The Man From The Future

Un texte signé Claire Annovazzi

Brésil - 2011 - Claudio Torres
Titres alternatifs : O Homem do Futuro
Interprètes : Wagner Moura,Alinne Moraes,Maria Luísa Mendonça,Fernando Ceylão

João danse avec sa petite amie sur scène, pendant une fête universitaire costumée, et chante sa jeunesse et l’avenir qu’il a devant lui… jusqu’à ce qu’il se réveille. João n’est plus un jeune homme. Blasé, il enseigne sans motivation la physique à des étudiants qui n’en ont rien à faire, tout en revivant sans cesse sa propre période estudiantine, illuminée par la belle Helena. Il n’a plus qu’une seule passion : ses recherches sur une nouvelle source d’énergie. Et il est prêt à tout pour les faire aboutir, y compris désobéir à Sandra, sa supérieure et ancienne camarade d’université. Quand il décide de prouver l’innocuité de son invention en pénétrant lui-même dans l’accélérateur de particules, il ne s’attend pas à se réveiller vingt ans plus tôt, le matin du jour qui allait décider du reste de sa vie. Et s’il se créait un nouvel avenir ?

Le cinéma brésilien n’est pas vraiment ce que l’on connaît de mieux en France, à part peut-être quelques drames sociaux tels que CENTRAL DO BRAZIL (Walter Salles, 1998) ou LA CITÉ DE DIEU (Fernando Meirelles et Kátia Lund, 2002) qui ont fait parler d’eux dans les festivals et ailleurs.
Plus récemment, TROUPE D’ÉLITE (2007), réalisé par José Padilha et co-écrit par Bráulio Mantovani (qui était aussi à l’origine de LA CITÉ DE DIEU), a récolté à son tour une poignée de prix autour du globe : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, etc. Même s’il ne s’affranchit pas du contexte social si cher au cinéma de ce pays, TROUPE D’ÉLITE est un film d’action violent, qui dénonce la criminalité et la corruption au Brésil – à tel point qu’il a été l’objet de poursuites de la part de la police militaire qui se plaignait de leur image dans le film.
TROUPE D’ÉLITE a aussi été un formidable tremplin pour l’acteur Wagner Moura, qui est également à l’affiche de THE MAN FROM THE FUTURE, présenté au 31ème Brussels International Fantastic Film Festival.

Abandonnant ici la mine renfrognée du militaire en colère, Moura livre une performance à la fois drôle et émouvante par la justesse de son interprétation. Jouant pas moins de trois versions de son personnage, il parvient à naviguer entre elles et à donner à chacune une certaine couleur : l’innocence, l’amertume ou l’espoir, de sorte que l’on oublie presque que c’est une seule et même personne. Jonglant entre les scènes humoristiques, à grand renfort de grimaces et de gestes désordonnés, et les scènes plus dramatiques où ses yeux brillent sous l’émotion, il permet au spectateur de s’identifier à João complètement.
En cela, Moura est aidé par une caméra qui nous met souvent à la place du personnage, ou le collant de si près qu’on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine empathie.
THE MAN FROM THE FUTURE est par ailleurs un extraordinaire véhicule pour l’acteur, qui en plus d’y jouer en quelque sorte trois personnages et d’occuper l’écran pendant toute la durée du métrage, en profite pour y interpréter la plupart des chansons, soit seul, soit avec son groupe Sua Mãe – parmi lesquelles on notera une version lancinante et presque sexy du Creep de Radiohead.
Il est parfaitement secondé par la belle Alinne Moraes. Ancienne top model reconvertie aux rôles un peu tangents dans les telenovelas si fameuses dans son pays, elle semble être l’incarnation vivante d’Helena. Elle aussi réussit avec brio à illustrer toutes les facettes de son personnage, tour à tour icône populaire intouchable, étudiante amoureuse et femme désabusée.
Le duo rend crédible l’aspect “comédie romantique” du film, même si le comique n’est pas souvent présent dans leur relation.

THE MAN FROM THE FUTURE est quand même une comédie. C’est un film d’amour aussi, mais c’est surtout un film de science-fiction.
Le voyage dans le temps est un thème incontournable de la SF, décliné dans de multiples œuvres célèbres : RETOUR VERS LE FUTUR (Robert Zemeckis, 1985 pour le premier film), L’ARMÉE DES DOUZE SINGES (Terry Gilliam, 1995) ou TERMINATOR (James Cameron, 1984), entre autres. L’élément clé de tous ces films est l’exploration du paradoxe temporel, et si possible sa résolution – en général, le voyageur temporel est à l’origine de l’événement qu’il est venu éliminer, l’enfermant dans une boucle de causalité, ou crée un présent alternatif en bouleversant le passé.
THE MAN FROM THE FUTURE n’échappe pas à la règle. Le paradoxe temporel est au cœur du film : après son premier voyage dans le passé, João découvre que tout n’a pas changé qu’en bien, et que l’essentiel – sa relation avec Helena – est toujours un désastre, l’obligeant à envisager un second voyage. En bref, comme dans RETOUR VERS LE FUTUR 2 : revenir au point de départ et remettre les choses en ordre. Jusqu’à une révélation finale qui, si elle brouille tellement les pistes que le spectateur peut s’en trouver un peu perdu, termine le métrage sur une note heureuse.
Après tout, c’est aussi une comédie romantique. Mais il ne faut pas bouder son plaisir. THE MAN FROM THE FUTURE est drôle, scénaristiquement intéressant, interprété avec brio. À ranger à côté des films précités.

Retrouvez notre couverture de l’Etrange festival 2013.

Retrouvez notre couverture du 31ème Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF).


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- Article rédigé par : Claire Annovazzi

- Ses films préférés : Une Balle dans la Tête, Fight Club, La Grande Bouffe, Evil Dead, Mon Voisin Totoro


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