The Last House in the Woods

Un texte signé Patryck Ficini

Italie - 2006 - Gabriele Albanesi
Titres alternatifs : Il Bosco Fuori
Interprètes : Daniela Virgilio, Gennaro Diana, Santa de Santis, Daniele Grassetti, David Pietroni

Une jeune femme et son petit ami sont sauvés des griffes d’une bande de voyous par un homme étrange. En fait, ils tombent de Charybde en Scylla puisqu’il n’est autre que le pater familias d’une bande de dégénérés cannibales.
Si certains ont vu avec le film de Gabriele Albanesi un retour aux sources pour le cinéma de genre italien, cela peut se discuter. Bien sûr les effets gore sont nombreux et vomitifs, filmés comme à la belle époque de Maître Fulci (plutôt seconde période). Gage de qualité : c’est Sergio Stivaletti qui les signe (tout en produisant le film avec les Manetti Brothers – auteurs de l’hommage parodique et hi-hop au fumetto sexy, ZORA LA VAMPIRA).
Cependant, mis à part ce goût pour le sanglant (qui est italien mais pas seulement, soyons honnêtes), LAST HOUSE louche en fait plutôt du côté du film d’horreur américain, et plus particulièrement du survival.
La chose est excitante : depuis le retour du cinéma d’horreur européen, on a vu des survivals qui égalent ou surclassent sans peine leurs devanciers d’outre-atlantique : THE DESCENT et EDEN LAKE en Angleterre, FRONTIERE(S) en France (c’est aussi le français Alexandre Aja qui s’est chargé du superbe remake américain de LA COLLINE A DES YEUX, classique des classiques), que du brutal et du (très)bon. On peut citer aussi l’espagnol LES PROIES.
Alors que l’Europe s’est (re)mise au cinéma de genre (l’Allemagne aussi), on ne se lasse pas de regretter depuis des années qu’il n’en aille pas de même en Italie, pays qui a une époque pas si lointaine était au top en la matière (western, polar, horreur, tout y passait !). Sans doute cela est-il dû à la situation économique même du cinéma italien « tout-court », peu propice à l’émergence d’un cinéma parallèle, « bis ». Attention, cela ne signifie nullement qu’il ne se produit plus de films de genre en Italie.Simplement ils sont rares et ne trouvent pas forcément d’échos critique ou public. Ainsi, Argento est toujours actif, Soavi a fait son grand retour avec ARRIVEDERCI AMORE CIAO, toujours au rayon polar, ROMANZO CRIMINALE a quant à lui triomphé et se voit même adapté en série T.V. Même Claudio Fragasso, ex compère de Bruno Mattei (lui aussi toujours vert jusqu’à sa mort il y a peu) a pu réaliser la suite de son très bon PALERME-MILAN ALLER SIMPLE. On le voit, les films de genre italiens d’aujourd’hui sont souvent des policiers et touchent plus rarement à l’horreur. Le néo-giallo OCCHI DI CRISTALLO de Eros Puglielli est d’ailleurs entre les deux, comme tout bon psycho-thriller. Tout n’est pas perdu néanmoins : des amateurs ou des semi-amateurs comme Ivan Zuccon ou Christian Arioli (le court IL VIRUS) ont réussi à fournir de bons travaux horrfiques en vidéo en attendant qu’on leur donne leur chance avec un film cinéma. C’est un peu dans ce contexte qu’il faut appréhender LAST HOUSE IN THE WOODS – et donc absolument pas en le comparant aux survivals que nous venons d’évoquer, assurément plus pros, plus friqués, et reconnaissons-le, d’une autre force. O.k l’image (genre petite série TV) ne vaudra jamais celle d’un film traditionnel mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ?
LAST HOUSE IN THE WOODS (malgré son titre anglo-saxon évocateur du premier bijou de Wes Craven) est un hommage appuyé à MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. On y retrouve la même famille de dégénérés cannibales, la tronçonneuse ( !), le repas anthropophage avec l’otage féminine attachée qui hurle, la course finale de l’héroïne sur la route… Les MASSACRE de Tobe Hooper sont clairement la référence du réalisateur italien, même si on a effectivement aussi des voyous tarés tout droit sortis de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE .
Paradoxalement, c’est la violence plus réaliste des voyous (moins gore que celle des cannibales) qui effraie le plus. Le spectateur la ressent plus fortement. Ainsi, la scène où ils agressent le couple d’amoureux héros de LAST HOUSE est très bien fichue, d’une brutalité sordide.
Gabriele Albanesi a pour lui sa bonne volonté, un sens efficace du découpage, des effets gore réussis et des acteurs globalement convaincus et convainquants. C’est déjà beaucoup. La fin, qui met en scène l’enfant des cannibales et une petite victime qu’ils ont recueillie, est même émouvante.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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