review

The Woods

Depuis la réussite de son premier film (MAY-2002) Lucky McKee compte aux yeux des «fantasticophiles» qui voient en lui une bonne raison d’espérer en un avenir radieux. En conjuguant son amour nostalgique du cinéma Bis (les références à Dario Argento abondent dans MAY) et son propre style, il est parvenu à se singulariser dans la masse des nouveautés. Preuve de son accession rapide au rang de grand espoir, il s’est vu confier la réalisation d’un épisode de l’inégale série des MASTERS OF HORROR, aux côtés de personnages illustres tels que Takeshi Miike, John Carpenter ou bien encore Tobe Hooper. Son second film, THE WOODS, commençait à faire figure de serpent de mer – tout le monde en parlait mais personne ne l’avait vu ni ne savait s’il serait finalement visible un jour – quand enfin il nous parvient. Déjà, découvrir cette bonne bouille de Bruce Campbell (avec Emma Campbell, son épouse à la ville comme à l’écran) dès les premières images provoque un sentiment d’aise propre à tout amoureux du genre. Il incarne le père de l’héroïne, une jeune fille intégrant un pensionnat perdu au milieu des bois… Le scénario de David Ross fait un gros clin d’oeil au SUSPIRIA (1977) d’Argento en situant le cadre de l’action dans un lieu similaire, empreint de sorcellerie. Mais l’analogie s’arrête là : THE WOODS trace son propre sillon dans le terreau du genre. Evidemment, il s’en passe de drôles dans ce pensionnat. Forcément toutes les camarades de chambrée ne sont pas des saintes ; oui les bois sont inquiétants ; le vent qui souffle dans les branches fait monter notre trouillomètre…
Rien d’original, non, mais Lucky McKee maîtrise parfaitement son sujet et fait montre d’un savoir faire certain pour mettre en images son histoire : travellings, découpage soigné, plans séquence fluides. Il prouve, si c’était encore nécessaire, qu’il sait réaliser avec brio une oeuvre fantastique.
Agnes Bruckner, dans le rôle de Heather, pensionnaire contre son gré (sa mère insiste pour qu’elle étudie là bas) de cette école très particulière, s’en sort à merveille. Son visage alliant candeur juvénile et moue boudeuse correspond parfaitement à l’imagerie 60’s du film.
Amateurs de jeunes demoiselles en déshabillés vaporeux, érotomanes friands de rondeurs féminines, passez votre chemin, car même les vêtements nocturnes de ces étudiantes sont prudes, pires qu’au couvent. Signalons qu’il n’y a également ni scènes de douche, ni érotisme saphique à la veillée. Non, le propos de McKee est ailleurs : plus soft, plus discret, plus fantasmatique – comme ces voix soupirant (suspîria?) depuis les bois, ces bruissements de feuillages, ces échanges de regards…
Le final, purement fantastique, révèlera définitivement le secret de ce pensionnat et lèvera le voile sur la rationalité du propos. Lucky McKee cède même aux effets spéciaux dans une séquence rappelant furieusement THE EVIL DEAD (1981) (tiens, tiens…). Il ne tombe pourtant pas dans le grand-guignol et conclut son long métrage par la marche au petit matin des rescapés. Le tout sur fond musical typiquement années soixante, comme l’ensemble de ce film, petite douceur à déguster sans modération. On a bien fait d’attendre.

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