The dead don’t talk

Un texte signé Philippe Chouvel

Turquie - 1970 - Yavuz Yalinkilic
Titres alternatifs : Oluler konusmazki
Interprètes : Aytekin Akkaya, Giray Alpan, Sirri Elitas, Kerem Mertoglu, Ahmet Sert

Le cinéma turc est encore une fois à l’honneur, avec deux oeuvres estampillées « seventies », l’une se voulant un hommage au film d’horreur gothique, et l’autre étant le remake d’un thriller italien.
THE DEAD DON’T TALK, avec son noir et blanc, nous ramène presque à l’époque des films « Universal ». Un village de Turquie est en proie à une malédiction qui se répète le quinzième jour de chaque mois. L’origine vient d’une vaste bâtisse transformée en hôtel, dont l’ancien propriétaire, un certain Rostem, est décédé. Du moins en apparence, car en réalité l’homme est revenu d’entre les morts et hante les environs. Régulièrement, il se met en quête de nouvelles victimes, essentiellement des étrangers attirés dans son ancienne demeure. Fantôme, zombie ou vampire, Rostem est un peu la synthèse de toutes ces créatures faisant partie d’une même famille : celle des morts-vivants.
Les habitants de la région paraissent fatalistes, et résignés. Rostem ne rencontre guère d’opposition, et il faudra l’arrivée d’une nouvelle institutrice dans l’école du village pour sortir quelques habitants de leur léthargie, parmi lesquels un trio de chasseurs.
D’une certaine manière, THE DEAD DON’T TALK aborde l’un des thèmes majeurs du cinéma de genre : le film d’horreur, pour une durée relativement courte, environ soixante-dix minutes. La vision du film de Yalinkilic est presque un miracle, car l’œuvre était considérée comme définitivement perdue, l’original ayant disparu depuis une trentaine d’années. Une copie retrouvée récemment a donc permis de sortir le film des oubliettes. Si on peut à juste titre le considérer comme une rareté et un témoignage supplémentaire de l’influence du cinéma de genre occidental chez les réalisateurs turcs, il n’en demeure pas moins que THE DEAD DON’T TALK s’avère dans l’ensemble décevant, naïf, d’une part, voire maladroit ; et porté sur le mélodrame, d’autre part, avec des acteurs qui « surjouent », ou au contraire, pour d’autres, ne jouent pas du tout. Mal dirigés, inexpérimentés, presque livrés à eux-mêmes dans un scénario digne d’un court-métrage, tout au plus, les vedettes de THE DEAD DON’T TALK essaient tant bien que mal de sauver les meubles. Mais la répétition de certaines scènes tout au long du film, et même de certains dialogues, entraînent une certaine lassitude, surtout que l’action est quasiment absente. Le rythme est tellement lent que l’on a parfois l’impression de lire un roman-photo. Pourtant, on ne peut pas dire que Yavuz Yalinkilic est un débutant dans le métier, dans la mesure où il a cumulé, à partir des années 1960, les fonctions d’acteur, scénariste, producteur et réalisateur. Une longue carrière qui a pris fin avec sa mort voici deux ans, à l’âge de soixante-quinze ans. L’homme est certainement l’auteur d’œuvres autrement plus abouties que ce THE DEAD DON’T TALK. Peut-être aurons-nous l’occasion d’en découvrir quelques unes dans un proche avenir.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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