir. Son corps superbe était contracté et raidi ; sa tête pendait vers le sol. »

Un sadisme très présent dans cet épisode (SOLO n’échappe à un tortionnaire que pour tomber entre les griffes d’un autre !), mais loin des excès un peu répugnants de nombreux SAS. On est plus dans l’esthétisme et la suggestion des années 60.

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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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