Un texte signé André Cote

Norvège - 2010 - André Øvredal
Titres alternatifs : Trolljegeren
Interprètes : Otto Jespersen, Hans Morten Hansen, Tomas Alf Larsen, Johanna Mørck, Knut Nærum...

BIFFF 2011Gérardmer 2011review

The Troll Hunter

Des étudiants font un reportage sur un vieil homme mystérieux. En le suivant, ils vont découvrir que des créatures légendaires, les trolls, existent bel et bien et que le travail du vieil homme est de les traquer pour maintenir leur existence secrète.

Le postulat de TROLL HUNTER a de quoi rebuter nombre de cinéphiles car, après LE PROJET BLAIR WITCH, [REC] et autres CLOVERFIELD, le long-métrage d’André Øvredal vient aussi proposer un énième montage de «  bande vidéo et audio retrouvée par hasard » pour justifier un film entièrement tourné avec une caméra à l’épaule. En soi, ce procédé technique sert à ancrer la pellicule dans une logique de « perception de la réalité », puisque les mouvements désordonnés de l’image renvoient aux images de reportage que l’on voit dans les journaux télévisés. Reconnaissons-le, cependant, arriver après les films sus-cités sent un peu le réchauffé, d’autant plus que ces derniers en ont déjà démontré les limites.
En effet, d’un côté on constate la difficulté pour les scénaristes d’élaborer des sous-intrigues qui suivraient des personnages ne souhaitant pas la présence d’une caméra (pour respecter la logique du reportage) mais dont l’évolution permettrait de donner un intérêt supplémentaire à l’histoire. On pourrait citer les habitants de l’immeuble de [REC], réduits à de simples figurants, et dont le traitement des relations aurait peut-être pu donner une autre dimension au métrage. On remarque une autre difficulté, technique celle-ci, puisque la logique du documentaire pris sur le vif exclut d’office nombre de plans à vocation narrative, tels que des plans d’ensemble permettant d’appréhender la distance entre les personnages et le décor, et aussi des plans d’inserts servant souvent à introduire des éléments précédemment hors-champ.
Or, les scénaristes réussissent à tirer profit de leur postulat de manière satisfaisante. On passe ainsi du simple reportage sur un vieil ermite qui paraît un peu fou au premier abord, à la description de tout un univers insoupçonné. En effet, le chasseur de trolls est introduit d’une manière semblable à ses homologues chargés de tuer les vampires ou autres loups-garous dans les vieux films de la Hammer : des individus en marge de la société, peu causants, bourrus et blasés. L’enjeu du reportage est amené lors du premier rebondissement avec la capture d’un troll. Les étudiants sont alors confrontés à la réalité d’un univers qui était, pour eux, fictif. La scène suivante enfonce le clou en révélant l’existence d’une administration gérant cette chasse.
De plus, cette logique de reportage est crédibilisée par le soin des étudiants à effectuer des prises de vue spectaculaires. Ces derniers ont conscience que leurs images doivent être exploitables, ils se forcent ainsi à filmer avec le moins de tremblements possibles. De la sorte, on constate l’excellente qualité des effets spéciaux, qui nous offrent des créatures de toute beauté. En outre, les combats entre le chasseur et les trolls sont de véritables morceaux de bravoure.
Si l’on cherchait un bémol, cela viendrait justement de ce principe de « reportage », qui écarte toute éventualité d’intimité avec les personnages. Ceux-ci n’existent qu’au niveau du stéréotype (les étudiants se différencient par leur simple fonction, l’un est caméraman, l’autre preneur de son) ou, au mieux, au rang d’icône (le chasseur). Les scènes d’interviews essaient de contourner cette lacune, et de nombreux thèmes sont effleurés, comme la solitude du personnage ou ses relations sociales. Cependant, nous ne saurons rien des fêlures du personnage ou des étapes qu’il a traversées, ce qui aurait pu lui donner une profondeur supplémentaire.
Malgré la gageure de venir après [REC] ou CLOVERFIELD, le film d’André Øvredal parvient à être surprenant et jouissif. On ressort de TROLL HUNTER comme d’un tour dans les montagnes russes, le sourire aux lèvres et l’envie d’y retourner.

Retrouvez nos chroniques du BIFFF 2011.


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood


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