Un texte signé Patryck Ficini

Japon - 2007 - Noboru Iguchi
Interprètes : Minase Yashiro, Asami, Kentaro Shimazu,Nobuhiro Nishihara, Riyousuke Kawamura

asian-scans

The Machine Girl

Le frère de Ami a été tué par le gang de jeunes qui le harcelait. Sa soeur n’a qu’un but : le venger. Ce sera plus difficile que prévu car le chef de la bande est le fils de l’oyabun tout puissant d’un clan yakuza. Le bodycount peut commencer…
THE MACHINE GIRL fait certainement partie de la nouvelle vague du film d’action gore nippon,lancée mondialement avec le succès du très long VERSUS, un peu comme le délirant MEATBALL MACHINE (plutôt dans l’esprit de TESTUO 2 quant à lui). TOKYO GORE POLICE semble de la même eau, aussi sanglante que délirante.
THE MACHINE GIRL, au fond, est un manga live où tous les excès hallucinants de la B.D japonaise (Violence Jack de Go Nagaï pour n’en citer qu’une) deviennent possibles à l’écran.
L’hystérie est collective, les personnages caricaturaux autant qu’immoraux (même les héroïnes sont des sadiques cinglées obsédées par la vengeance), à commencer par le gang de yakuzas ninjas ( !) qui est progressivement déboulonné par THE MACHINE GIRL herself. Le père est une sorte de samouraï taré et sadique (il fait boire son sang à son fils lors d’un entraînement au katana !), la mère une femme superbe encore plus sadique, leurs hommes de main, des nécrophiles ineptes (le père leur permet généreusement de se taper une collégienne fraîchement tuée, bon appétit).
Impossible d’être partie prenante de la vengeance de la soeur et de la mère de deux victimes, aussi mignonnes soient-elles. Même si le réalisateur joue parfois sur la corde sensible, ça ne marche pas. On se demande même ce qu’il lui prend tant il est évident que THE MACHINE GIRL n’est pas l’un de ces grands films de vengeance (qui abondent dans le western italien et dans le cinéma d’arts martiaux chinois) où l’identification du spectateur est totale avec le vengeur impitoyable. THE MACHINE GIRL est définitivement un film grotesque, lourdingue, vulgaire, obsédé par la surenchère. Il est largement plus proche, dans l’esprit, de EVIL DEAD 2 ou de BAD TASTE que de DJANGO (malgré la mitrailleuse du titre, greffée au bras de l’héroïne comme le psycho-gun de COBRA, ou comme le fusil mitrailleur, sur la jambe cette fois, de la gogo danceuse Rose Mc Gowan dans PLANET TERROR). Comme le Ash des EVIL DEAD, Ami remplacera même son arme à feu par une tronçonneuse pour le duel final (contre la mère de famille et son soutien-gorge perforeur qui lui déchiquetera les seins !). Au rayon des armes bizarres, le big bad boy use d’une guillotine volante, qui fera fantasmer les fans du grand Wang Yu.
THE MACHINE GIRL est très très gore, avec des effets spéciaux souvent dégueulasses et réussis (une femme, un couteau planté dans la bouche, vomit tripes et langue sur la tête tranchée de son fils assassin ; le tronc de l’ado servira à asperger copieusement le père !). Tous les combats sont prétextes à des déferlements d’hémoglobine craspecs. On a même droit à une scène de torture où nos vengeuses plantent des clous dans la tête d’un yakuza pour le faire parler, avec une jubilation proprement terrifiante. Enfoncé, Jack Bauer. Il est clair qu’il n’y a pas de vrais gentils dans THE MACHINE GIRL : ils ont perdu la tête ! Ami déclare elle-même être devenue un démon.
Les méchants ne sont pas en reste : ils tranchent les doigts d’un cusinier maladroit et le forcent à les avaler sur du sushi ! Quand ils capturent Ami, ils la passent à tabac et lui coupent la main.
Certes, THE MACHINE GIRL, à la musique prenante, c’est souvent tout et n’importe quoi. N’empêche, surchargé et bourratif comme une pièce montée, le film de Noboru Iguchi s’avère sacrément réjouissant. Peut-être influencé aussi par les excès de Takashi Miike (et notamment par ICHI THE KILLER), THE MACHINE GIRL enchaîne les délires ultra-violents les uns à la suite des autres. On se demande où Noboru Iguchi va chercher tout ça. THE MACHINE GIRL est de plus constamment sympathique car l’auteur reste modeste, plus proche en cela du Robert Rodriguez de PLANET TERROR que de son complice Tarantino (KILL BILL, pour rester dans le thème). Iguchi sait ce qu’il fait , coment il le fait et pour qui il le fait. Il ne prétend jamais à plus et oublie de se regarder le nombril. D’autres devraient retenir la leçon : c’est le meiileur moyen de faire du vrai cinéma de genre.


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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