The Maze

Un texte signé Philippe Chouvel

Etats-Unis - 1953 - William Cameron Menzies
Interprètes : Richard Carlson, Veronica Hurst, Katherine Emery, Michael Pate, John Dodsworth, Hillary Brooke

Gerald MacTeam a tout pour être un homme heureux. Il passe d’agréables vacances sur la Côte d’Azur et s’apprête à épouser la femme qu’il aime, la délicieuse Kitty Murray. Hélas, le charme est bientôt rompu avec l’arrivée d’un courrier en provenance d’Ecosse. Gerald apprend que Sir Samuel, son oncle, se meurt au château de Craven. Par conséquent, en tant que seul héritier, sa présence au domaine est requise dans les plus brefs délais. MacTeam ne conserve pas un bon souvenir du château, dont sa dernière visite remonte à une bonne quinzaine d’années. A contrecœur, il quitte sa fiancée, lui promettant de revenir à temps pour le mariage. Mais Gerald ne rentre pas. Pire, il envoie un courrier dans lequel il rompt ses fiançailles, sans réel motif. D’abord effondrée, Kitty décide finalement de partir pour l’Ecosse afin de savoir ce qui s’est passé. Sa tante Edith l’accompagne. Sur place, les deux femmes sont accueillies froidement, non seulement par les domestiques, mais également par Gerald. Elles se rendent compte peu à peu qu’une malédiction ancestrale règne en ces lieux…
Avant de passer à la réalisation, William Cameron Menzies (1896-1957) travailla dans le Septième Art en tant que directeur artistique, dès la fin de la première guerre mondiale, puis comme décorateur. Il devient réalisateur au début des années ’30, et il tourne notamment à cette époque (1936) THINGS TO COME (LA VIE FUTURE), adaptation d’un roman de H.G. Wells, qui fera l’objet d’un remake en 1979 (THE SHAPE OF THINGS TO COME, ou ALERTE DANS LE COSMOS). Néanmoins, son film le plus connu reste le fameux INVADERS FROMS MARS (LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE) tourné en 1953, et que l’on peut considérer encore aujourd’hui comme l’un des classiques de la science-fiction US. Lui aussi fera d’ailleurs l’objet d’un remake, par Tobe Hooper en 1986.
Curieusement, Menzies réalise en cette même année 1953 un autre film qui restera dans l’ombre de son INVADERS FROM MARS. Ce film, THE MAZE, est pourtant doté de qualités. C’est un huis-clos se déroulant dans un sinistre château écossais, et où une famille d’aristocrates subit les affres d’une malédiction vieille de deux siècles. Tourné en noir et blanc, l’œuvre possède un parfum gothique agréable et bénéficie de plus d’un casting de qualité, chaque personnage étant à sa place dans ce métrage qui flirte avec bonheur tant dans le thriller que le fantastique.
A tout seigneur tout honneur, commençons par le héros du film, l’infortuné Gerald MacTeam, incarné par Richard Carlson. Acteur de films à « grand spectacle » (LES MINES DU ROI SALOMON), il passe avec bonheur à la série B, jouant tour à tour dans LE MONSTRE MAGNETIQUE, LE METEORE DE LA NUIT et L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR. Plus tard, le public aura encore l’occasion de le voir dans un autre film fantastique : LA VALLEE DE GWANGI. Carlson est entouré d’acteurs talentueux dont une partie présente la particularité d’avoir joué avec Boris Karloff. C’est le cas de Katherine Emery (L’ILE DES MORTS), qui interprète la tante de Kitty dans l’histoire et fait aussi office de narrateur ; idem pour Michael Pate et Lilian Bond, qui auront croisé l’immense Karloff, respectivement dans LE CHATEAU DE LA TERREUR et THE OLD DARK HOUSE.
THE MAZE débute de la meilleure des façons, plantant le décor dans ce château lugubre habité par de non moins sinistres personnages, William le majordome et Robert le domestique, conversant par énigmes. On devine que le maître des lieux est souffrant, mais le mystère plane, sans parler de l’étrange labyrinthe envahi par la végétation qui jouxte le château et qui semble revêtir une importance capitale.
La révélation finale pourra paraître quelque peu tirée par les cheveux, ou en tout cas saugrenue. Mais ce serait dommage de ne retenir que cette chute et l’explication des tenants et aboutissants de la malédiction, tels que rapportés par le dernier descendant des MacTeam à ses amis lors du final. Dans son ensemble, THE MAZE se place comme un film d’atmosphère de haute tenue, dans lequel les personnages se montrent tout à fait crédibles. De plus, Menzies fait de son personnage principal féminin la véritable héroïne de l’histoire, une femme forte et opiniâtre, déterminée à ne pas renoncer à son amour et à prendre tous les risques. Une bonne surprise de plus à mettre à l’actif de THE MAZE, qui méritait à coup sûr de sortir de l’oubli. Dernier point, le film fut tourné en 3D, mais ceci est vraiment anecdotique.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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