Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2008 - J.T Petty
Interprètes : William Mapother, Clancy Brown, Jocelin Donahue, Karl Geary

review

The Burrowers

A ne pas confondre avec LE PETIT MONDE DES BORROWERS, agréable fable pour enfant mettant en scène le bonhomme John Goodman, ce THE BURROWER est un western d’horreur très inspiré du classique de Ford, LA PRISONNIERE DU DESERT. Réalisé par J.T Petty, auteur de l’effroyable MIMIC 3, ce film permet de retrouver l’étrange William Mapother (inoubliable en Ethan de la série LOST) et cette vieille trogne patibulaire mais néanmoins rassurante de Clancy Brown.
Dakota, 1879. Dans une contrée sauvage où les colons européens chassent de chez eux les tribus indiennes et doivent par conséquent subir leur courroux, une famille est massacrée et Maryanne, l’ainée de ses filles enlevée. Fergus Coffey, jeune immigrant irlandais et fiancé de Maryanne réunis une troupe aguerrie pour la retrouver, pensant avoir affaire à des indiens belliqueux. Chemin faisant, le petit groupe va se retrouver confronté à une menace bien plus terrible…
Variante du film d’horreur se rappelant de temps en temps au bon souvenir de l’amateur, le western d’horreur est un sous-genre qui n’a jamais vraiment percé et ce n’est pas THE BURROWERS qui va lancer une quelconque mode. Pétri de qualité formelles, esthétiquement magnifique, la mise est scène est majestueuse, la lumière apporte un grain de pellicule salvateur et les comédiens sont tous concernés par leurs personnages. A travers une reconstitution à la fois rigoureuse et romanesque, J.T Petty inscrit son œuvre dans le courant du western naturaliste. Malheureusement, le film peine à prendre une réelle consistance, la faute en incombant principalement à un scénario mal rythmé, dont la relative lenteur ne sert même pas à développer ses personnages. Pourtant, la matière est là, tous les personnages ayant un réel point de vue sur la situation sociale et économique de l’époque. L’histoire hésite cependant à se lancer dans le fantastique pur et dur et s’engage sur le sentier du film à thèse, incriminant les cow-boys, montrés comme très cruels envers les indiens et intolérants envers les noirs. Pourquoi pas ? Mais tel n’est pas le sujet principal qui se retrouve relégué à la dernière demi-heure et voit des monstres vivant sous-terre remonter à la surface la nuit tombée pour chasser des humains qu’ils stockent enterrés, drogués mais vivant, en attendant de les dévorer. Là encore, la réalisation se montre efficace à défaut de proposer des situations nouvelles ou un suspens insoutenable, mais le look des créatures tranche avec la volonté de réalisme du film, celles-ci ayant le look de verges agrémentées de bouches et d’yeux, le tout monté sur un corps pseudo-humain aux membres inversés. Il n’est alors pas interdit de rire même si c’est à ce moment-là que s’achève dans la douleur la quête du personnage principal. Reste alors une fin ironique et sombre, totalement raccord avec l’engagement politique du film mais bien trop détachée du genre dans lequel il souhaite s’inscrire pour créer l’enthousiasme. A trop vouloir en faire et en dire, le réalisateur s’éloigne de la bande poussiéreuse, nerveuse et effrayante qu’il aurait pu tourner, et c’est bien dommage.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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