The Black Panther

Un texte signé Philippe Chouvel

Royaume-Uni - 1977 - Ian Merrick
Interprètes : Donald Sumpter, Debbie Farrington, Marjorie Yates, Sylvia O'Donnell, Andrew Burt, Alison Key

Ancien militaire, Donald Neilson vit modestement avec une femme qu’il ignore et sa fille qu’il rabaisse à la moindre occasion. C’est un être taciturne, autoritaire et méprisable. Il semble ne pas avoir été capable de se réadapter à la vie civile, et de fait sa famille subit le poids de sa rancœur.
De son expérience de l’armée, Neilson a tout gardé, ou presque. Entraînement aux armes, bivouacs dans la nature, port du treillis, surveillance etc… Tout cela dans un but malsain, à savoir le braquage de bureaux de postes disséminés dans diverses bourgades de l’Angleterre. Mais du vol, Neilson n’hésitera pas à passer au meurtre, et cela sans le moindre état d’âme…
Donald Neilson a réellement existé, et ce film, THE BLACK PANTHER, relate l’histoire d’un pauvre type, voleur à main armée et meurtrier, coupable de nombreux braquages entre 1967 et 1974. Il tua trois employés des postes au cours de cette dernière année avant de kidnapper une jeune coiffeuse de dix-sept ans, Lesley Whittle, en 1975. Loser patenté, Neilson n’obtiendra pas la rançon exigée, et laissera sa victime mourir de faim au fond d’un puits de drainage des eaux, en rase campagne. Le corps de la malheureuse sera découvert près de deux mois après l’enlèvement. Quant à Donald Neilson, il sera finalement arrêté par la police en décembre 1975. Il sera condamné à la prison à perpétuité, et y passera le reste de ses jours, décédant en 2011. Nul doute que si la peine de mort n’avait pas été abolie au Royaume-Uni en 1969, Neilson n’aurait pas échappé à la pendaison.
Ian Merrick, réalisateur de THE BLACK PANTHER, relate dans les grandes lignes les moments forts de ce faits divers qui défraya la chronique à l’époque, adoptant un style quasi-documentaire. L’action débute en février 1972 pour s’achever en décembre 1975. De ses braquages dans différents bureaux de poste jusqu’à l’enlèvement de Lesley préparé de longue date, le parcours de Donald Neilson sera marqué par les échecs, les erreurs et le sang… Un parcours jalonné d’assassinats gratuits, pour lesquels Neilson n’éprouvera jamais le moindre remords. Doté d’une intelligence médiocre, celui qui sera surnommé par la presse « la panthère noire » est un être pitoyable, aimant s’admirer devant la glace lorsqu’il mime un garde-à-vous, collectionnant les coupures de presse évoquant ses « exploits » et piquant de grosses colères quand les choses ne se passent pas comme prévu (ce qui lui arrive fréquemment). Dans ces moments là, Neilson ressemble plus à un gosse capricieux qu’à un redoutable meurtrier, et pourtant…
L’homme n’éprouve aucun sentiment, sinon pour des futilités, comme lorsqu’il se met à pleurer devant un film s’achevant tristement. Dans son entreprise de grand banditisme, Donald brille avant tout par son côté loser : ne parvenant pas à trouver la clé du coffre et l’obligeant à repartir les mains vides, faisant systématiquement du bruit en voulant se montrer discret sur les lieux de ses cambriolages ou s’acharnant sur des plus faibles que lui.
Les résultats catastrophiques engendrés par les actes de Neilson contrastent fortement avec la préparation minutieuse établie à chaque fois par celui-ci. L’homme a beau préparer ses futurs coups dans les moindres détails, avec beaucoup de patience, le résultat est rarement celui escompté. Mais jamais il ne renonce, d’autant qu’un fait concernant la nature profonde de Neilson apparaît peu à peu évident : il n’hésite pas à tuer quand bon lui semble.
Pour incarner ce personnage hautement méprisable, jamais attachant, toujours irritant, il fallait un acteur convaincant. Et l’homme de la situation fut trouvé en la personne de Donald Sumpter. On l’a vu dans pas mal de séries TV parmi lesquelles DOCTEUR WHO, et au cinéma dans LE PEUPLE DES ABIMES ou STARDUST. Récemment, il était encore à l’affiche du MILLENIUM version David Fincher, et participait à la saga de GAME OF THRONES en interprétant Maester Luwin, le maître des corbeaux.
En ce qui concerne les seconds rôles, pas de noms véritablement connus, mais l’on retiendra celui de Marjorie Yates (LA LEGENDE DU LOUP-GAROU, de Freddie Francis) dans la peau de la femme soumise de Neilson.
THE BLACK PANTHER dresse le portrait d’un homme froid, mécanique, n’inspirant jamais la pitié et encore moins l’empathie chez le spectateur. En cela, il anticipe, dans un style toutefois différent, le personnage de Henry Lee Lucas qui sera également adapté au cinéma, une dizaine d’années plus tard, dans HENRY, PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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