Un texte signé Stéphane Pretceille

Sud-Coréen - 2011 - Lee Jeong-beom
Interprètes : Won Bin, Sae-Ron Kim, Kim Saeron

DossierL'Etrange Festival 2011review

The man from nowhere

Des flics guettent une bande de trafiquants de drogue dans un resto branché. Le deal ne se passe pas comme prévu, une petite main subtilise la came à l’insu des gangsters et des flics. De retour dans son immeuble où l’attend sa fille, une gamine bavarde de 7 ou 8 ans, la voleuse croise son voisin, un jeune homme taciturne à la mèche rebelle. En dehors de son boulot de préteur sur gage, cet étrange personnage ne voit personne si ce n’est la gamine de la voisine qui le colle dès qu’elle le croise dans les couloirs de l’immeuble. On ne sait pas si il est agacé par son babillage ou amusé. Pendant ce temps, les trafiquants de drogue se rapprochent de la voisine trainant derrière eux toute une brigade de police. On devine que ce mystérieux voisin va rapidement se retrouver au cœur de cette affaire criminelle.
 
Polar romantique, tragique, le réalisateur fait tout son possible pour nous emmener dans cette histoire très inspirée du surestimé LEON de notre Luc Besson national. Traversant tout le film, la relation entre le héros tourmenté et une gamine, se retrouvant malgré elle otage d’une mère criminelle, nous est servie avec une maladresse impressionnante. Est-ce la faute des voix françaises ou d’un réalisateur qui prendrait les spectateurs pour de simples d’esprit ? Jamais une gamine n’a été aussi insupportable. Ses déclamations sentimentales vis-à-vis du voisin aussi mutique qu’elle est bavarde, parasite le film, lui donne ce très mauvais goût du film conçu par un metteur en scène qui cherche plus que tout à nous mettre dans sa poche, quitte à sortir la grosse artillerie.
 
Mais heureusement, ce qui sauve cet homme venu de nulle part, comme dans nombre de productions sud coréennes, ce sont les scènes d’actions et les bastons à l’arme blanche. Impressionné par la rapidité d’action et la violence des coups du héros, un membre du gang à la recherche de la dope, maniant lui-même avec dextérité un couteau en forme de serpe, verra en cet ennemi redoutable l’occasion d’un combat à sa hauteur. John Woo et ses gunfights homériques ne sont pas loin. Le duel entre ces deux tueurs, plusieurs fois ajourné, nous vient directement du réalisateur de THE KILLER, il ne manque plus que le passage d’une colombe pour s’y croire vraiment. Monsieur Lee Jeong-Beom connaît assurément ses classiques, en bon élève il nous ressert du déjà vu avec application.
 
C’est donc une histoire qui recèle tous les ingrédients pour capter à la fois l’attention des amateurs de castagne saignante et celle des jeunes filles, avec un héros beau gosse rongé de l’intérieur par la perte d’un être cher. Une dose d’humour et de tendresse en y ajoutant une gamine qui n’a pas sa langue dans sa poche et voilà un script qui devrait attirer les foules orientales et occidentales. Exemple intéressant d’un cinéma mondialisé dénué de toute saveur, remplissant son cahier des charges sans originalité. Là où bien souvent le cinéma sud coréen nous balance avec joie des bonnes claques que l’on redemande avec impatience (THE CHASER, MEMORIES OF MURDER, DEUX SOEURS), cet objet filmique est le cousin de ce qui se fait de pire à Hollywood, un cinéma sans aspérité, lisse, conçu pour plaire et attirer le plus grand nombre sans chercher à déranger personne.


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- Article rédigé par : Stéphane Pretceille

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