retrospective

Time Demon 2

Simple figurant, le ringard mais sympathique Jack Gomez a enfin pu accéder à son rêve le plus fou : devenir une vedette de cinéma dans des productions bis. Il a trouvé un public de connaisseurs suffisant pour qu’il accède à la notoriété, mais l’ivresse du succès va bientôt lui donner la gueule de bois. Dans un premier temps, une admiratrice prénommée Pamela lui fait les yeux doux, pour ne pas dire du rentre dedans. Il s’en suit des ébats passionnés qui sont immortalisés par l’appareil photo d’un complice de la jeune femme. Gomez s’est fait piéger, les clichés laissant croire qu’il a maltraité la perfide Pamela. Le voilà renvoyé des plateaux par la production. Sur le carreau, il se trouve alors embringué dans une sale histoire, à la suite d’une rencontre avec une employée de la firme Nippon Vision, Clara. Celle-ci, ingénieur dans la société en question, vient de mettre au point avec une équipe de chercheurs un procédé révolutionnaire permettant de regarder la télévision sans écran, en utilisant le réseau synaptique. Hélas pour elle, sa curiosité à attiré l’inimitié de son patron, l’implacable Mitsuhirato. Ce dernier envisage en effet d’utiliser cette invention à des fins personnelles, afin d’accroître sa puissance, quitte à provoquer la mort de milliers de personnes. Dans sa quête, le boss de Nippon Vision est assisté d’une cohorte de tueurs sans scrupules. Ce qui ne va pas empêcher Jack Gomez de se mettre en travers de sa route…
Quelques années après TIME DEMON, Richard J. Thomson décide de mettre en chantier une suite, reprenant les thèmes qui lui sont chers, avec l’aide de ses proches collaborateurs et de ses acteurs attitrés. TIME DEMON 2, comme la plupart des films du réalisateur, faillit bien ne jamais voir le jour. Le tournage débuta en 1998, le montage fut achevé en 2001 et le mixage ne put se faire qu’en 2002. De ce fait, il y eut un important turnover au sein de l’équipe, ce qui compliqua encore plus les choses. Pour couronner le tout, faute de soutien financier et de reconnaissance, TIME DEMON 2 ne fut jamais distribué, ni même commercialisé par le biais de la vidéo.
Le film, en lui-même, se veut encore un hommage à l’un des films cultes de Thomson, LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN, de John Carpenter. Aussi ne sera-t-on pas étonné que le titre secondaire du film de Thomson soit DANS LES GRIFFES DU SAMOURAI. Jack Gomez fait donc son retour, toujours sous les traits de Laurent Dallias, complice du metteur en scène. Il n’est d’ailleurs pas le seul à rempiler dans un long métrage de Thomson, puisque plusieurs protagonistes de JURASSIC TRASH sont de la partie, notamment l’excellent Dominick Breuil qui poursuit dans le registre de personnages à l’accent outrancier. Après le colonel allemand du premier opus, il incarne cette fois un journaliste anglais tout aussi déjanté (n’oublions pas, non plus, sa prestation mémorable de scout intégriste dans JURASSIC TRASH).
Au rayon des hardeuses, indispensables dans tout bon film de Richard J. Thomson, Elodie et Coralie ne sont plus là, mais le cinéaste a pu compter sur la présence de Véronique Lefay (actrice et productrice de films X). Elle assure de ce fait le côté sexy du film, dans le rôle d’une tortionnaire aux ordres du méchant. A ce propos, le patron de Nippon Vision a pour nom Mitsuhirato, autre clin d’œil du cinéaste, cette fois à la bande dessinée « Le Lotus bleu » (Mitsuhirato étant un trafiquant d’opium japonais cherchant à tuer Tintin).
Bien que conçu comme une suite à TIME DEMON, ce second volet apparaît plus édulcoré tant au niveau du sexe que du gore. Par contre, Richard J. Thomson n’a pas hésité à forcer le trait de l’humour potache, une tendance qu’il avait déjà développé dans son film précédent (JURASSIC TRASH). Comme de surcroît, TIME DEMON 2 frôle les deux heures, il en résulte que le film souffre parfois d’homogénéité, hésitant entre la comédie et l’action.
Le jeu de certains acteurs frôle évidemment l’amateurisme, mais on sent pourtant que Richard J. Thomson est un cinéaste doué, et qu’il serait capable de beaucoup mieux si on lui en donnait les moyens. Malgré tout, le film se regarde comme un pur divertissement, dans lequel tout est possible, depuis la poursuite entre un 4X4 et une vespa jusqu’à la fusillade dans une supérette, en passant par un tueur zozotant déguisé en danseur de flamenco, sans oublier l’armure de samouraï du grand méchant probablement récupérée dans une boutique de farces et attrapes.
Dix ans plus tard, Richard J. Thomson est toujours là, fourmillant plus que jamais d’idées et de projets. Parmi ceux-ci figurent BLOODY FLOWERS, dans le milieu du snuff-movie (avec Amanda Lear au casting !), et EJECT, parodie de REC ayant pour cadre une maison close.
Du cinéma décalé en perspective, qui ne demande qu’à voir le jour. Alors, messieurs les producteurs, distributeurs et autres financiers, faites un bon geste, aidez enfin Richard J. Thomson à concrétiser ses projets. Une telle ténacité mérite vraiment d’être récompensée.

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