Mauvais Genre 2016review

The Open

Les bombes sont tombées et soudainement, le monde a plongé dans une guerre totale. Ralph, récemment engagé dans l’armée, se réveille au milieu des Highlands, attaché à une chaise au milieu de nul part. Frappé par André, il se voit proposé de jouer contre Stéphanie au tennis. Mais pour André et Stéphanie, ce n’est pas juste une activité pour oublier les bombes. Le tennis est toute leur vie, et ils comptent bien mener, tous les deux, Stéphanie jusqu’à Rolland Garros afin qu’elle remporte le titre tant attendu. Bien malgré lui, Ralph se retrouve embarqué dans cette absurde aventure qui va se révéler d’une richesse inespérée.

Marc Lahore signe là son premier long métrage. THE OPEN est ce qu’on appelle un ovni. Mêlant le film de guerre au film de sport, la SF post-apo à un humour absurde, il nous donne à voir des gens jouant au tennis sans balle et sans corde sur leur raquettes. Il s’agit ici de croire. C’est la fin de BLOW UP pendant une heure quarante, c’est la séquence du théâtre dans UN MERVEILLEUX DIMANCHE de Kurosawa. Deux sportifs de haut niveau s’entraînant au milieu des Highlands pour faire du air tennis, c’est aussi absurde que poétique !

Si le film surprend au début, désoriente, et nous perturbe, c’est aussi qu’il nous amuse. Ces deux hurluberlus qui tiennent absolument à faire participer ce jeune soldat à un Rolland Garros improvisé dans les Highlands ont de quoi faire sourire. C’est ainsi qu’on perçoit au début la chose, comme de l’humour absurde à la Monty Python. Et puis, au fur et à mesure du film, les personnages très charismatiques et impeccablement joués par des acteurs de talents nous emportent dans leurs affects, leur histoire, leur tragédie.

Que faire quand la guerre a tout emporté, tout dévasté, pleurer, se rouler en boule, ou continuer, espérer, rêver ? C’est la question que posait déjà Kurosawa dans son film UN MERVEILLEUX DIMANCHE où il observait le japon post guerre, dévasté, en ruine, sans travail, sans perspective et sans avenir. Ici, nos héros rêvent aussi, à leur manière, avec le tennis, mais aussi avec la musique, quand Ralph tente de distraire Stéphanie devenue hystérique quand les piles de son walkman se sont vidées. Tout est bon pour oublier les bombes, les morts par milliers, et le monde en ruine.

Croire à la balle renvoyée par les cordes inexistantes de la raquette, c’est tout ce qui leur reste, cette foi inébranlable qui est portée d’abord par le coatch, André, campé par Pierre Benoist absolument génial dans le rôle de l’homme protecteur, mystérieux et indestructible à la fois qui créer cette sorte de famille sportive de substitution, et permet à nos survivants de s’en sortir dans ces terres isolées que bientôt la guerre rejoindra.

Incroyable premier film d’une poésie folle, très humaniste à sa façon, il souffre parfois de baisse de rythme, mais s’avère être, au bout du compte, une perle qu’on a envie de voir avoir une véritable vie en salle. À la manière de THE SURVIVALIST, il nous donne à voir de l’humanité là où il y en a plus, de l’espoir et de la vie, des personnages forts et attachants au milieu d’un futur désespérant.

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