review

The wretched

Oh my god, il y a quelque chose qui cloche velu chez les voisins !…
C’est sur ce postulat maintes fois éprouvé par le cinéma anglo-saxon, et son cinéma de genre en particulier, que l’histoire de THE WRETCHED choisit de poser ses bases.

Le sociologue de comptoir qui sommeille en nous verra volontiers poindre une critique récurrente d’une société ou le voisinage se voudrait empreint d’une transparence lisse et cordiale, alors que derrière les perrons et les portes d’entrée les adultes se laissent aller à leurs passions et à des actes coupables en délaissant leur progéniture. Vérité occultée généralement mise en lumière par un adolescent solitaire, un rien perturbé, voire déviant aux yeux de ces mêmes adultes. SOCIETY de Yuzna, pour ne citer que celui là, avait déjà brillamment arpenté ce terrain.

L’adolescent ici s’appelle Ben. Sa mère l’expédie pour l’été chez son père, Liam, qui gère un petit port de plaisance où Ben est censé retrouver le droit chemin grâce aux vertus du travail. On apprend en effet petit à petit qu’il s’est introduit chez des voisins dans le but de les cambrioler. Quoi donc de mieux pour lui qu’un job estival et une salutaire mise au vert ? Déjà passablement contrarié par la séparation de ses parents, Ben va porter son attention et sa curiosité sur ses nouveaux voisins, la jolie Abbie et sa petite famille, fraichement installés en face de la maison de Liam. C’est muni d’une paire de jumelles qu’il va progressivement assister à la prise de contrôle de la famille par une créature maléfique née de la forêt environnante. Emprise qui lui sera confirmée par Dylon, le propre fils d’Abbie qui quant à elle laisse transparaitre des comportements de plus en plus inquiétants. D’autant plus inquiétants que son mari affirme également à Ben ne jamais avoir eu d’enfants…

Une fois la vision de THE WRETCHED achevée, on se dit que le métrage avait tout pour constituer un très bon teen-movie horrifique, mais que l’accumulation de poncifs et de références gérée de manière brouillonne vient hélas en partie torpiller l’entreprise. Le manque d’audace en ce qui concerne l’horreur et la terreur aussi, d’ailleurs… Quand bien même sa bande annonce met en avant le fait que Variety ait trouvé le film « Joyeusement hitchcockien », le bras plâtré de Ben et une paire de jumelles ne restent après tout que de simples gimmicks. Ce n’est pas non plus le soupçon de DONNIE DARKO qui le saupoudre qui en relève suffisamment la saveur.

Le duo d’enquêteurs que Ben constitue avec Mallaury, également employée par son père et avec laquelle il entretient un flirt est certes sympathique, mais les révélations sur la créature via des recherches sur internet et Witchipedia (il fallait oser) font quelque peu sombrer la chose dans le ridicule, alors qu’un prologue situé dans les années 80 (qui pour le coup tombe à plat…) nous faisait saliver quant à un possible développement autour d’une mythologie païenne entourant celle « qui se nourrit des oubliés », ce que THE BLAIR WITCH PROJECT avait réussi, sans trop forcer non plus. Une entité sylvestre au demeurant plutôt esthétiquement réussie, une tanière glauque et putride dans des racines et une vague rune nous laissent en définitive sur notre faim.

Sans parler des incohérences du scénario que l’on sent empilées dès le début afin de nous mener à une inévitable surprise à l’approche de la fin – une scène du début du film où Ben est seul dans le bus qui le mène vers son père devrait mettre la puce à l’oreille de bon nombre de spectateurs… – lacune d’autant plus criante que la tiédeur dans laquelle baigne le film nous dissuade définitivement de bien vouloir prendre notre vessie pour une lanterne.

Le succès de THE WRETCHED s’explique bel et bien par son ciblage sur un public adolescent qui par ailleurs s’est retrouvé relativement sevré de sa dose d’horreur en salles ces derniers mois, et pour cause… On le regardera sans déplaisir aucun, mais il ne nous laissera probablement pas de souvenirs marquants, ce qu’une durée et une structure un peu mieux pensées lui auraient peut être permis de faire.

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