retrospective

The Punisher

Les mafieux se font tuer un par un, jusqu’à ce qu’ils soient tellement affaiblis qu’une femme yakuza décide de prendre leur place. Le Punisher, responsable de cette situation, aurait bien laissé les criminels s’entre-tuer. Mais, en voyant que les yakuzas s’en prennent sans vergogne aux enfants des mafieux, il ne peut rester inactif et fait ce qu’il sait faire de mieux. Il les massacre.

Le Punisher est un héros de comic-book plutôt particulier, puisqu’il tue les criminels qu’il rencontre. Dénué de tout pouvoir magique, il possède un entraînement sans faille, un armement conséquent mais est dénué de toute pitié, faisant cependant attention à éviter les dommages collatéraux. Il a été adapté trois fois à l’écran (sans compter l’arrivée imminente du personnage dans la deuxième saison de la série Netflix « Daredevil »). Sa première apparition date donc de 1989, et c’est Mark Goldblatt qui s’en charge. L’homme n’est pas un réalisateur très prolifique (outre THE PUNISHER, il a mis en scène DEAD HEAT un an auparavant, et s’occupe en 1992 d’un épisode de série télévisée) et demande au grand Dolph Lundgren de prêter son physique impressionnant au personnage principal. La petite maison d’édition The ecstasy of films ressort ce film, qui avait été un peu perdu de vue, dans un coffret absolument magnifique, qui permet de réévaluer THE PUNISHER, tout en le comparant aux médiocres tentatives suivantes de s’approprier le personnage.

Revoir THE PUNISHER avec des yeux d’adultes, alors que son souvenir d’adolescent conserve la vision d’un film plutôt bourrin et raté permet d’avoir une énorme révélation, tant THE PUNISHER mérite d’être découvert ou re-découvert. Déjà, il s’agit sans doute du meilleur rôle de Dolph Lundgren, qui parvient à mettre en avant son physique impressionnant, mais aussi à dévoiler un jeu d’acteur très intéressant. Physiquement, Dolph Lundgren est très grand, et la réalisation le met véritablement en avant, en le positionnant à côté d’alliés plutôt petits, ou en le faisant déambuler dans les égouts, le forçant à baisser souvent la tête. Ainsi, Dolph Lundgren écrase de sa présence le film, et devient véritablement cet ange vengeur, qui étend son emprise sur la ville qu’il protège autant qu’il la terrifie. Ce côté impressionnant, quasi-mystique, explose lors de séquences d’actions nombreuses et sauvages, violentes, dans lesquelles le personnage laisse parler sa rage, mais dévoile aussi l’arsenal et les compétences propres au Punisher. Mais, quand il ne se bat pas, Dolph Lundgren apporte un côté désespéré, blessé au dernier degré, au personnage, ce qui le rend indifférent en apparence. Aucun autre acteur (et réalisateur) n’a su mettre cet aspect en avant dans les tentatives suivantes. Dolph Lundgren parle le moins possible, et, quand il s’exprime, c’est avec mépris et indifférence, et sa souffrance intérieure est perceptible dans chacun de ses acte, chacun de ses gestes. Elle se déploie véritablement lors de séquences de rêve, où il revit fréquemment le massacre de sa famille, ou alors qu’il est nu, dans les égouts, laissant ses voix intérieures le conforter dans sa mission. La réalisation, au service du personnage, brille alors d’une maestria sans faille qui sait mettre en avant les failles et la douleur de son anti-héros, se laissant parfois aller à quelques moments quasi-expérimentaux mais inoubliables, comme cette séquence où le Punisher roule dans les égouts en moto.
Le scénario est certes très classique, mais adapté au personnage, et n’essaie pas de l’édulcorer. Le Punisher est un tueur, certes ne s’en prenant qu’aux méchants, mais un tueur quand même, n’hésitant pas à massacrer ou à torturer s’il l’estime nécessaire. Cependant, la simplicité de l’histoire n’en oublie pas de déployer plusieurs thématiques, comme la recherche de vengeance (et à quel moment la vengeance ne devrait plus avoir lieu d’être et devient un massacre aveugle ?), mais aussi la protection de l’enfance (l’enlèvement des enfants mafieux faisant réagir le Punisher) et l’héritage pour les générations futures. En effet, le plus gros chef mafieux cache son statut de criminel à son fils, mais entend bien, un jour, lui laisser son royaume, et c’est pour cela que le Punisher doit mourir, pour ne pas qu’il affronte un jour l’enfant. Le Punisher, lui, entend vivre pour surveiller que le gamin ne devienne pas comme son père. THE PUNISHER est aussi très respectueux de l’ambiance japonaise des yakuzas, et met en avant la cruauté de leur chef, qui en devient aussi fascinante que belle et inoubliable, à travers même cette cruauté.
THE PUNISHER est donc au final un grand film, qui évite tout ennui grâce à de nombreuses scènes d’actions, aussi brutales qu’intéressantes, mais déploie de nombreuses qualités, qui font de ce métrage un des grands films d’action des années 80 et 90 et un véritable film de super-héros mâture, bien avant l’arrivée de pléthores de films du genre de ces dernières années. THE PUNISHER mérite d’être vu (et souvent réévalué) tant il déborde de superbes qualités.

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