THE LAST GIRL – celle qui a tous les dons

Un texte signé Sophie Schweitzer

Royaume-Unis - 2016 - Colm McCarthy
Titres alternatifs : The girl with all the gift
Interprètes : Sennia Nanua, Gemma Arterton, Glenn Close,

Dans la campagne anglaise, une base militaire retient prisonnier un groupe d’enfants. Ces derniers sont peu ordinaires, en effet, même s’ils ont été infectés par le virus « zombie » ils conservent leur capacité à penser, et même, à ressentir. Dernier espoir de l’humanité qui les gardent sous étroite surveillance afin de les étudier, ces enfants sont au cœur d’un projet visant à créer un vaccin. Lorsque la base est attaquée par les affamés, Mélanie, l’un d’eux, se retrouve en fuite accompagnée de son professeur, d’une biologiste déterminée à prélever son cerveau et sa colonne, ainsi que de deux soldats. Rapidement, l’équipe comprend que Mélanie est plus que le dernier espoir de l’humanité, elle est la seule à pouvoir les aider à survivre.

Seconde réalisation de Colm McCarthy, THE GIRL WITH ALL THE GIFT est une production anglaise de BFI. Son côté britannique se ressent fortement dans l’ADN du film. D’abord par la couleur de peau de notre héroïne, comme on le sait, l’Angleterre arrive assez souvent à donner des premiers rôles à des acteurs non caucasien, comme Idris Elba par exemple. Et puis aussi par sa manière d’aborder les zombies assez différente comme on pouvait le voir dans la série In the Flesh qui regardait la société britannique au travers du regard critique des zombies.

Et les séries anglaises, c’est un sujet que connaît bien le jeune cinéaste. En effet, Colm McCarthy a fait ses armes à la télévision sur DOCTOR WHO, SHERLOCK et PEAKY BLINDERS, entre autres. Avant cela, il avait produit et réalisé son premier long métrage, OUTCAST, un drame fantastique mêlant le folklore celte et le milieu populaire irlandais. Ayant laissé le public plus que curieux envers son œuvre, il est indéniable que THE GIRL WITH ALL THE GIFT est fortement attendu par le public.

Ce qui fait autant saliver les réseaux sociaux qui relaient la bande annonce depuis son apparition sur le net, c’est bien évidemment son casting pour le moins alléchant. Glenn Close est toujours aussi extraordinaire pour camper des personnages à la personnalité trouble et au cœur froid attire le regard, mais la brillante et séduisante Gemma Arterton pourrait bien lui voler la vedette. Ceci dit, l’actrice qui étincelle le plus est indéniablement Sennia Nanua, révélation du film, jouant incroyablement la gamine capable de sauver ou de détruire l’humanité.

Si le film a rapidement buzzé c’est sans doute parce qu’il emprunte de beaucoup à l’univers du jeu vidéo à succès THE LAST OF US. A la fois pour l’explication du virus, qui est ici une sorte de champignon, mais aussi pour la manière de montrer la décrépitude des villes et de l’urbanisation complètement reprise par la nature. Enfin, et surtout, la thématique d’une jeune fille représentant la dernière chance de l’humanité. Dans le jeu vidéo, c’était Joel qui décidait de condamner l’humanité ou Ellie, ici c’est Melanie, la jeune fille qui détient la réponse.

Son décor post apocalyptique et l’idée qu’une seconde génération de zombie puisse exister et être doté d’une intelligence potentiellement supérieure à celle de l’humanité rappelle également JE SUIS UNE LÉGENDE, le roman à succès de Richard Matheson adapté à trois reprises au cinéma, la dernière fois en 2007 par Francis Lawrence. Dans cette dernière adaptation, on trouvait déjà un décor post-apocalyptique où la nature avait repris ses droits. Ici, c’est encore plus vrai puisque la nature même du virus est une plante. De là à y voir une critique de la manière dont l’humanité détruit la terre, il n’y a plus qu’un pas.

Mais ce qui étonne dans THE GIRL WITH ALL THE GIFT c’est la douceur qui émane du film. On reste tout le temps collé au point de vue de notre jeune héroïne, de Mélanie. Si on la quitte, de rares fois, ce n’est que pour mieux la retrouver. De cette gamine traitée comme un monstre assoiffé de sang émane une douceur, une forme d’innocence mais aussi de sagesse qui étonne. La mise en scène moderne suit également.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà


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