The Spine of Night (2021) – aventure pour nostalgiques – Critique

Un texte signé André Quintaine

Vous aimez les œuvres de Frank Frazetta ? Réjouissez-vous, Philip Gelatt et Morgan Galen King se sont attachés à vous faire plaisir avec The Spine of Night.

Le tranquille peuple du marais est attaqué par les guerriers du roi. Ces derniers visent la tête : la sorcière Tzod, considérée comme le chef, qu’ils enlèvent et jettent dans un cachot. La jeune femme parvient à s’échapper en compagnie du sorcier Ghal-Sur. Mais oups, il fomentait en réalité une traîtrise… et la poignarde dans le dos. Dès leur rencontre dans les geôles du roi, il avait pour seul objectif de s’emparer de la source du pouvoir de la sorcière : la fleur magique. Dès lors, de violentes luttes de pouvoir vont secouer le pays.

The Spine of Night n’est pas seulement une déclaration d’amour à Frank Frazetta, l’un des plus importants illustrateurs de science-fiction et de fantasy. Ralph Bakshi est également honoré par les auteurs de The Spine of Night. Avec Tygra la glace et le feu, Les Sorciers de la guerre et Le seigneur des anneaux, Bakshi a profondément marqué la dark fantasy des années 70-80. Même Disney lui a emboîté le pas avec Taram et le Chaudron magique, jugé à l’époque beaucoup trop sombre pour le public habituel de la firme aux grandes oreilles.

The Spine of Night est également un film d’animation, réalisé en rotoscopie, procédé quelque peu archaïque où l’on filme des acteurs pour ensuite peindre le rendu. Avouons qu’avec ses douze images/seconde, The Spine of Night peut surprendre les personnes habituées aux derniers-nés des studios Pixar.

Mais en réalité, le travail proposé par Philip Gelatt et Morgan Galen King enchante dès les premières secondes, et justifie le travail fourni durant sept bonnes années.

Les arrière-plans sont dignes de peintures, magnifiques, et font rêver et voyager tous les amoureux du cycle d’Elric.

À l’inverse, les premiers plans sont bien moins détaillés et tranchent avec les superbes paysages. Ils servent principalement les personnages mais, en réalité, c’est globalement tout ce qui est en mouvement qui est mis au-devant. Dans l’animation, en général, seul le visage est animé lors des dialogues. Ici en revanche, on constate que tout bouge : jambes, bras, rides… Et tout est fluide, générant un effet réaliste et des visages expressifs.

Si l’on veut chipoter, on fera alors remarquer que l’ombrage n’est pas toujours assuré. Mais il faut vraiment y faire attention pour le voir.

Quoi qu’il en soit, le rendu est aussi sinistre qu’envoûtant, et toujours superbe. Différent de ce qui se fait actuellement.

Certains passages oniriques ou en flash-back sont en outre de toute beauté.

The Spine of Night est assurément une belle œuvre. D’autant plus qu’elle brille aussi par une composition généreuse, mélodique et vibrante. Le film bénéficie également des voix profondes de Rochard E. Grant et Lucy Lawless qui imprègnent le film d’une certaine solennité.

Ces éloges ne doivent pas cependant masquer une narration quelque peu chaotique… L’aventure s’étend sur plusieurs siècles et s’articule autour de nombreuses histoires reliées par des dialogues parfois obscurs entre la sorcière et le détenteur de la dernière fleur sur Terre… L’absence d’un héros se fait en outre sentir, pouvant générer une impression décousue. Le spectateur peut également ressentir l’impression générale que certains éléments n’ont pas toujours été exploités au maximum. Heureusement, le film dispose d’un méchant, bien présent lui, qui s’avère particulièrement impressionnant.

L’histoire ne joue finalement qu’un rôle secondaire. Ici, il s’agit bien plus d’émotions et de frissons, ainsi que de l’éternelle lutte du Bien contre le Mal.