The Innkeepers

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2011 - Ti West
Interprètes : Sara Paxton, Pat Healy, Kelly McGillis, George Riddle

Après deux premiers longs-métrages, reconnaissons-le, franchement pas terribles, Ti West sort en 2009 ce qui est pour l’instant son chef d’œuvre instantané, HOUSE OF THE DEVIL. Il faut croire que ce troisième opus amorce chez le jeune réalisateur une prise de conscience stylistique et narrative qui le propulsent immédiatement parmi les talents les plus prometteurs de l’horreur. S’il déçoit dans la foulée avec CABIN FEVER 2, le film, qui a subit beaucoup de problèmes de production, ne satisfait pas son réalisateur, même s’il est traversé de quelques moments fulgurants. Ainsi, à l’heure où son nouvel opus s’apprête à envahir (ou du moins à sortir sur) les écrans américains, doit-on s’attendre à une nouvelle réussite ou à un retour à des bandes plus que moyennes de la qualité de THE ROOST ?
Claire et Luke sont les deux derniers employés qui demeurent au service du Yankee Pedlar Inn, un hôtel vieillot situé dans une petite ville de Nouvelle Angleterre. En effet, à la fin du week-end, l’établissement doit fermer et le duo veille sur les derniers clients. L’ennui, qui les menace depuis très longtemps, devient une réalité, mais Claire et Luke ont un hobby des plus sympathiques : ils passent leur temps à guetter et écouter les fantômes et autres esprits qui hantent les lieux. Théâtre d’un drame de la jalousie deux siècles plus tôt, le Yankee Pedlar Inn serait, selon Luke qui a été témoin de plusieurs évènements étranges, réellement hanté. Si Claire suit d’abord le mouvement par amitié pour son collègue et tuer le temps, elle va rapidement se rendre compte que cette distraction est plus que dangereuse…
Spectateurs, attention : plus encore que HOUSE OF THE DEVIL, THE INNKEEPERS est un film qui prend son temps. Ti West ancre son nouvel effort dans une structure de films de fantômes intemporelle, en revenant à la simplicité des fondamentaux : portes qui claquent, grincements et quelques apparitions aussi terrifiantes que furtive. Là où la lenteur de HOUSE OF THE DEVIL contribuait à l’élaboration d’un suspens qui montait crescendo jusqu’au déferlement final, ici la lenteur initiale débouche également sur un climax furieux mais elle ne recherche pas les mêmes effets. THE INNKEEPERS est avant tout un film de personnages et sa structure leur fait la part belle. Quasiment toute la première heure du film est consacrée à leur description et à celle de leur relation. Ce procédé casse-gueule fonctionne parfaitement, tant l’écriture des protagonistes est fine et crédible. Ti West, qui signe également le scénario, parvient à faire adhérer le spectateur aux personnages de manière au moins aussi intense que plusieurs épisodes d’une même série télé. Evidemment, un parti pris aussi radical ne peut pas plaire à tout le monde mais une fois le procédé accepté, tout le reste n’est que bonheur. Collé aux baskets du décalé Luke (Pat Healy, quadra qui en est resté à une tête de geek de trente ans) et de la rigolote Claire (Sarah Paxton, vingt-trois ans mais toujours une mignonne petite bouille de fillette) le spectateur adopte leur point de vue et dès lors, c’est le grand huit, mais un grand huit qui refuse tout effet inutile et s’attache à rester dans la suggestion, à de rares exceptions prés. Fausses pistes, clients inquiétants, menace diffuse…tous les codes sont alors utilisés avec brio pour faire frémir des deux côtés de l’écran, jusqu’à un climax terrorisant…et diaboliquement tragique. Oui, THE INNKEEPERS est un film de trouille qui parvient à émouvoir, non pas à cause de ses fantômes, mais bel et bien grâce à ses protagonistes humains. THE INNKEEPERS renouvelle-t-il l’exploit de HOUSE OF THE DEVIL ? Pas tout à fait, car, paradoxalement, il lui ressemble trop mais demeure un excellent film, dont l’ultime plan remet malheureusement en cause la finalité du script. Mais peut-être est-ce là un rajout de dernière minute pour éviter à THE INNKEEPERS de sombrer dans la noirceur de la tragédie…


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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