retrospective

The Astounding She Monster

Los Angeles – Margaret Chaffee prend sa voiture. Elle ignore qu’elle va être bientôt la victime d’un enlèvement. Les trois kidnappeurs, deux hommes et une femme, comptent bien obtenir une forte rançon de cette riche héritière. Mais rien ne se passe comme prévu. Tandis que les malfrats s’engagent sur une route escarpée au pied des montagnes de San Gabriel, le chauffeur aperçoit une étrange silhouette sur le tarmac et il quitte la route. Le véhicule est inutilisable, le groupe doit poursuivre à pied. S’engageant sur des sentiers, le quatuor échoue devant le chalet d’un géologue. Ce dernier, alors qu’il promenait son chien, a été témoin quelques heures plus tôt de la chute d’une météorite. Il ne sait pas encore, tout comme les ravisseurs et leur victime, que la météorite en question est en réalité un vaisseau spatial provenant de la planète Antarès, et qu’à son bord se trouve un émissaire dont l’apparence féminine dissimule une puissance surhumaine…
« THE ASTOUNDING SHE MONSTER » est le premier des trois longs métrages de la maigre filmographie de Ronald V. Ashcroft, réalisateur mineur dans un genre cinématographique pourtant majeur à cette époque aux Etats-Unis. Et bien qu’il ait été en mesure de s’entourer, au niveau du casting, de quelques acteurs aguerris, comme Robert Clarke (« THE MAN FROM PLANET X ») et Kenne Duncan (figure incontournable des serials, mais aussi le fameux Dr Acula du « NIGHT OF THE GHOULS » d’Ed Wood Jr), cela n’empêche pas le film d’être autant décevant qu’ennuyeux. Malgré sa courte durée (à peine plus d’une heure), il faut reconnaître qu’il ne se passe pas grand-chose au niveau de l’action, ni même de l’intensité dramatique. A partir du moment où tous les protagonistes sont réunis dans le chalet du géologue, le film se résume à un huis-clos désespérément plat, dans lequel les intrigues policière et fantastique sont particulièrement mal exploitées.
Mais déjà, tout avait mal commencé, avec la traditionnelle voix-off du narrateur philosophant sur l’origine de l’univers, et expliquant pendant de longues minutes au spectateur ce qui allait se produire. Pas de suspense, donc, reste alors l’espoir d’avoir un extra-terrestre digne de ce nom. Mais la fameuse « stupéfiante monstresse » promise va se limiter en fait à une jolie jeune femme dans une combinaison métallique, et un « effet spécial » consistant à la flouter pour donner l’impression qu’elle irradie. Sa tenue la rend invulnérable aux balles, et son arme principale n’est autre son corps, puisqu’elle est capable de tuer par un simple contact empoisonnant sa victime au radium.
A l’écran, tout cela n’est malheureusement pas spectaculaire pour un sou, d’autant plus que l’actrice, Shirley Kilpatrick, est à la base une danseuse de cabaret dont ce sera l’unique apparition dans un film. La créature extra-terrestre passe son temps à poursuivre les humains, ravisseurs comme kidnappés, en marchant. Lentement, de préférence, c’en est presque risible, et pourtant, toute tentative d’évasion de la part du groupe (qui se réduit progressivement au fil de l’histoire, c’est à peu près la seule note de variété au niveau du scénario) est systématiquement avortée. L’intrigue se résume donc à une constante : les « héros » quittent le chalet, croisent la créature, retournent au chalet, tentent à nouveau une sortie, échouent encore, etc… Sans complexe, le réalisateur abuse de surcroît de stock-shots animaliers, avant de conclure son histoire sur un twist aussi grotesque que contradictoire (eu égard au développement de l’intrigue), concernant les intentions de l’extra-terrestre.
Avec six interprètes en tout et pour tout, « THE ASTOUNDING SHE MONSTER » souffre cruellement d’un manque de moyens et de compétences, à tous les échelons. Le scénario est faible, la direction d’acteurs approximative, et la réalisation franchement poussive. Aussi, même pour tous les nostalgiques de films psychotroniques, cette œuvre de Ronald V. Ashcroft risque de ne pas laisser un souvenir impérissable, malgré son titre prometteur.

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