The Black Cat

Un texte signé Eric Escofier

USA - 1941 - Albert S.Rogell
Interprètes : Basil Rathbone, Anne Gwynne

Henrietta Winslow vit dans un vieux manoir qui date de plus de cent ans. Seule en compagnie de ses nombreux chats, du gardien Eduardo et de sa gouvernante Abigaïl, elle vient de survivre à une intoxication médicamenteuse. Elle possède aussi dans son jardin, un garage qui abrite un crématorium dans lequel elle brûle les corps de ses chats morts et dont les cendres sont recueillies dans des urnes. Ce soir là, elle a fait venir ses héritiers afin de leur lire son testament. Mais deux autres personnes non prévues arrivent : un aventurier et un ami de la vieille dame. Tous les héritiers reçoivent des coquettes sommes à l’exception de Myrna Hartley qui hérite de la propriété. Mais une close souligne que les sommes allouées seront perçues lorsque Henrietta décèdera ainsi que tous ses chats. La nuit suivante, la vieille femme meurt brusquement victime d’un empoisonnement dans son crématorium. Abigaïl qui possède le testament révèle qu’elle possède l’usufruit de la demeure afin qu’elle administre les biens de tous ses chats. Plus tard, elle est retrouvée pendue à une porte! Suicide ou assassinat ?
Le “Chat Noir” est à l’origine un conte écrit par Edgar Poe parut en 1843 dans le U.S. Saturday Post dont le titre très évocateur fut dédié à un Cabaret de Montmartre. L’histoire raconte l’aventure d’un pauvre chat noir qui fut rendu borgne accidentellement par son maître. Devenu irascible envers lui, l’homme prit le chat et le pendit à un arbre. Inconsolable, l’homme, au cours de ses soirées de beuveries, rencontra un chat noir également borgne et l’amena chez lui. Les différentes disputes avec sa femme amenèrent le couple à une tragédie. Un jour, il voulut tuer la bête mais c’est sa femme qui décéda. Pris de peur, il l’emmura sans se douter que le chat s’était réfugié dans le tombeau. C’est grâce à ses miaulements que l’on découvrit le corps de l’infortunée épouse et que le mari fut arrêté.
En 1919, Richard Oswald porte à l’écran : UN HEIMLICHE GESCHICHTEN (Five Sinisters Stories) avec Conrad Veidt. En 1934, vint une autre version, celle de Dwain Esper : MANIAC, mais la plus connue par les cinéphiles est celle que réalise la même année Edgar G.Ulmer (THE BLACK CAT, avec Boris Karloff et Bela Lugosi). Cette version n’a rien à voir avec la nouvelle de Poe si ce n’est la présence d’un chat noir qui effraye le pauvre Lugosi.
Ici en 1941, Albert S. Rogell signe une autre version dont le script est écrit par trois hommes dont Eric Taylor, auteur du scénario de BLACK FRIDAY avec Boris Karloff d’Arthur Lubin, qui écrira les scénarii de FANTOME DE L’OPERA en 1944. Fredric Rinaldo, autre scénariste est connu pour avoir travaillé sur INVISIBLE WOMAN d’Edward Shuterland et du délirant DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN de Charles Lamont. Quand au troisième larron, il s’agit de Robert Lees qui a co-écrit avec eux et l’on verra son nom inscrits aux génériques des feuilletons tels : Daktari, Au Pays des Géants, Flipper le Dauphin…
Malgré l’intervention de ces trois personnages friands en récits cauchemardesques pour la Universal, il n’y a rien de particulier si ce n’est que la présence d’un chat noir sur les lieux du crime. On retrouve tous les poncifs propres à l’Universal : vieille demeure avec ses passages secrets, orage, tonnerre, pluies diluviennes, la ligne du téléphone coupée, les cris dans la nuit… Mais voilà que l’action se fait attendre et on est toujours à l’affût de voir si quelque chose va se passer malgré la musique d’Hans J. Salter qui reprend les thèmes empruntés au FILS DE FRANKENSTEIN.
Côté casting, il est plutôt flamboyant avec Basil Rathbone qui venait d’apparaître dans LE FILS DE FRANKENSTEIN et LE CHIN DES BASKERVILLE Anne Gwynne (BLACK FRIDAY, FLASH GORDON CONQUERS THE UNIVERSE) et qui sera 3 ans plus tard la proie du Baron Latos dans HOUSE OF FRANKENSTEIN, Bela Lugosi est Eduardo le gardien dans un rôle insignifiant, Gale Sondegaard qui était à l’affiche de LA MARQUE DE ZORRO avec Tyronne Power et Basil Rathbone est Abigaïl. Elle eût toujours des rôles un peu énigmatiques lorsqu’elle travaillait pour Universal : INVISIBLE MAN’S REVENGE, SPIDER WOMAN, THE CLIMAX, quand au tout jeune premier, et bien il s’agit d’Alan Laad qui débuta au cinéma en 1932 dans des rôles non crédités et connut un succès populaire par la suite.
Le film d’Arthur Rogell dont c’est la seule incursion dans le domaine du cinéma fantastique ne marquera pas le public et fut très vite oublié dans la filmographie des oeuvres sur Poe. Il faudra attendre 1963 avec L’EMPIRE DE LA TERREUR de Roger Corman pour avoir une bande assez correcte sur le récit de son auteur.


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- Article rédigé par : Eric Escofier

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