Un texte signé Philippe Delvaux

review

The dark below

Un homme agresse une femme, la revêt d’une combinaison de plongée et d’une bouteille presque vide d’oxygène avant de la plonger sous la glace d’un lac gelé. S’engourdissant progressivement sous la morsure du froid, la femme se remémore sa vie avec cet homme, et tente désespérément de survivre.

Douglas Schulze a jusqu’à présent essentiellement œuvré dans l’horreur: HELLMASTER, THE DARK HEAVEN, THE RAIN (alias DARK FIELDS), MIMESIS, sans cependant qu’aucun de ces films ne perce réellement. THE DARK BELOW (décidemment, le bonhomme aime les titres en « dark ») changera-t-il la donne ? C’est en tous cas un film qui lui est plus personnel.

Lors de sa présentation à l’Etrange festival 2015, le réalisateur expliquait en effet avoir lui-même expérimenté dans son enfance un accident qui aurait pu lui couter la vie et où il s’est retrouvé piégé sous la glace. Il en aura gardé angoisses et cauchemars pendant des années, ici régurgités sous forme d’une fiction d’horreur.

Le programme du festival tente une comparaison avec BURIED (chroniqué sur Sueurs Froides). Rien n’est moins pertinent, THE DARK BELOW proposant un dispositif résolument opposé à celui de BURIED. Ce dernier explore toutes les possibilités d’un espace exigu et confiné dont il ne sort pas, là où THE DARK BELOW propose de nombreuses échappées par le biais d’autant de flash-backs. Et BURIED, tout comme plus récemment le formidable LOCKE, instille la tension et fait progresser la narration par ses dialogues incessants alors que THE DARK BELOW réussit à se passer de ceux-ci, misant tout sur la mise en image pour raconter son histoire. Et pour la tension, ce film non dialogué n’est pas pour autant non sonorisé : la musique y est, et c’est un peu dommage, omniprésente. C’est peut-être ce qui déforce légèrement le résultat, ce choix se révélant une facilité de réalisation.

Au rang des points d’intérêts, on relève aussi – sans vouloir ici trop le dévoiler – le rapport entre la victime et son bourreau, qui s’éloigne de celui, souvent assez arbitraire ou artificiel, qui est le lot de nombre de films d’horreur. On va donc suivre le calvaire de cette femme, cherchant désespérément de l’oxygène et un moyen de sortir de ce lac glacé alors que guette au-dessus d’elle son tortionnaire. Les nombreux flash-backs offrent une respiration – pour le spectateur, pas pour la victime – et nous donnent la clé de la situation.

La mise en scène et le scénario sont très fonctionnels, au sens positif du terme : ils nous conduisent avec efficacité tout au long des péripéties vers le dénouement, assez classique, mais justifié si on voit le résultat comme une catharsis pour son réalisateur.

THE DARK BELOW est un film de tension parfaitement efficace, qui s’éloigne juste ce qu’il faut du lot commun des films de son genre pour attiser notre curiosité et notre intérêt. A conseiller.


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- Article rédigé par : Philippe Delvaux

- Ses films préférés : Marquis, C’est Arrivé Près De Chez Vous, Princesse Mononoke, Sacré Graal, Conan le Barbare

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