Un texte signé Nassim Ben Allal

USA - 2005 - Alexander Bulkley
Interprètes : Justin Chambers, Robin Tunney, Rory Culkin, Philip Baker Hall

review

The Zodiac

Si depuis LE SILENCE DES AGNEAUX les tueurs en série on déferlé sur le cinéma américain et continuent régulièrement à refaire surface (et de plus en plus à la télévision), le tueur du Zodiac est un cas un peu à part.
S’il a inspiré le personnage de Scorpio, tueur fou recherché (et abattu) par Clint Eastwood dans L’INSPECTEUR HARRY, le Zodiac n’avait jusqu’aux années 2000, pas vraiment donné signe de vie sur pellicule à l’exception d’un obscur THE ZODIAC KILLER datant de 1971.
Depuis, c’est l’emballement. Le coup d’envoi a été donné par Uli Lommel (cinéaste spécialisé depuis quelques films dans le serial killer) et son ZODIAC KILLER. Et en attendant le prochain film de David Fincher sur le même sujet, voici THE ZODIAC, nouvelle variation sur ce cas jamais résolu.
Premier film d’Alexander Bulkley, THE ZODIAC s’inscrit dans une lignée à la construction relativement classique de films d’enquête.
San Francisco, 20 décembre 1968. Deux jeunes amoureux s’embrassent à l’avant d’une voiture garée à l’abri des regards indiscrets sur les hauteurs de la ville. Un autre véhicule surgit derrière eux, plein phare. Un homme en descend, contourne la voiture et abat le jeune homme. La jeune femme parvient à sortir mais elle est tuée au bout de quelques pas.
L’affaire du Zodiac commence.
Confiée au jeune sergent Matt Parish, l’enquête va rapidement tourner à l’obsession, entre la promesse qu’il fait aux parents des victimes de retrouver l’assassin et sa volonté de rendre justice, quitte à mettre son mariage en péril. Devant les tourments paternels, son fils Johnny âgé de 12 ans va lui aussi tenter de percer le secret du meurtrier…
Et lorsque le Zodiac entre en contact avec la police par le biais d’énigmes envoyées par la poste, les choses se corsent.
Hantée par la voix posée d’un tueur aussi implacable qu’insaisissable, l’enquête de Matt Parish est menée tambour battant, rythmée par un compte à rebours mortel. Habilement mis en scène malgré une esthétique télévisuelle, le Zodiac devient petit à petit un croquemitaine dont les apparitions, dramatisées sans pour autant trop jouer sur les effets, parviennent peu à peu à créer un sentiment de malaise voire, au final, de peur.
Sobre et en aucun cas voyeuriste, la réalisation très maîtrisée parvient à éviter de nombreux écueils. Ici, pas d’effusions de sang ni de gros plans grand-guignolesques mais plutôt une distanciation et une froideur cérébrale dans le filmage des assassinats, toujours menés du point de vue radical du tueur.
Mêlant efficacement faits réels (tout ce qui concerne le tueur) et fiction (le flic et sa vie privée), le film fonctionne en jouant sur les codes établis du film policier tout en offrant la part belle à la psychologie des personnages et en montrant l’envers du décor, à savoir les répercussions d’une enquête tortueuse sur la famille d’un flic.
Robin Tunney campe à merveille une femme déchirée entre la volonté de voir son mari réussir et celle d’une épouse aspirant à une vie calme auprès d’un époux toujours disponible.
Leur fils Johnny, interprété par Rory, le frère de Macaulay Culkin, dont il est le sosie dépressif, apporte une dimension supplémentaire au film en tentant d’aider un père paumé auquel il s’identifie pleinement.
En ancrant leur récit dans l’histoire américaine contemporaine (beaucoup de références sont faites aux émeutes raciales des états du sud, au premier pas sur la Lune et à l’affaire Manson), Alexander Bulkley et son frère Kelley (ici co-scénariste) font de la figure du tueur en série l’incarnation des peurs collectives, de cet ennemi frappant aveuglement sur le territoire et qui pourrait être monsieur tout le monde.
Petit thriller par les moyens mis en œuvre par la production, THE ZODIAC a tout de la série B nerveuse, pensée et réfléchie, conçue pour faire passer un bon moment au spectateur.
Sans être révolutionnaire, ce film mérite amplement le coup d’œil et agit comme une sorte de teaser pour le film de David Fincher, tout simplement intitulé…ZODIAC.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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