retrospective

The Freakmaker

Réalisé en 1974 par Jack Cardiff, THE MUTATIONS est une petite curiosité du genre horrifique. Alors que le cinéma fantastique connaît un déclin en Grande-Bretagne, et que la Hammer traverse une période creuse, le producteur Robert D. Weinbach (LE CHAUDRON DE SANG) décide de remettre au goût du jour le film de freaks (phénomènes de foire). Ce désir est dû à la fascination de Weinbach pour le cultissime LA MONSTRUEUSE PARADE de Todd Browning, film auquel il veut rendre hommage. C’est à l’aide de son ami et associé Edward Mann (HALLUCINATION GENERATION – 1966) qu’il scénarisera THE MUTATIONS. Jack Cardiff est très intrigué par ce scénario hors du commun et renouvelant le thème de la mutation.
Plus connu sous sa casquette de chef opérateur et directeur de la photographie auprès des plus grands (Alfred Hitchcock, Orson Welles, Michael Powell …) Cardiff s’est prêter à quatorze reprises au jeu de la réalisation (notamment pour l’extraordinaire LE DERNIER TRAIN DU KATANGA) et signera avec THE MUTATIONS l’arrêt de sa carrière de metteur en scène.

Cette modeste série B sans prétention, réalisée pour 400.000 $, réunie un casting pour le moins étonnant et plaisant. Vincent Price était pressenti pour le rôle de Dr. Noller, le savant fou, mais sera remplacé par Donald Pleasence, figure majeure du cinéma fantastique, notamment pour son apparition dans LA NUIT DES MASQUES de John Carpenter. Ses yeux bleus et son regard fou font de lui un Dr Frankenstein botaniste tout à fait convaincant. On retrouve également Tom Baker (le quatrième Docteur Who) méconnaissable dans le personnage de Lynch, un directeur défiguré à la manière d’ELEPHANT MAN dirigeant un cirque de monstres. Julie Ege, future Hammer Girl pour LES SEPT VAMPIRES D’OR. Et Brad Harris, célèbre pour ses nombreux rôles dans des productions de péplums.

Pour ce film, Cardiff s’entoure d’artistes et de techniciens qui donneront à l’œuvre une originalité toute particulière. Paul Beeson, directeur de la photographie, donne au technicolor un aspect très intéressant et propre à son style. Du côté de la bande originale, Basil Kirchin (THE ABOMINABLE DR PHIBES) donne le la et nous plonge dans une ambiance organique, végétale et électronique, renforçant ainsi le propos du film. Enfin, au générique, Ken Middleham (PHASE IV) nous fait l’honneur d’un enchaînement de gros plans sur des plantes aux allures étranges, des fleurs vénéneuses s’ouvrant et grandissant en accéléré, le tout sur des couleurs humides et psychédéliques préparant le spectateur à la suite.

THE MUTATIONS raconte l’histoire du docteur Noller, chercheur en biologie, et conférencier en université à ses heures perdues. Non satisfait de ses recherches sur la modification et l’évolution des plantes, et sur leur fusion avec diverses espèces animales, le docteur Noller décide de passer à la vitesse supérieure en alliant cette fois-ci le code génétiques de végétaux à l’ADN d’êtres humains … Au même moment, arrive en ville un cirque de freaks tenu par Lynch, étrange personnage défiguré. Est-ce qu’un lien existe entre ces deux personnages ? Seul le film vous le dira … Bien que THE MUTATIONS soit un hommage à LA MONSTRUEUSE PARADE, Jack Cardiff va plus loin en montrant non seulement les freaks dans leur vie quotidienne, mais aussi durant leurs représentations sur scène.

Plusieurs membres de la troupe sont acteurs, d’autres sont de vrais performeurs tels que « l’homme Pretzel », « l’homme grenouille », « la femme alligator » et « Popeye ». La légende raconte que ce dernier s’amusait à effrayer la serveuse du bar en face du lieu de tournage en faisant sortir ses yeux de ses orbites. Le film de Todd Browning est clairement cité à plusieurs reprises avec des répliques telles que « nous l’acceptons » et « il est l’un des nôtres ».

Le long métrage ne sortira pas en France au cinéma et il faudra attendre les années 80 pour une première édition en VHS. Ce n’est que bien plus tard que l’œuvre ressortira en DVD, sous le nom de THE FREAKMAKER, titre préconisé par Weinbach dès le début de la production.

THE MUTATIONS est à voir, ne serait-ce que pour son générique sublime et psychédélique. Les créatures mi-plantes mi-hommes valent-elles aussi le détour et placent le film comme curiosité incontournable du genre.

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