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The wizard of gore

Depuis que les remakes sont de nouveaux à la mode (une constante cyclique hollywoodienne), aucun artisan du cinéma genre, qu’il soit majeur ou mineur, ne voit son œuvre reposer en paix, veillée avec un grand soin et respect par sa communauté de fan. Ainsi, Hershell Gordon Lewis, « inventeur » du gore, ou du moins tenancier très malin de Drive-In, voit encore une fois un de ses opus être remis au goût du jour, deux ans après que son 2000 MANIACS ne soit devenu 2001 MANIACS. Trente-sept après sa sortie, THE WIZARD OF GORE revient faire parler de lui, par le biais d’une mise à jour signée d’un jeune passionné, plus connu pour son travail de monteur de making-of que de réalisateur.
Montag le Magnifique est un illusionniste évoluant dans les milieux néo-branchés-underground de Los Angeles. Son spectacle, gore à souhait, est d’autant plus effrayant par la simplicité de son procédé : à chaque représentation, il choisit une jeune spectatrice, la fait monter sur scène et, derrière un cadre quasiment transparent, lui fait subir les pires tortures dans une furie des plus réalistes. Et comme par miracle, à la fin de la séance, la jeune femme redescend dans le public, totalement indemne. La curiosité piquée au vif par ce curieux spectacle, le jeune reporter Edmund Bigelow décide de rencontrer l’illusionniste. Mais lorsque dans le même temps, les jeunes « victimes » de Montag, décèdent réellement des mêmes blessures que celles infligées durant le spectacle, le reportage du journaliste va glisser vers le cauchemar.
Réunissant dans son casting de réjouissantes trognes (Crispin Glover dans le rôle de Montag, mais aussi, Jeffrey Combs et Brad Dourif), le film de Jeremy Kasten affiche une esthétique étonnante, à la limite de l’uchronie. Ainsi, le journaliste joué par Kip Pardue (aperçu dans les séries DOCTEUR HOUSE et URGENCES ainsi que dans le très recommandable direct-to-dvd STAG NIGHT) évolue dans un univers et une atmosphère qui rappellent les années 1950, sans parler de son look, totalement emprunté à Clark Kent, alors que l’intrigue se déroule de nos jours. Ce parti pris, ainsi que les effets spéciaux saisissants de réalisme, sont les meilleures surprises de ce film. Au-delà de ces deux aspects, THE WIZARD OF GORE s’avère être une vraie déconvenue, même si on n’en attendait pas forcément grand-chose. Le film s’en sort donc formellement (encore que certaines transitions et autres effets censées évoquer les remous psychologiques du reporter demeurent assez confus), tout comme les comédiens qui livrent chacun leur tour une vraie performance, même Cripsin Glover dont la tendance naturelle au cabotinage est ici à la fois nécessaire et bien mise en valeur. Principal soucis du métrage, donc, son scénario, la plupart du temps ronflant et parfois, malheureusement indigent. Artificiellement tortueux alors que le spectateur se doute de ses tenants et aboutissants, il s’embarrasse inutilement de scènes faussement explicatives qui n’ont pour seul fonction de brouiller les pistes alors que le besoin ne s’en fait pas vraiment sentir.
Au final, THE WIZARD OF GORE s’avère être un petit film visuellement soigné dont l’esthétique un brin trop étrange met une distance entre le spectateur et l’objet, ce qui n’arrange pas le visionnage puisqu’il coupe net toute tentative d’identification.
Reste la joie de retrouver des comédiens solides, une ambiance trouble et quelques demoiselles gentiment topless.

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