The Evil Twin

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

Corée - 2007 - Kim Ji-Hwan
Titres alternatifs : Jeonseol-ui gohyang
Interprètes : Sin-hye Park, Hyun-kyoon Lee, Geum-Seok Yang

Après la vague récente des « asian ghost stories » situées dans un environnement familier (WHISPERING CORRIDORS et ses suites) ou utilisant des objets contemporains pour générer la peur (PHONE, RING, ONE MISSED CALL,…), cette production coréenne change la donne en adaptant une intrigue classique dans un cadre historique. Mais, à part cela, rien de neuf sous le soleil…les fantômes manquent toujours de shampoing !

Ancien critique de cinéma et spécialiste de l’horreur, Kim Ji-Hwan se fait plaisir, pour son premier long-métrage, en remettant au goût du jour la série télévisée fantastique coréenne « Untold Stories ». Une transposition sur grands écrans orchestrée avec beaucoup de fastes et des moyens conséquents.
Le scénario, pour sa part, traite d’une malédiction, d’un fantôme revanchard et se permet, bien évidemment, un twist final assez bien amené. Difficile d’en dire plus sans révéler les rebondissements du scénario, d’autant que le climat prime sur l’intrigue proprement dite.
Après la noyade accidentelle de Hyo-jin, sa sœur jumelle, So-yeon sombre dans le coma et n’en ressort qu’au terme de dix années. A son réveil, d’étranges événements commencent à survenir et l’esprit de la défunte semble décidé à prendre possession de So-yeon. La mère de So-yeon dissimule t’elle un lourd secret familial expliquant l’impossibilité pour Hyo-jin de trouver la paix dans l’après vie ?

Situé dans un village rural et à une époque reculée, EVIL TWIN permet à Kim Ji-Hwan de composer un travail esthétique d’une superbe qualité. Les images sont ainsi très travaillées, les plans étudiés et la photographie s’avère magnifique, mettant en valeur les décors et costumes pour offrir une reconstitution très soignée. Les couleurs éclatantes, avec une prédominance pour un rouge flamboyant, créent, eux, de véritables tableaux à la beauté envoutante. Pour accentuer cette atmosphère prenante, la musique se teinte, pour sa part, d’une douceur mélancolique loin des stridentes agressions trop souvent utilisées dans les films d’épouvante récents. Malheureusement, l’intrigue ne s’élève jamais à la hauteur de ce splendide écrin visuel et échoue à passionner un spectateur à présent lassé de ces spectres revanchards. Très classique, cette vengeance post mortem invite, une nouvelle fois, l’inévitable jeune fille fantôme aux longs cheveux noirs et sales, ici d’une taille imposante. Les scènes de frousses alternent donc les moments feutrés, basés sur l’atmosphère oppressante, et les effets de terreur éculés comme cette main surgissant opportunément pour saisir l’héroïne. Les meurtres, peu nombreux, sont cependant théâtralisés de belle manière même si on regrette que Kim Ji-Hwan ne se laisse pas aller à plus de vigueur.
Languissant et bavard, EVIL TWIN place finalement le fantastique au second plan en privilégiant le drame romantique en costume, une option respectable mais qui verse malheureusement dans un académisme un peu figé. Kim Ji-Hwan cherche clairement à se démarquer de la masse des films d’épouvante interchangeables dont l’Asie nous abreuve depuis une dizaine d’années mais sa tentative d’élever le sujet ne convainc pas entièrement.
Au terme d’une grosse heure de projection, EVIL TWIN s’achemine doucement vers un twist final réussi même si quelque peu prévisible et, à vrai dire, guère original. Il faut dire que le thème de la gémellité a déjà donné au cinéma coréen un chef d’œuvre comme DEUX SŒURS et, malgré de louables efforts, Kim Ji-Hwan ne parvient pas à se hisser à ce niveau de réussite. Reconnaissons toutefois que le rythme posé et l’alternance d’épouvante, de romance contrariée et de fantastique discret s’avère intéressant et réussit à maintenir l’attention du spectateur jusque la révélation finale.
En résumé, EVIL TWIN tente de se frayer un chemin dans le domaine surchargé des histoires de fantômes asiatiques mais n’y parvient que partiellement. Saluons cependant la réussite artistique réelle du métrage et la volonté manifeste de sortir des sentiers battus en transposant une histoire banale dans un cadre historique. Une tentative louable même si seulement à moitié réussie.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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