retrospective

The Death Kiss

Voici un film policier tourné en 1932 par Edwin L. Marin, dont il s’agit du premier long métrage. Il a bénéficié de trois grands acteurs venant directement du Dracula de Tod Browning et put le tourner à Hollywood même, pour un plus grand réalisme des scènes se passant en studio.
Le film débute durant la scène finale de THE DEATH KISS, film tourné à l’intérieur du film. Dans cette scène, durant laquelle l’interprète sert de cible à des hommes armés, l’acteur principal est réellement tué. La police conclut à un meurtre et tente de mener l’enquête, soupçonnant rapidement l’ex-femme de la victime. Frank, scénariste de métier et détective amateur, mène lui aussi l’enquête, certain que Marcia est innocente.
Ce film est d’abord une histoire d’Hollywood. Se passant pour la crédibilité dans un véritable studio, il montre d’une part vers quoi peut tendre les préoccupations d’un producteur. Ce dernier sera la première personne prévenue du meurtre, avant même la police. Il ne s’intéresse qu’aux profits, ne voyant dans la mort de sa star que ce que cela va lui coûter. D’autre part, le film dévoile, à travers quelques séquences, les rouages d’une production ; ne serait-ce que grâce à ce moment où est convoquée pour l’interrogatoire l’actrice principale. Chaque personne demande à un subalterne d’aller la chercher, tel un effet boule de neige hiérarchique. Où encore grâce à d’autres petites scènes, comme l’installation et les tests d’un micro, la préparation du tournage d’une scène ou encore les moyens de contourner la mort de l’acteur principal pour continuer le film, moyens qui permettent également de montrer les intérêts parfois contraires d’un réalisateur et d’un producteur. L’on découvre en outre des petites choses sur la vie de l’époque, comme ces frigos avec une porte donnant sur l’extérieur de la maison et permettant au livreur de le remplir sans entrer dans la demeure…
Mais tout ceci, bien qu’intéressant, n’est qu’un contexte, le film s’attachant à nous dépeindre une enquête criminelle… Enquête délicieusement complexe, menée par des personnages, certes intéressants, mais également caricaturaux. Le héros, beau garçon un peu cynique, est très intelligent et ne se laisse jamais abuser, tel un Sherlock Holmes hollywoodien, contrairement aux policiers qui tombent dans tous les pièges tendus par le criminel. De même, l’ex-femme de la victime, principale suspecte, n’est finalement qu’une jolie plante, servant surtout de motivation au héros.
Mais, malgré cela et une durée assez courte, l’enquête reste intéressante et ne sacrifie ni à la complexité ni aux fausses pistes, tout en se permettant de laisser un certain humour s’installer… Humour noir tout d’abord, avec les remarques sur la mort de l’acteur principal qui n’était pas vraiment aimé, et humour de situation aussi, avec le personnage du chef de la sécurité, petit et stupide, commettant bourdes sur bourdes.
Lentement mais sûrement, le scénario déroule son intrigue. Intrigue dans laquelle le spectateur a du mal à ne pas soupçonner Bela Lugosi, l’un des seconds rôles du film car, entre l’affiche insistant sur l’apparence dangereuse de l’acteur, et le comportement de son personnage, il est clair que le but est de le faire passer pour le coupable (sans oublier certains indices mis sur la route du héros). La révélation finale n’en est, du coup, que plus surprenante, apparaissant au terme d’une course-poursuite et d’une fusillade se déroulant dans une obscurité presque complète, ce qui la rend hélas assez confuse…
Quelques situations cocasses, au sein d’une enquête complexe et intéressante, menée par des personnages attachants, où se mêle une critique réaliste du monde du cinéma, tout cela pour un film très agréable à regarder…

Cliquez ici pour lire la critique du 1er volume de The Scare-ific Collection : Black Dragons

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