Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1944 - Lew Landers
Interprètes : Bela Lugosi, Frieda Inescort, Nina Foch, Miles Mander

retrospective

The Return of the vampire

Production routinière mais sympathique, RETURN OF THE VAMPIRE marque surtout le retour de Bela Lugosi dans le rôle d’un vampire. Quoique pour toujours assimilé au personnage de Dracula, qu’il créa à l’écran sous la caméra de Tod Browning et joua un nombre incalculable de fois sur les planches, Bela Lugosi avait, par la suite, éviter de rejouer ce type de personnage. Si il incarna un mémorable « faux vampire » dans LA MARQUE DU VAMPIRE, une production MGM, ce RETURN OF THE VAMPIRE réalisé pour le compte de la Columbia marque son véritable retour à l’épouvante authentique. La compagnie marchait alors clairement sur les traces de sa rivale, la Universal, et proposait un métrage s’inspirant à la fois de DRACULA et du LOUP-GAROU.
En dépit d’une étoile ayant pâli, Lugosi revient dans le rôle d’un vampire dans la droite ligne de son célèbre Dracula. Néanmoins, le personnage précité étant la propriété de la Universal, Lugosi incarne cette fois le dénomme Armand Tesla, un spécialiste du vampirisme lui-même victime de la malédiction. L’intrigue débute à Londres, en 1918, alors que Tesla, aidé d’un serviteur loup-garou, Andreas qui veille sur son sommeil durant la journée, tente de détruire la famille du psychiatre William Saunders. Ce-dernier, en compagnie de son assistante, Lady Jane Ainsley (jouée par Frieda Inescort, aperçue dans TARZAN TROUVE UN FILS), parvient à planter le traditionnel et toujours efficace pieu dans le cœur du vampire, mettant fin à son règne de terreur. 25 ans plus tard, Saunders est mort et la Seconde Guerre Mondiale plonge Londres dans la peur des raids aériens. Lady Jane Ainsley a guéri Andreas de sa lycanthropie et prépare le futur mariage de son fils, John, avec la fille du professeur Saunders, Niki. Malheureusement, une bombe allemande détruit la sépulture de Tesla et deux fossoyeurs un peu niais retirent le pieu fiché dans le cœur du seigneur de la nuit, lequel revient à la vie ivre de vengeance. Assumant l’identité d’un scientifique résistant nommé Bruckner, le vampire s’introduit dans la propriété de Lady Ainsley, à nouveau aidé par le pauvre Andreas, retombé sous sa coupe et souffrant à nouveau de problème de pilosité.
THE RETURN OF THE VAMPIRE s’inspire de plusieurs réalisations antérieures, comme bien sûr DRACULA mais encore davantage de LA FILLE DE DRACULA et même du LOUP-GAROU. La grande originalité du métrage consiste toutefois à situer l’intrigue à l’époque moderne (celle où le film fut tourné) et d’inclure les craintes liées à la Seconde Guerre Mondiale dans le récit. De manière ironique on constate que l’aviation allemande est responsable de la résurrection du monstre, un sous-texte assez transparent et commun à plusieurs productions des années 40 proches de la propagande déguisée. Peu après, SON OF DRACULA ira encore plus loin en envisageant le vampirisme comme une parabole du nazisme sapant la force vive de l’Europe mais THE RETURN OF THE VAMPIRE innove déjà en pointant du doigt la Luftwaffe comme l’élément déclencheur de l’enfer sur terre.
Bela Lugosi, pour sa part, incarne le vampire avec son inimitable accent, sa prestance naturelle (toujours réelle en dépit de son âge – l’acteur ayant dépassé la soixantaine) et une ironie bienvenue compensant sa tendance naturelle au cabotinage, ici plutôt maîtrisée et efficace. Le reste de la distribution se montre également très à l’aise, en particulier la très convaincante Frieda Inescort dans le rôle de la dynamique Lady Ainsley. Les décors, eux, alternent l’univers gothique traditionnel (cimetières aux cryptes poussiéreuses et extérieurs brumeux) et les salons luxueux dans lesquels s’introduit sournoisement le Mal.
La séquence finale montre le loup-garou se retourner contre le vampire, le métrage ayant visiblement intégré l’idée d’un combat de monstre, dans l’esprit de FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU tourné l’année précédente. Le climax final décrit la décomposition de Tesla sous la lumière solaire, une séquence évidemment bien timide aujourd’hui mais ayant fortement impressionné les spectateurs de l’époque, au point qu’elle fut supprimée des copies anglaises.
Production de série B divertissante, courte (à peine 70 minutes) et rythmée, THE RETURN OF THE VAMPIRE ne cherche pas à s’élever plus haut que son sujet (un spectacle fantastique agréable ponctué d’un sous-texte légèrement propagandiste) mais saura contenter les nostalgiques. La réalisation du spécialiste du tournage expéditif Lew Landers (plus de 120 films en 20 ans !) se révèle en outre plutôt effective pour ce type de produit rapidement emballé. Bref, une œuvre très sympathique à redécouvrir pour les passionnés.


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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