The Darkroom

Un texte signé Patrick Lang

Etats-Unis - 2006 - Michael Hurst
Interprètes : Shawn Pyfrom, Reed Diamond, Greg Grunberg, Ellie Cornell et Lucy Lawless

Un homme est retrouvé errant au bord d’une route. Il est amnésique et ne se souvient absolument pas pourquoi ses mains sont pleines de sang. Il est recueilli dans un hôpital psychiatrique et il passe là une quinzaine d’années. Un beau jour, il reçoit la visite d’une scientifique qui aimerait essayer un nouveau sérum sur lui, un sérum qui est supposé l’aider à retrouver la mémoire. Cela va sans dire qu’il y aura des effets secondaires. L’homme, qui ne se souvient même pas de son prénom, commence à souffrir d’hallucinations. Ainsi, il est convaincu que des personnes qui l’entourent sont des monstres boueux. Il profite d’une attaque d’un de ces ”monstres” pour s’échapper de l’hôpital. Il fait alors la connaissance d’un jeune homme qui l’aidera dans sa quête d’identité. Plus exactement, ils vont s’entraider, car le beau-père de l’adolescent affiche un comportement très bizarre. Un lien se tissera entre eux et ils apprendront qu’ils ont plus de choses en commun qu’il n’y paraît…
THE DARKROOM attire d’emblée par une mise en scène, certes classique, mais d’une précision à toute épreuve. Très vraisemblablement, le réalisateur n’a pas séché ses cours et il a bien retenu ses leçons. L’image est parfaite et d’une très grande classe. On peut certainement dire que le minimum syndical n’a jamais été aussi bien assuré, même si l’on ne sort jamais des sentiers battus. Cela rend la vision du film très plaisante. Pourtant THE DARKROOM flirte dangereusement avec la série B. Quelques scènes sonnent un peu faux, comme celle où notre héros dort dans un carton ou encore de nombreuses scènes de dialogues qui pourraient facilement se retrouver dans un téléfilm. Malgré ces quelques défauts, on n’a aucune peine à suivre la trame, tant on est impliqué. Les zones d’ombres sont nombreuses (notamment en ce qui concerne l’amnésie du héros) mais l’intérêt du spectateur est maintenu pendant une bonne partie du film. La narration peut paraître d’une simplicité déconcertante mais Michael Hurst ne nous laisse jamais dans le doute… Il sait ce qu’il fait. La limpidité du scénario sur certains points fait partie de la stratégie du réalisateur. En effet, il nous prépare pour un retournement final surprenant, qui ne laissera personne de marbre. Il nous fait suivre un fil d’Ariane qui, en quelque sorte, nous détourne de ce choc final. Ceci est très bien vu de la part du réalisateur, même si quelqu’un a déjà choqué son public d’une façon similaire. Nous tairons le nom de cet autre réalisateur pour ne pas gâcher votre plaisir.
Le scénario lorgne du côté du mythe de Barbe-Bleue. Le beau-père entretient une relation étrange avec la mère de Shawn, l’ado du film. Il sort souvent la nuit avec son appareil photo, et développe ensuite les photos prises dans une chambre obscure (le ”dark room”). Cette pièce fermée à clé rappelle la chambre secrète de Barbe-Bleue. L’histoire de l’adolescent prend rapidement le dessus sur celle de l’homme amnésique, avec lequel le métrage a pourtant démarré. Mais cela est également calculé et totalement volontaire. La narration un peu ciselée peut surprendre, mais une fois toutes les pièces du puzzle assemblées, on comprend mieux les motivations du réalisateur.
Il faut encore souligner l’interprétation hasardeuse, qui pourrait freiner l’enthousiasme à la vision du film. Lucy Lawless, LA grande révélation du film, fait en revanche exception. Elle est parfaite dans le rôle de la mère du jeune homme. Cette actrice mérite amplement le détour et le film vaut le coup, rien que pour elle.
THE DARKROOM possède donc beaucoup d’atouts pour séduire son public. C’est un thriller d’une grande finesse dans la mise en scène et ce film aurait facilement pu sortir en salles. Les effets spéciaux sont très bien exécutés et quelques jets de sang bien sentis éclaboussent l’écran pour notre plus grand bonheur. L’interprétation varie du bon (Reed Diamond) à l’excellent (Lucy Lawless !!!). La musique sonne très juste et accompagne le film à merveille. Le scénario faussement complice en surprendra plus d’un, mais il faut regarder jusqu’au bout pour s’en apercevoir. Bref, un film qui vaut largement le détour.


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- Article rédigé par : Patrick Lang

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