The Feeding

Un texte signé André Quintaine

Le Survival et le Slasher sont des genres qui permettent de produire des films pour un budget on ne peut plus serré. Nombre de producteurs l’ont compris et se sont orientés là pour placer leur argent. Ces deux genres sont d’autant plus intéressants qu’ils sont facilement modulables. Ainsi, avec à peine un peu plus d’ambition et de moyens financiers, vous pouvez aisément transformer un vulgaire Slasher en film de loup-garou. Mais remplacer un tueur sadique ou une famille de dégénérés par un lycanthrope n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Un loup-garou se devant d’avoir une certaine prestance, un maquillage soigné s’impose. De même, on ne filme pas de la même façon un animal et un être humain, aussi sauvage soit-il. Si les films de loup-garou sont aussi rares parmi les films semi professionnels, ce n’est pas pour rien…
Dans THE FEEDING, nous avons nos sempiternels adolescents qui se retrouvent pour un week-end de camping en forêt. Ils ne se doutent pas une seule seconde que l’endroit est surveillé de près par les gardes forestiers en raison de l’éradication des cerfs dans la région. Quelque chose tue et dévore tous les animaux et pourrait maintenant à s’attaquer aux hommes et donc aux campeurs. Deux professionnels sont d’ailleurs envoyés en expédition. Leur mission se résume à éradiquer la bestiole, si possible avant qu’elle ne tombe sur les joyeux campeurs.
On retrouve dans THE FEEDING la plupart des ingrédients censés nous livrer un honnête divertissement de série, du moins sur le papier, car, en réalité, les choses sont différentes.
Les adolescents ne sont pas insupportables mais le réalisateur peine à les rendre attachants, voire même crédibles. L’interprétation y est sans doute pour quelque chose. Non pas qu’elle soit de mauvaise qualité, c’est surtout le manque de direction d’acteurs qui se laisse ressentir. Notons que les dialogues sont également peu intéressants. Les discussions entre les jeunes font référence à des souvenirs obscurs auxquels nous ne sommes pas conviés… Le spectateur aura donc tendance à se sentir exclu de la phase du film consistant à nous présenter les principaux protagonistes…
Plus loin, c’est la réalisation de Paul Moore qui laisse à désirer. Elle s’avère tout particulièrement monotone. La caméra est désespérément fixe, même dans les scènes où le loup-garou passe à l’attaque. Le réalisateur n’en est pourtant pas à son premier film puisqu’il est déjà l’auteur en 2004 de DARK HARVEST. Dans le même genre, on regrettera le peu de confiance qu’il semble témoigner au maquilleur chargé de créer sa créature. A chacune des apparitions de cette dernière, l’image devient brutalement floue. On peut imaginer que cela n’a pas dû faire plaisir à l’auteur du maquillage de la bête.
Dans le domaine du gore, c’est également le calme plat avec très peu de choses à se mettre sous la dent.
Plus grave, c’est le manque de rythme qui plombe le film. La première partie se compose de bavardages incessants et interminables. La révélation concernant la créature qui se promène de bois en bois nous est d’ailleurs platement livrée à l’occasion d’un blabla inepte. Comme elle constitue la touche d’originalité du métrage, elle aurait mérité d’être amenée avec un peu plus de tapage.
Parmi les points positifs, notez une séance de baignade collective à laquelle prennent part 4 charmantes demoiselles. La gratuité de ce passage en fait sans aucun doute la meilleure scène du film !
THE FEEDING s’avère plutôt décevant, malgré l’explication surprenante et sympathique de la migration de la bête. L’amateur de loup-garou et de Slasher aurait finalement sans doute préféré plus de classicisme et être agréablement surpris dans le domaine du gore et de l’action.