The centerfold girls

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 1974 - John Peyser
Interprètes : Andrew Prine, Aldo Ray, Jaime Lyn Bauer, Janet Wood

Venu du petit écran, John Peyser a derrière lui une très longue liste d’épisodes de série télévisées tournés depuis l’après guerre lorsqu’il se lance dans la réalisation de ce petit shocker des familles. Epaulé par une solide équipe technique venue elle aussi de la télévision, Peyser surfe alors sur une vague en vogue à l’époque, inspirée à la fois du giallo et annonçant l’arrivée des slashers qui fleuriront quelques années plus tard.
Clement Dunne, jeune fanatique obsédé par la vertu a trouvé un moyen bien personnel de combattre le vice à sa modeste échelle : assassiner des modèles de revues érotiques, les fameuses centerfold girls, qui allongent leur corps voluptueux en pages centrales. Pour cela, il les traque sans pitié, les harcèle au téléphone pour prêcher la bonne parole avant de les égorger au coupe-chou.
Gentiment daté, THE CENTERFOLD GIRLS fait aujourd’hui penser à un MANIAC soft, à un gentil papy précurseur d’une certaine frange du cinéma horrifique. Sur un pitch prétexte à un joyeux voyeurisme (toutes ces charmantes demoiselles vivent à peine vêtues, du moins pour les plus prudes) jouant avec les codes et l’esthétique de l’époque du magazine Playboy. Mais au-delà de cet érotisme de bon ton, le film suscite une réelle interrogation quant à son point de vue et au semblant de message qu’il veut faire passer. En effet, ici, aucun personnage n’en rattrape un autre, les hommes sont libidineux ou fou à lier comme le tueur, les femmes sont insupportables et seules les centerfold du titre apparaissent sympathiques mais finissement immanquablement par périr ! Au-delà de cet aspect ne facilitant pas l’identification et désamorçant de fait toute tension, THE CENTERFOLD GIRLS est structuré d’une manière non conventionnelle, puisqu’il met en scène trois histoires différentes ayant pour seul point commun le tueur et des modèles de charmes ayant posé pour la même revue. Le film débute par l’enterrement d’un premier (et très joli, c’est bien dommage) cadavre par l’assassin puis enchaîne avec la tranche de vie d’une infirmière qui tombe sur l’équivalent gentillet de la famille Manson avant de se réfugier dans les bras du tueur qu’elle pense être son sauveur ; vient ensuite le massacre de plusieurs modèles et de leurs photographes dans une maison perdue sur une île lors d’une séance de pose et enfin la traque d’une jolie hôtesse de l’air qui s’avèrera bien plus retorse que prévu.
Audacieux pour l’époque par sa volonté érotique et son penchant sadique à l’italienne, surtout pour un film qui n’était pas uniquement conçu pour les drive-in et les grindhouses, THE CENTERFOLD GIRLS apparaît aujourd’hui bancal et sans réel intérêt malgré la surprise provenant de sa structure. Certes, l’ensemble du casting se défend et permet de croire à l’intrigue, notamment Andrew Prine, littéralement habité par son personnage. Les jolies modèles, pour la plupart toujours nues, ne gâche rien, mais au final, le film ne débouche sur pas grand chose et se pose comme un exercice un peu vain, prétexte pour un érotisme typique de l’époque.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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