Tiger On Beat

Un texte signé Jérôme Pottier

HK - 1988 - Liu Chia-Lang
Titres alternatifs : Tiger On The Beat
Interprètes : Chow Yun-Fat, Conan Lee, Nina Lee, Ti Lung, David Chiang, Gordon Liu, Shirley Ng, James Wong

Dans les années 80, Liu Chia-Lang révolutionne le film d’arts martiaux avec son style de réalisation tout à fait unique. En effet, ce descendant du légendaire Wong Fei-Hung (auquel de nombreux classiques sont consacrés tel IL ETAIT UNE FOIS EN CHINE de Tsui Hark avec Jet Li en1991) privilégie les longs plans séquences, les combats à arme réelle et sans coupe au montage ; ce qui procure une sensation unique d’immersion au sein de l’action pour le spectateur. Après la trilogie de LA 36IEME CHAMBRE DE SHAOLIN, qui starifie Gordon Liu, ainsi que LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN, qui révèle Jet li (1986), Liu Chia-Lang s’offre une parenthèse orientée vers le thriller avec deux films singuliers : MAD MISSION 5 (1989) et TIGER ON BEAT (1988).

Dans TIGER ON BEAT, Francis Li est un sergent de police un peu à part, dragueur invétéré, aussi courageux que couard, il est ce que l’on pourrait appeler un « cas ». On lui adjoint un coéquipier survolté avec lequel il y a, règle du « buddy movie » oblige, de l’eau dans le gaz. Nos Dupond(t) hongkongais enquêtent sur un meurtre, ce qui va les mener sur la piste d’un dangereux trafiquant de drogue…

Cette pelloche est vraiment une œuvre à part dans la filmographie du grand Liu Chia-Lang. En effet, il signe ici un véritable film Bis digne d’une des bobines les plus barrées du grand Enzo G. Castellari : THE BIG RACKET (1976). TIGER ON BEAT met en scène une première partie aux gags alambiqués voire consternants. Puis, le film s’enfonce dans la violence et se clôt par un final dantesque avec une baston à la tronçonneuse. On retrouve, durant cette scène, la patte du réalisateur, l’affrontement « tranchant » est d’une véracité à couper le souffle. Il faut dire que Liu Chia-Lang s’appuie sur un casting hors pair pour servir son scénario foutraque.

Chow Yun-Fat, qui campe Francis Li, cabotine encore plus qu’un loup échappé d’un cartoon de Tex Avery qui aurait vu une affolante pin-up. Il en fait quinze tonnes, dans la grande tradition de l’humour local, les fans apprécieront. Chow Yun-Fat sort, à l’époque, du deuxième SYNDICAT DU CRIME (John Woo-1987), qui l’a consacré vedette du polar, avant d’être définitivement starifié en Alain Delon asiatique l’année suivante dans THE KILLER (toujours de John Woo). Aujourd’hui, ce grand monsieur du cinéma asiatique cachetonne dans des daubes made in USA comme DRAGONBALL EVOLUTION (James Wong-2009).
Son second est campé par Conan Lee, assez peu connu, il est apparu dans quelques mauvais films ricains dont L’ARME FATALE 4 (Richard Donner-1998) avant de se tourner vers les séries télévisées (NUMB3RS par exemple).
Dans le reste de la distribution, on retrouve avec plaisir quelques stakhanovistes comme David Chiang, interprète de classiques comme LE SABREUR SOLITAIRE (Chang Cheh-1969), et son inséparable acolyte Ti-Lung, autre acteur fétiche du réalisateur de la trilogie du SABREUR MANCHOT ; ces deux loustics tournèrent chacun dans plus de 100 films.
Et puis, une autre légende complète ce casting, l’inséparable partenaire de Liu Chia-Lang, Gordon Liu, un acteur hilarant aux capacités physiques déconcertantes que bon nombre de cinéphiles « Téléramesques » ont découvert virevoltant, malgré ses presque 60 ans, dans les deux KILL BILL (réalisé par Quentin Tarantino en 2003-2004, un cinéaste devenu « Téléramesque » depuis qu’il fait des films chiants). Alors que le bonhomme enchante les cinéphiles depuis bien longtemps avec des réussites comme LES ARTS MARTIAUX DE SHAOLIN version Chang Cheh (1974) en passant par la trilogie de LA 36IEME CHAMBRE DE SHAOLIN.

Cette équipe de solides gaillards s’affaire autour d’un scénario débilitant (Chow Yun-Fat va jusqu’à se « pisser dessus » dans une scène affligeante) qui fait de TIGER ON BEAT une joyeuseté Bis : le spectateur se fout du script, seules comptent les scènes d’action qui ne cessent de monter en pression jusqu’à un final d’anthologie ; décidément, quelle carrière que celle de Liu Chia-Lang !


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- Article rédigé par : Jérôme Pottier

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