Dossierreview

The Guild

Comme l’explique un court texte au début de THE GUILD, l’action se passe en 1678 : le Danemark et la Suède luttent pour le contrôle de la Scanie. Le film reste cependant assez obscur quant au pourquoi de cette lutte et sur ce que peut apporter le contrôle de cette province (située en fait à l’extrémité sud de la Suède).

Ce n’est certes pas indispensable à la compréhension de l’intrigue mais, étant donné que des histoires se déroulant dans ces régions sont assez rares (nous sommes plus habitués à entendre parler de l’indépendance des Etats-Unis), cela aurait été un plus appréciable.

Dans ce contexte de lutte, les habitants de la Scanie, placés entre le marteau et l’enclume, ont été obligés de rallier un camp ou l’autre, ou encore de devenir rebelles. Nils, jeune homme pacifiste rêvant de devenir prêtre, secoure des rebelles et les cache dans sa ferme. Hélas, l’armée ennemie a vent de cela et, alors que Nils est parti à la recherche du reste de la troupe des rebelles, toute sa famille est décimée. Désirant mourir en se vengeant, il attaque le premier groupe de rebelles qu’il rencontre. Au moment où ils vont le mettre à mort, il est secouru par une femme à qui il avait sauvé la vie quelques temps auparavant. Il rejoint donc les rebelles, devenus une troupe de guérilla luttant contre l’envahisseur.

Derrière ce film, il y a deux réalisateurs suédois. Mans Marlind et Björn Stein ont déjà réalisé plusieurs films et série télé ensemble, dont UNDERWORLD 4. En s’attaquant ainsi à un pan de l’histoire de leur pays, nul doute qu’ils désiraient d’une part faire un vrai film épique, et d’autre part parler de leur pays et de son histoire, peu connue du grand public.

Si le contexte historique du film est original, l’histoire l’est hélas beaucoup moins. En effet, le scénario suit grosso modo la même ligne directrice que THE PATRIOT, une famille coincée entre deux camps. Les fils rêvent de prendre les armes mais le père, héros de la guerre, refuse car il sait ce que c’est.

Le seul changement est que nous suivons le plus jeune fils, croyant que tous les gens qui lui sont chers se sont fait massacrer et qui va combattre, pour se venger et sauver son pays. Il pratique la lutte de guérilla aussi, rencontre un chef particulièrement vil et méchant… A cela s’ajoutent d’autres moments classiques, comme le héros frappé en plein coeur d’une balle, mais arrêté par la bible dans sa chemise (jolie symbolique amenée avec de gros sabots), la femme du méchant qui comprend sa vilenie et tombe amoureuse du héros, et bien d’autres choses…

Rapidement, donc, le spectateur se retrouve capable de raconter chaque séquence du métrage avant qu’elle n’arrive… Cela ne serait évidemment pas grave si un souffle épique traversait le film. Les scènes d’action sont cependant assez rares et nous ne voyons jamais de batailles rangées (sans doute à cause du budget). Et si elles ne sont pas trop mauvaises, elles auraient cependant pu être bien meilleures. Les séquences essaient d’osciller entre le cape et d’épée et le réalisme. Et, de ce côté, elles parviennent néanmoins à un juste milieu agréable.

Cependant, les réalisateurs, pour donner dans le dynamisme et l’iconisation des personnages, les héros prenant des poses stylisées, usent et abusent d’une part des ralentis et d’autre part des mouvements brusques de caméra. A certains moments, ces ralentis se révèlent judicieux, accentuant un coup d’épée ou de fusil, mais à trop en mettre, les scènes versent parfois dans le ridicule. Et, à secouer la caméra dans tous les sens, le spectateur se retrouve hélas plus souvent nauséeux que happé par l’action. Heureusement, les réalisateurs n’hésitent pas à montrer une guerre sale et sanglante, refusant d’édulcorer le conflit.

Ces scènes de bataille étant rares, le métrage nous montre beaucoup de déplacements dans la campagne magnifique, et de nombreux dialogues assez classiques. Seul sort du lot le vil méchant, délicieusement charismatique et monstrueux.
Le film aurait pu être plaisant à regarder (en grande partie grâce à l’exotisme du lieu) sur une durée classique. Mais, s’étendant sur plus de deux heures trente de métrage, il s’enlise dans un certain ennui. Comme l’action est peu présente, répétitive et trop secouée par les incessants mouvements de caméra, que l’histoire est d’une prévisibilité des plus agaçantes, vraiment trop proche de THE PATRIOT dont il aurait pu être le remake, le spectateur finit par trouver le temps bien long, même si de nombreuses scènes ravivent l’intérêt.

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