The Vanguard

Un texte signé Rodolphe Dumas

USA - 2008 - Matthew Hope
Interprètes : Ray Bullock Jr., Karen Admiraal, Jack Bailey, Emma Choy

En 2015, la surpopulation et l’épuisement des réserves de pétrole ont plongé le monde dans le chaos. Pour enrayer le phénomène, « la société » lance un programme de dépeuplement mais les scientifiques s’insurgent et, au lieu de décimer la population, le médicament qu’ils créent transforme les hommes en « biosyns », une espèce de zombie simiesque, et aveugle de surcroit. Mais les biosyns ne sont pas les seuls occupants de cette planète dévastée et chacun doit se battre pour survivre.

Nombreux sont les films nous plongeant dans un décor post-apocalyptique et, même si de vrais chefs d’œuvres peuplent le genre, les navets sont légions. Soyons clairs, concis et précis, THE VANGUARD fait parti de la deuxième catégorie. Chacun pourra toutefois y trouver un petit quelque chose et ce pour des raisons aussi diverses que variées mais probablement pas bonnes.

Rendons lui tout d’abord l’hommage qui lui est dû car THE VANGUARD a une vraie grande qualité : l’image. En effet, Matthew Hope, qui réalise ici son premier long métrage (après un court intitulé IN THE FIELD sorti en 2005), fait preuve d’une belle inspiration pour ce qui est des cadrages. De plus, l’utilisation des filtres et des couleurs est plutôt judicieuse. On passe ainsi de rouges oppressants à des jaunes brûlants avant de plonger dans des verts humides ou des bleus apaisants… la palette des émotions est de fait tout aussi variée puisqu’on ressent tantôt la sérénité d’une nuit fraîche (les bleus), tantôt la moiteur des vastes prairies (les verts) avant de devenir claustrophobe dans une forêt épaisse, étouffante et définitivement menaçante (les rouges et les jaunes).

Deuxième bon point du film qu’on peut souligner, les quelques fulgurances gores, totalement inutiles mais plutôt réussies. Les affrontements entre les biosyns et nos survivants sont assez brutaux, le sang gicle joliment, les biosyns se faisant joyeusement dépecer à la mini hache ou empaler sur un bambou. Les effets sont bien réalisés dans l’ensemble, le seul petit bémol à ce niveau là étant les maquillages des biosyns : leurs veines, supposées saillantes, semblent avoir été dessinés sur la peau des figurants avec un marqueur… on a vu plus crédible. Mais ceci n’est qu’un détail dans le grand n’importe quoi ambiant, une goutte d’eau dans un océan d’aberrations…

Soulignons le à nouveau, Matthew Hope sait utiliser une caméra et se fait même presque inventif dans certains cadrages. Malheureusement, son talent de scénariste reste à démontrer (il a pourtant déjà exercé sa plume sur 2 longs métrages avant de se consacrer au IN THE FIELD précédemment cité). Le scénario cumule donc les incohérences et les trous dont le plus béant est l’oubli pur et simple d’un quelconque enjeu au profit d’une action ridicule et totalement décousue. Outre son esthétique plutôt réussie, THE VANGUARD reste une espèce d’énorme fourre-tout et le subir dans son intégralité renverra inévitablement les cerveaux à la dérive vers divers autres films. Si les plus paresseux (ou les plus assomés) penseront uniquement aux MAD MAX de George Miller, les plus exigeants en matière de bis foireux trouveront plus aisément des liens de parentés avec le CYBORG de Albert Pyun, non pas pour ses combats (Van Damme ne faisant pas partie du casting pourtant gratiné de THE VANGUARD) mais pour le côté carrément cheap des situations. Niveau combats justement, leur côté bestial ainsi que le cadre champêtre peuvent nous ramener vers DOWN TO HELL et VERSUS de Ryuhei Kitamura. Pour ce qui est des bondissants biosyns, c’est de 2 choses l’une : soit ils rappelleront les zombies agressifs des 28 JOURS/SEMAINES PLUS TARD de Danny Boyle et Juan Carlos Fresnadillo, soit ils amèneront à l’esprit l’image de ce bon vieux Tigrou sautillant entre les arbres du pays des rêves bleus. Mais ce n’est pas ce seul détail qui titillera notre fibre enfantine, elle pourra aussi vibrer devant le côté « colonies de vacances » de l’ensemble. On n’oserait émettre l’hypothèse que les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain ou même le SCOUT TOUJOURS de Jugnot aient inspiré Matthew Hope d’une quelconque manière, mais force est de constater que l’action dans THE VANGUARD, c’est à 95% crapahuter dans les bois, se cacher dans les fougères, faire pipi sur un arbre (et, accessoirement, sur un biosyn), faire du vélo (il n’y a plus de pétrole, notre héro se déplace donc à bicyclette… pour le coup, on gagne en cohérence, certes, mais le sérieux prend une vilaine claque par la même occasion !!), chasser, pêcher et dormir à la belle étoile… Youkaïdi youkaïada !! Quant au 5% restant, c’est quelques combats réussis donc et… et quoi d’ailleurs ?


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- Article rédigé par : Rodolphe Dumas

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