The drummer and the keeper

Un texte signé Sophie Schweitzer

Royaume-Unis - 2018 - Nick Kelly
Interprètes : Olwen Fouéré, Dermot Murphy, Aoibhinn McGinnity, jacob mccarthy

Gabriel, bipolaire à tendance pyromane, est un batteur dans un groupe de rock. La musique est si importante dans sa vie, qu’il a laissé tomber son traitement pour vivre pleinement une existence de rockeur. Pendant une crise, il met le feu à sa voiture et se met en danger. Sa sœur le force alors à retourner faire une thérapie. Gabriel a du mal à accepter les ordres de la psychiatre qui n’a pas réussi à sauver sa mère qui souffrait de la même maladie mentale que lui et a fini finit par se suicider. Obstinée, la thérapeute contraint Gabriel à intégrer une équipe de football adaptée aux handicapés physiques et mentaux.

Du fait de son caractère impétueux, Gabriel bouscule violemment Christopher, un jeune atteint du syndrome d’Asperger. Le coach intervient rapidement. Si Gabriel ne fait pas amende honorable auprès de Christopher, il devra abandonner le foot. Comme cette activité lui permet de ne pas subir la narcolepsie due à son traitement, Gabriel n’a d’autre choix que de faire ami-ami. Mais pour Christopher devenir ami n’est pas qu’une figure de style. Le jeune autiste va alors s’inviter dans la vie de Gabriel, pour le meilleur comme pour le pire.

Première réalisation de Nick Kelly, THE DRUMMER AND THE KEEPER souffre de son petit budget. La mise en scène est souvent réduite à des gros plans sur ses personnages, délaissant les plans plus larges qui pourraient poser une atmosphère. L’action est ainsi concentrée sur ses les personnages, notamment les principaux. Ce manque d’ambiance est compensé par un casting qui fonctionne et par un sujet assez original.

Dermot Murphy, qui incarne le héros, a le physique pour captiver, avec une vraie gueule, et une allure de rockeur. Son visage imprime l’écran, indéniablement, et le jeune acteur parvient à garder l’équilibre entre le charme touchant et l’agacement que provoque le son personnage de jean-foutre. C’est cependant le charisme de Jacob McCarthy qui embrase le film. Ce dernier incarne à la perfection le jeune autiste et captive réellement. Peu connu, il n’a joué que dans des séries télé (A.P. BIO) et quelques courts métrages.

Le film réussit à parler du handicap et montre combien il est difficile pour quelqu’un affligé de troubles mentaux de s’intégrer à la société, ainsi que les défaillances du système, sans toutefois le faire avec trop de lourdeur ou de mélodrame. Il aurait été facile de tomber dans l’un ou l’autre, mais le film reste toujours en parfait équilibre. Le choix de se concentrer sur ces personnages joue évidemment, et on finit par se passionner pour ces deux êtres aux antipodes l’un de l’autre et qui finissent par tisser une amitié improbable.

Un reproche qu’on pourrait lui faire est l’utilisation de rebondissements assez classiques dans les drames traitant de l’amitié ou de l’amour. Les deux héros ont du mal à s’entendre au début, puis finissent par devenir amis avant que tout soit balayé par une énième crise du héros. L’intérêt du film est qu’il propose dans son climax un véritable point de vue sur le handicap et la manière dont la société le traite. Plus encore, le film questionne sur la possibilité d’entraide entre handicapés.

Les personnages du film sont attachants et les thèmes de l’amitié et de la musique donnent un peu de légèreté au sujet principal qu’est le handicap. La question est de savoir comment la société peut s’adapter afin d’accueillir au mieux tout le monde, handicapé ou non.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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