The Hamiltons
Quand il réalisa au début des années 70 son MASSACRE A LA TRONCONNEUSE Tope Hooper ne devait pas se douter que plus de trente ans après on continuerait à s’en inspirer, à lui rendre hommage, enfin bref à ce que des jeunes cinéastes lui vouent un tel culte que planerait son ombre sur leurs travaux. Aidé par le phénomène de la télé réalité, l’horreur est devenu un joli fruit que de jeunes malins n’hésitent pas à faire plonger dans le glauque, avec toujours ce désir de « faire vrai ».
En pleine mode HOSTEL ou SAW, les frères Butcher (un joli nom derrière lequel se cache Mitchell Altieri et Phil Flores) ont choisis d’emboîter le pas de ces nouveaux modèles pour leur premier long métrage. Mais au contraire de ces derniers, nos joyeux lurons abordent le genre sous un angle différent. Alors que la séquence d’ouverture laisserait croire que THE HAMILTONS serait un nouveau film mettant en scène des fondus de la hachette, des fanas du charcutage de blondes, ou de disgracieux collectionneurs d’organes humains, le générique passé c’est à un tout autre film que nous assistons.
Voici l’histoire de quatre frères et sœurs qui ont eu le malheur de perdre leurs parents (un peu LA VIE A CINQ si vous voulez). Le petit dernier, Francis, adolescent mal dans sa peau, tente de trouver sa place et de nouveaux repères. Ce qui ronge le jeune homme c’est un secret de famille lourd à porter, lui qui se voudrait comme les autres : les Hamiltons sont des vampires.
Notre première surprise vient de ce choix plutôt audacieux : suivre cet adolescent, un ado dont un Gus Van Sant aurait pu suivre les pas, au rythme de son mal existentiel. D’horreurs il y en est question, comme tous vampires les Hamiltons ont besoins de sang et pour cela rien de tel que de prélever celui de jeunes à la santé vigoureuse, mais toute la singularité du métrage réside dans ce choix, loin des sentiers battus et des modèles des pop-corn movies où un méchant masqué élimine un à un des crétins qui ont eu la bonne idée d’aller se peloter auprès d’un lac où chaque année a lieu une tuerie.
Bien sûr, on peut regretter certains choix de mises en scènes (notamment ce choix insistant de voir à travers la DV de Francis), pas toujours très fine et emballantes, mais THE HAMILTONS, s’il a d’évidentes qualités, a également les défauts d’un premier film.
Les frères Butcher (avec ce nom aurait-il pu mettre en scène et écrire Love Story ?) suivent Francis dans son cheminement personnel, sa quête identitaire, jusqu’à ce qu’il accepte enfin sa condition et de se voir comme il est réellement.
La chronique d’un adolescent aux prises avec sa conscience voilà qui est suffisamment intéressant quand on évoque un film de genre et qui mérite d’être salué, surtout quand cela est fait non sans un certain talent. Les travaux futurs des Butcher brothers n’en sont que plus attendus.