The Monster Squad

Un texte signé Nassim Ben Allal

Non, Fred Dekker n’est pas que ce cinéaste tant décrié pour avoir commis l’irréparable avec ROBOCOP 3. Fred Dekker n’est pas l’homme d’un seul film, aussi abominable soit-il, surtout eu égard de ses deux prédécesseurs. Débutant sa carrière par un scénario aujourd’hui devenu culte (HOUSE de Steve Miner), Dekker passe à la réalisation en 1986 avec le très sympathique EXTRA SANGSUES. Grand ami du scénariste Shane Black qui, à l’époque, vient tout juste de vendre un scénario intitulé L’ARME FATALE, Dekker lui propose de collaborer avec lui sur la réécriture d’un script, THE MONSTER SQUAD, trop onéreux pour ses producteurs. Et c’est ainsi que le projet adopte sa forme finale pour devenir ce film culte, tout autant vénéré que décrié par la communauté des fans de cinéma de genre.
Un groupe de copains d’une douzaine d’années, passionnés de cinéma d’horreur, ont monté un club dans une cabane perchée sur un arbre, le monster club, pour pouvoir discuter sans fin de leur centre d’intérêt. Mais lorsqu’ils se rendent compte que les plus grands monstres du cinéma, issus pour la plupart des productions Universal et emmenés par Dracula, ont envahi leur ville, eux seuls peuvent s’opposer à ce bestiaire. Armés de leur connaissances cinématographique et épaulés par un livre rédigé par Abraham Van Helsing, les gamins entrent en résistance…
21 ans après sa sortie, THE MONSTER CLUB apparaît plus que jamais comme une madeleine de Proust pour tout geek pré-ado à l’époque. Tourné dans la foulée des GOONIES de Richard Donner (avec lequel il partage la présence du réalisateur et chef-opérateur Peter Hyams à la production), ce film est un petit bijoux ne s’adressant pas forcément qu’aux enfants. Fort d’un scénario qui évite des les infantiliser, il offre même des séquences de pure trouille directement issues des trains fantômes les plus effrayants. En opposant deux groupes aux personnalités très fortes, les gamins et les monstres, Dekker propose un rêve un éveillé, un cauchemar dans lequel l’enfant prend le dessus et parvient à éliminer les monstres qui le terrorise. Récit initiatique du passage à l’âge adulte (en évitant toute palabre inutile, le film ne durant qu’une heure et quart, il va toujours droit à l’essentiel), THE MONSTER SQUAD permet ainsi à tout spectateur de s’identifier aux protagonistes principaux, ce qui fait sa force et lui permet d’être toujours aussi plaisant pour un adulte. Bourré de références et dopé par un humour bon enfant (la séquence où les gamins viennent à bout de la Momie, les coup de pied dans les testicules du Loup-Garou), ode à l’amitié sans jamais se prendre au sérieux, ce deuxième film de Fred Dekker est une véritable petite perle. Les dialogues ciselés portent la patte si agréablement reconnaissable de Shane Black, les effets spéciaux visuels de Richard Edlund ne cherchent pas à être réalistes mais à procurer des sensations cinématographiques pures (ce qui est très frais en ces temps de numérique photo-réaliste), tout comme les maquillages de Stan Winston (épaulé ici par Tom Woodruff Jr qui reprendra plus tard ceux de la saga ALIEN) grand fan des « creature feature » des années 1950 qui s’en donne à cœur joie dans le maquillage suranné.
Alors certes, on peut reprocher au film une histoire trop simple, un rythme parfois tellement rapide que les ellipses ne semblent pas réalisées au bons endroits, un casting limite (Dracula, ni classe ni réellement menaçant) et un manque flagrant de moyens, mais ces menus défauts importent peu par rapport au plaisir délivré par THE MONSTER SQUAD (par ailleurs tourné dans les mêmes décors que RETOUR VERS LE FUTUR…Proust, quand tu nous tient…).